Retour à l'UA, tournée royale en Afrique, apaisement avec l'Afrique du Sud… l'année 2017 a été chargée en événements marquants pour le Maroc. «Home sweet home» Le Maroc a commencé l'année 2017 de la plus belle des manières, voyant sa demande d'adhésion à l'Union africaine acceptée le 30 janvier. Après l'avoir quittée en 1984, le royaume réintégrait donc sa famille institutionnelle, dont il est l'un des fondateurs. Une trop longue absence que le roi Mohammed VI a évoquée, avec émotion, dans son discours prononcé le lendemain, mardi 31 janvier, devant le sommet des chefs d'Etat de l'UA: «Il est beau le jour où l'on rentre chez soi, après une trop longue absence! Il est beau, le jour où l'on porte son cœur vers le foyer aimé!»
Tournée africaine: acte II Sans attendre que l'euphorie d'avoir retrouvé l'UA retombe, le roi Mohammed VI a entamé la seconde partie du périple qui l'avait mené dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne en 2016. Cette fois-ci, les pays visés sont le Ghana, le Mali, la Guinée, le Kenya, la Zambie, et la Côte d'Ivoire. L'étape malienne a été annulée, mais une délégation conduite par le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir El Majidi, s'est rendue à Bamako le 23 février pour inaugurer la clinique prénatale «Mohammed VI». Par ailleurs, avant d'entamer sa tournée continentale, le roi Mohammed VI a effectué le 1er février une visite de trois jours au Soudan du Sud, séjour durant lequel il a fait un don de 267,5 tonnes de denrées alimentaires.
Main dans la main avec le Nigéria 2017 a été un tournant dans l'évolution des relations entre le nouveau champion africain et la première puissance économique du continent. Le roi Mohammed VI a présidé, le 15 mai à Rabat, la cérémonie de signature de deux accords majeurs. Le premier concerne le projet du gazoduc qui traversera toute la côte ouest-africaine pour relier le Nigéria et l'Europe via le Maroc. Il permettra au géant pétrolier nigérian, et les futurs producteurs (Côte d'Ivoire, Ghana, etc.) d'exporter leur or noir sur le Vieux continent. Le second accord concerne la coopération dans le domaine des engrais. En, effet, l'OCP et le milliardaire Aliko Dangote avaient annoncé, la veille, un investissement croisé pour le lancement d'une importante plateforme de production de fertilisants au Nigéria, alimentée par le phosphate marocain et le gaz nigérian, ainsi qu'une unité de fabrication d'acide phosphorique à Jorf Lasfar, au Maroc. Coût global: 2,5 milliards de dollars.
Cedeao, ce nouvel eldorado Le retour à l'UA en poche, le Maroc veut rejoindre une autre organisation du continent: la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). A cette fin, Rabat a fait part, le 24 février, à l'ex-présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, alors à la tête de la Cedeao, de sa «volonté d'adhérer à l'organisation régionale en tant que membre à part entière». Et ce projet, qui permettra aux opérateurs nationaux d'accéder à un marché de 350 millions de consommateurs, est sur la bonne voie, après l'obtention de l'accord de principe de l'organisation régionale en juin. Le 16 décembre dernier, la session ordinaire de la Cedeao a mis en place un comité composé des présidents togolais, ivoirien, ghanéen, guinéen et nigérian pour étudier la demande d'adhésion du Maroc.
Le Maroc ne va plus laisser la chaise vide Le 29 novembre dernier, le monde entier a vu pour la première fois le roi Mohammed VI et le chef du Front Polisario Brahim Ghali dans la même salle, aux côtés de leurs délégations respectives. C'était lors du 5e sommet UA-UE, à Abidjan. A ce sujet, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a expliqué que «le Maroc a adopté une approche offensive consistant à ne plus laisser la chaise vide. (...) Il ne faut plus laisser les ennemis avancer et décider». Le royaume a donc décidé d'abandonner son ancienne politique de ne pas participer aux rencontres où se trouvent le mouvement séparatiste et ses détracteurs. «Le combat se déroule désormais à l'UA, seul terrain restant à la RASD. Le Maroc ne sera plus incommodé et continuera son offensive», a insisté Bourita.
Vers un apaisement avec l'Afrique du Sud Le 5e sommet UA-UE a également été le théâtre d'une rencontre qui a en a étonné plus d'un. Le roi Mohammed VI s'est entretenu, en marge des travaux du sommet, avec le président sud-africain Jacob Zuma. Les deux chefs d'Etat ont alors convenu de travailler ensemble, main dans la main, pour se projeter dans un avenir prometteur, ainsi que de maintenir un contact direct et de se lancer dans un partenariat économique et politique fécond. Dans cette intention de dépasser l'état qui caractérise les relations bilatérales depuis des décennies, Mohammed VI et Zuma ont également décidé de désigner prochainement des ambassadeurs de haut niveau à Rabat comme à Pretoria. Le rapprochement entre les deux puissances économiques situées respectivement à l'extrême nord et l'extrême sud du continent est bel et bien entamé.
Maroc l'Africain Cette année, le Maroc a reconduit l'opération de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur son territoire. L'opération, qui prend fin ce dimanche 31 décembre 2017, a permis de recueillir à fin novembre dernier 25.690 demandes au niveau de 70 préfectures et provinces, dont 58,32% ont été émises par des hommes, 32,95% par des femmes et 8,73% par des mineurs. À l'instar de la première édition, 82% des dossiers présentés seront traités par les autorités, a fait savoir le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss El Yazami.