Le parti chaviste a remporté plus de 300 mairies sur 335. Le président vénézuélien a annoncé que les principaux partis d'opposition ne pourront pas participer à la présidentielle de 2018 du fait de leur appel au boycottage des municipales. Sous la statue du héros national, Simon Bolivar, le président Nicolas Maduro ne cachait pas sa joie dimanche soir à Caracas devant une foule de partisans. «Nous avons gagné plus de 300 des 335 mairies du pays.» Le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV, le parti chaviste du nom du prédécesseur de Nicolas Maduro, Hugo Chavez) en dirigeait jusque-là 242. La coalition de l'opposition, la Table de l'Unité démocratique (MUD), ne présentait pas de candidat. Les principaux partis, Voluntad popular (Volonté populaire), Primero justicia (d'abord la justice) et Accion democratica (Action démocratique), avaient appelé au boycottage du scrutin. Dans de nombreuses circonscriptions, plusieurs candidats de l'opposition se présentaient sous les couleurs des autres partis de l'opposition, UNT, AP, Copei ou le MAS. L'opposition s'est ainsi assuré une éclatante défaite. Le boycottage était motivé par les conditions dans lesquelles se déroulaient le scrutin, avec un Conseil national électoral tout acquis à la cause chaviste et de nombreux soupçons de fraudes lors des régionales d'octobre. L'opposition s'attendait alors à une large victoire, les conditions de vie apocalyptiques subies par les Vénézuéliens ne pouvant que les pousser à sanctionner le pouvoir chaviste. Pourtant, le parti chaviste avait remporté 18 des 23 régions. L'opposition hors-jeu L'élection de l'un des cinq gouverneurs de l'opposition avait été annulée car Juan Pablo Guanipa, le gagnant dans le Zulia, avait refusé de prêter serment devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), exclusivement chaviste, non reconnue par les instances internationales. Le nouveau gouverneur de Zulia élu dimanche , Omar Prieto, est chaviste. Depuis juillet, l'ANC s'est arrogé des pouvoirs exceptionnels et a notamment privé de l'Assemblée nationale dominée par l'opposition de ses compétences législatives. Déclarée souveraine, elle prend des décisions en dehors de tout contrôle, de toute référence à un texte constitutionnel. Dernière décision en date annoncée par le président Nicolas Maduro dimanche soir: «Tout parti qui n'a pas participé aujourd'hui et qui a appelé au boycottage des élections ne peut plus participer (à la présidentielle de 2018). C'est un critère de l'Assemblée constituante». Eliminé de la course, donc Leopoldo Lopez du parti Voluntad Popular, actuellement en prison, Henry Ramos Allup de Accion democratica et Henrique Capriles de Primero Justicia, qui avait affronté Nicolas Maduro en 2014. Ce sont les trois personnalités de l'opposition les plus populaires... Six mois après les grandes manifestations qui avaient semblé ébranler le pouvoir, l'opposition est totalement hors-jeu, incapable de préserver une unité même de façade. Depuis que la MUD a gagné les élections législatives en décembre 2015, les divergences stratégiques, les divisions internes et les rivalités d'egos ne lui ont pas permis de prendre l'avantage. Le président Nicolas Maduro a su en profiter et, malgré un pays en plein chaos dû à une politique désastreuse, l'héritier de Chavez semble redevenu le maître du jeu au Venezuela.