La France vit ce jeudi au rythme d'une nouvelle mobilisation, à l'appel des syndicats, contre le projet de réforme des retraites, la quatrième depuis le début de la contestation le 5 décembre dernier et la première depuis le début de l'année. Malgré la reprise des négociations avec le gouvernement, l'intersyndicale exigeant le retrait de cette réforme (CGT, FO, CFE-CGC, FSU, Solidaires), a investi les rues pour une nouvelle journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations. L'objectif est de maintenir la pression sur l'exécutif en vue de l'obliger à retirer son projet de réforme contestée. Projet phare du quinquennat, la réforme des retraites porte notamment sur la mise en place d'un « système universel » par points indexés sur le salaire, la suppression des régimes spéciaux et un âge pivot à 64 ans, trois principaux qui ne sont du goût des syndicats. La réforme vise à repenser également le dispositif actuel qui absorbe 14% du PIB avec 300 milliards d'euros de prestations de retraite chaque année, et un déficit entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros à l'horizon 2025. Cette nouvelle mobilisation est scrutée aussi bien par le gouvernement que ses partenaires sociaux. Son ampleur devra déterminer, selon les observateurs, le chemin que prendra la négociation toujours en cours mais difficile entre l'exécutif et les syndicats. A Paris, la manifestation s'est ébranlée vers 14h20 (HL) avec près d'une heure de retard, place de la République avec en tête du cortège les leaders de l'intersyndicale. Selon les médias, quelques légères tensions ont été signalées peu avant le départ, avec le lancement de «quelques grenades lacrymogènes». La préfecture de police, qui s'attend à une mobilisation à «hauts risques», a mis en place un dispositif conséquent avec pas moins de 5.500 policiers et gendarmes mobilisés pour assurer le bon déroulement de la manifestation et parer à tous débordements. Celle nouvelle mobilisation intervient alors que les négociations gouvernement/syndicats ont repris mardi à Matignon et devront se poursuivre ce vendredi en vue de parvenir à un compromis de nature à satisfaire les deux parties qui semblent camper chacune sur sa position. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez (CGT), chef de file de la contestation, s'est interrogé, dans des déclarations à la presse peu avant le départ du cortège parisien sur la disposition « réelle » du gouvernement au dialogue et au compromis. «Entre la communication du gouvernement, « on discute, tout est ouvert », et la réalité, il y a de quoi s'interroger sur la volonté du gouvernement de discuter, (...) de prendre en compte l'avis des organisations syndicales», a-t-il lancé. « Le gouvernement est déterminé à faire aboutir le projet de réforme des retraites et espère l'adoption du texte de loi par l'Assemblée nationale dès le mois de mars », avait affirmé mardi le Premier ministre Edouard Philippe, assurant toutefois que l'exécutif restait ouvert au dialogue en vue de parvenir à un compromis avec les syndicats. En même temps, la porte-parole du gouvernement a annoncé que le projet de réforme a été envoyé au Conseil d'Etat, pour être présenté le 22 janvier en Conseil des ministres avant une première lecture à l'assemblée nationale prévue avant les municipales de mars.