Dans son rapport annuel 2018, la Cour des comptes dresse un bilan négatif sur le contrôle alimentaire au Maroc, dont la responsabilité relève de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et de la Pêche. La Cour note ainsi plusieurs insuffisances au niveau du contrôle exercé par les services de l'ONSSA sur les produits alimentaires : un faible contrôle sur les lieux de la restauration collective ; absence de contrôle sur les résidus de pesticides contenus dans les fruits et légumes destinés au marché local et ce contrairement aux produits destinés à l'exportation, où le suivi des résidus pesticides est réalisé de manière rigoureuse, « les produits destinés au marché local sont hors contrôle en matière de traçabilité et de connaissance sur leurs contenus en résidus de pesticides », signale la Cour des comptes. Le département de Driss Jettou relève également l'absence de contrôle sanitaire au niveau des marchés de gros de fruits et légumes « les services de l'ONSSA n'interviennent pas au niveau des marchés de gros de fruits et légumes car ils considèrent que ces structures ne sont pas suffisamment organisées et qu'il y a absence de traçabilité depuis l'exploitation jusqu'au marché de gros », peut-on lire dans le rapport. « De plus, il est à signaler qu'il existe plusieurs points noirs dont l'Office a du mal à assurer le contrôle sanitaire. Il s'agit des abattoirs et tueries rurales de viande rouge, des abattoirs traditionnels de volaille (riachate), ainsi que les centres de collecte de lait dont le nombre est aux alentours de 2700 au Maroc », rajoute le rapport. Pas de loi sur l'élevage Selon le rapport de la Cour, l'ONSSA exerce ses attributions en matière de protection du patrimoine animal grâce à un réseau constitué de 69 services vétérinaires provinciaux chapeautés par dix directions régionales. A ce titre, plusieurs observations ont été formulées par la Cour en matière de contrôle de la santé animale, notamment l'insuffisance du système de veille épidémiologique ainsi qu'une loi spécifique sur l'élevage. Le rapport rappelle également l'absence d'un cadre formalisé pour la prise de décision en matière de vaccination et l'inexistence d'une stratégie pour prétendre au statut "indemne" de certaines maladies réputées légalement contagieuses (MRLC). La Cour des comptes qualifie par ailleurs « d'inefficace » le programme d'assainissement de la tuberculose bovine à travers le recours à l'abattage sanitaire.