La cession par l'Etat de 8% de sa participation dans le capital de Maroc Telecom va bon train. Après une première étape, déjà bouclée, de cession de blocs d'actions destinée aux investisseurs institutionnels (6,7 milliards de dirhams), le compte à rebours pour le processus de vente au public des 2% restants est enclenché. Au total, l'opération, qui va générer une levée historique de 8,9 MMDH réalisée via la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC), est de taille et qualifiée par les analystes d'Attijari Global Research d'évènement majeur se produisant environ « une fois par décennie ». A titre d'illustration pour apercevoir l'ampleur de l'opération, les 2% représentant la part réservée au public (OPV) sont largement supérieurs à l'introduction en bourse (IPO) de l'opérateur portuaire Marsa Maroc en juillet 2016, laquelle avait permis, en partie, à la place casablancaise de réaliser, au titre de la même année, des performances exceptionnelles de +30,46% pour le MASI (indice global composé de toutes les valeurs de type action). Cette OPV, qui constitue une manne importante pour la BVC, devrait permettre à la place casablancaise de retrouver le moral et de lui apporter une bouffée d'oxygène surtout dans un climat fade où les volumes traités sont très modestes. En effet, sur le premier trimestre 2019, le volume des échanges a chuté de 23% à près de 8,9 milliards de dirhams (MMDH), selon l'Autorité marocaine du marché des capitaux. Quant à l'exercice écoulé, la capitalisation boursière a fondu de près de 45 MMDH à 582,15 MMDH et la cote a terminé dans le rouge, affichant une performance year to date (YTD) de -8,27% par rapport à 2017. « Il s'agit d'une opération majeure pour la Bourse de Casablanca. Elle est de nature à redynamiser la place qui souffre, depuis quelques années, d'un manque de liquidité », affirme Karim Hajji, directeur général de la place casablancaise, tout en soulignant que cette OPV va « remettre la BVC sur les radars des investisseurs internationaux et lui permettre de remplir pleinement son rôle dans le financement de l'économie nationale ». Pour les analystes d'Attijari Global Research, filiale du Groupe Attijariwafa bank dédiée à la Recherche, cette opération devrait connaître un grand succès grâce à la fois au prix de souscription attractif (125,3 DH) et aux perspectives de développement de l'opérateur sous la nouvelle ère de la Data, recommandant aux investisseurs de souscrire à l'OPV et de profiter de la baisse technique du titre afin de se positionner aux prix actuels. Dans leur argumentaire, les analystes soulignent que l'année 2019 constitue un « bon timing » afin de se positionner sur le titre Maroc Telecom, étant donné que l'opérateur historique des télécommunications renoue avec la croissance et ce, après avoir achevé un cycle défavorable sur la période 2011-2017. En outre, le titre Maroc Telecom constitue un placement attractif en termes de couple risque/rentabilité. « Sur un horizon de placement de 3 ans, le titre offre une rentabilité annuelle moyenne intéressante de 12% couplée à une solide résilience en Bourse », assurent-ils. Dans le même sillage, les analystes du Crédit du Maroc suggèrent de profiter de cette OPV du fait que l'opérateur télécoms a démontré, depuis son introduction en bourse en 2004, une certaine résilience face aux différents aléas du marché casablancais. Réputée "une valeur refuge par excellence" dans un marché boursier marqué par l'anxiété et la méfiance envers les titres cycliques, l'action Itissalat Al-Maghrib dispose d'un faible risque et présente un rendement constant, nettement supérieur à celui du marché (5% contre 3,5% pour le MASI). « Historiquement, le titre IAM atténue les mouvements baissiers du MASI avec une décorrélation palpable en 2018. À l'issue de cet exercice, le marché avait clôturé sur une baisse de plus de -8% alors que l'action IAM s'est adjugée un gain de +6% », rappellent à l'appui de leurs analyses. La CFG Bank recommande, pour sa part, aux investisseurs de participer à l'offre avec un cours cible à 153 DH, correspondant à un potentiel de performance du titre de 22% par rapport au prix de souscription et de 11,7% par rapport au cours boursier du 27 juin. Et de rappeler que l'opération globale (OPV, ainsi que la cession de bloc) vise notamment à mettre en œuvre les dispositions de la Loi de Finances au titre de l'exercice 2019 en matière de recettes de privatisations, de développer l'actionnariat populaire et d'optimiser au mieux la participation restante de l'Etat (22%) dans le cadre d'une stratégie n'impactant pas la gouvernance de la société, tout en prenant en compte non seulement les objectifs de recettes à court terme mais surtout les évolutions prévisibles sur les moyen et long termes.