Des dizaines de milliers de « gilets jaunes » ont manifesté à nouveau, samedi en France, malgré les concessions du gouvernement qui a lancé courant la semaine un «Grand débat national » axé sur les principales "doléances des Français". Réclamant une justice fiscale et sociale mais aussi une amélioration du pouvoir d'achat, les « gilets jaunes », un mouvement de revendication inédit né sur les réseaux sociaux et qui tient en haleine le pays depuis plus de deux mois, ont investi les rues des principales villes de France, pour leur dixième journée d'action. Selon des chiffres communiqués à 20H00 par le ministère de l'Intérieur, 84.000 personnes ont pris part aux manifestations dans toute la France ce samedi, dont 7000 à Paris. A Paris, Bordeaux ou Toulouse, ainsi que dans d'autres villes de France, des rassemblements ont été organisés avec le même mot d'ordre « justice sociale et fiscale ». Dans la capitale française, trois manifestations sous forme de marche ou de rassemblement ont eu lieu sur la célèbre avenue des Champs Elysées, sur l'Esplanade des Invalides et sur la place de la République. Elles se sont déroulées suivant un parcours pré-établi, généralement dans le calme. Toutefois, les médias ont fait état de quelques heurts entre manifestants et forces de l'ordre dans certains points de la capitale essentiellement dans le 7ème arrondissement. La préfecture de police a annoncé l'interpellation de 42 personnes. Le record de participation a été enregistré à Toulouse où 10.000 manifestants sont descendus dans les rues contre 6000 la semaine dernière, selon un décompte de la préfecture à 17 heures. Dix personnes y ont été interpellées. Un important dispositif de sécurité a été mis en place par l'exécutif sur l'ensemble du territoire français, avec le déploiement d'"un dispositif d'ampleur comparable au week-end précédent", fort de 80.000 policiers et gendarmes. L'objectif des forces de l'ordre est d'éviter que ne se reproduisent les heurts parfois violents qui ont émaillé les précédentes mobilisations. Des images de scènes d'émeutes urbaines à Paris avaient fait le tour du monde, écornant l'image de la France, première destination touristique mondiale. Samedi dernier, plus de 80.000 personnes avaient manifesté dans le pays, contre 50.000 la semaine d'avant. L'acte IX de la mobilisation des « gilets jaunes» avait été marqué par un regain de participation, alors que le mouvement semblait connaître un certain essoufflement en raison de la période des vacances de fin d'année et des célébrations du Nouvel An. Annoncé en décembre dernier par le Chef de l'Etat français dans une tentative d'apaiser la colère des « gilets jaunes », qui revendiquent une justice sociale et fiscale et l'amélioration du pouvoir d'achat, le Grand débat national a été lancé mardi dans toutes les régions de France avec pour objectif de promouvoir le dialogue et les échanges sur "les principales doléances des Français" en vue de parvenir à des solutions. Cette "grande" concertation porte tout particulièrement sur les thèmes du pouvoir d'achat, de la fiscalité, de la démocratie et de l'environnement. Mais le « Grand débat » voulu par l'exécutif ne semble pas faire l'unanimité et laisse sceptique une bonne partie de Français. En effet, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting réalisé pour le compte de franceinfo et Le Figaro, publié la semaine dernière, si 81% des Français ont entendu parler du débat, 77% estiment par contre qu'il ne sera pas mené "de façon indépendante du pouvoir" et 70% s'attendent à ce qu'il ne soit pas utile pour le pays.