Sous les yeux ébahis de plus de 500 personnes, toutes férues et adeptes d'art et de culture, Artspace a frappé fort mercredi soir pour l"inauguration du nouvel espace culturel casablancais. Le nouvel écrin accueilli le vernissage de l'exposition-événement intitulée « Indivision » signée Mahi Binebine et Hassan Darsi. Et les chevilles ouvrières de ce projet ne sont autres qu'une fratrie pour qui le mot « art » coule dans les veines. En effet, cette nouvelle galerie d'art est née de la volonté de Nawal, Hind et Amine Amharech de donner un souffle différent et nouveau à l'art au Maroc. L'idée germe depuis une bonne quinzaine d'années dans leur tête. Elle séduit Mahi Binebine il y a une dizaine d'années,quand Hind approche l'artiste pour la conseiller dans ce sens. "Pouvoir offrir quelque chose de différent, ouvert au Maroc mais surtout à l'international, dénicher de nouveaux talents, accompagner ces mêmes talents dans leur évolution et les laisser voler de leurs propres ailes", c'est là toute l'ambition portée par cette famille qui voit en l'art une échappatoire. Et ce choix, les trois frères en ont fait leur métier, sur les pas de leur maman qui peint aussi, sauf pour l'un d'entre eux. Le grand frère étant pharmacien. Pour Nawal la jumelle d'Amine et directrice du nouvel espace : « on voudrait en tant que galerie justement montrer ce pont qui existe entre le Maroc, la marocanité dont on est fiers et cet international de l'art. » L'international, un vecteur essentiel dans ce projet familial puisque pour les initiateurs ceci évoque leur vision des choses : « aujourd'hui on est dans un monde ouvert où il faudrait que pour les Marocains qui n'ont pas cette possibilité, qu'on puisse leur apporter de l'international sans voyager », soutient la jeune femme. Indivision, ou la naissance d'un troisième artiste Et qui de mieux pour attirer les amoureux d'art que Mahi Binebine et Hassan Darsi dans ce nouvel espace dédié à la culture ? Ces artistes de renom ont ainsi travaillé ensemble pour fournir un travail à la fois inédit et évident. Ainsi, ils incarnent également les valeurs et les principes que défend la famille Amharech : « c'était une évidence pour nos, Mahi Binebine c'est quelqu'un qui est connu et reconnu. Sa valeur n'a pas de prix dans le milieu artistique, dans le milieu associatif, dans ses actions au niveau du Maroc et à l'extérieur du Maroc. » Artspace Casablanca se veut ainsi un tremplin pour des artistes en devenir en lé dénichant : « nous les cherchons, nous les trouvons et nous les exportons, c'est ça notre force. On les suit ainsi dans des foires internationales, tel est conçu le projet de la galerie et on les emmène justement à avoir un succès. Le succès pour moi, ce n'est pas la vente et l'achat, évidemment que c'est important mais c'est la connaissance, c'est vraiment pour un artiste. Il fait l'œuvre pour qu'elle soit connue », explique Nawal. Une initiative qui a de fait séduit le duo d'artistes exposés depuis hier. Pour Mahi Binebine ce sont des projets similaires qui doivent encore pulluler dans le pays : « à chaque fois qu'il y a un espace culturel quelque part dans ce pays je suis le plus heureux des hommes. Je voudrais qu'il y ait 2.000 galeries. A Paris y a 100.000 artistes ou 120.000 artistes ici on est une centaine ou 150 », se désole-t-il. Ce à quoi il a répondu présent aux côtés de Hassan Darsi pour offrir un travail qui ne ressemble ni à l'un ni à l'autre mais bien comme il dise si bien au troisième artiste qui est né de leur « mariage d'amour ». Artspace, l'espace des jeunes talents marocains et étrangers « C'est la première fois que nous travaillons ensemble et ce ne sera pas la dernière », se réjouit Hassan Darsi, qui confie que cette exposition réalisée à quatre mains et en symbiose a été intitulée « Indivision » au hasard. « On l'a baptisée ainsi grâce à ce mot qui est revenue lors d'une conversation que l'on tenait avec Mahi. On cherchait un titre et puis ce mot est apparu dans cette discussion qui n'avait rien à voir avec l'exposition, on s'est regardés tous les deux ébahis et on s'est dit que c'était le bon ». En réalité, c'est un lieu réel à Paris dont Mahi parlait à son ami. Dans le même temps, ce titre correspond très bien à ces œuvres selon les deux artistes car dans ce travail, il est difficile de séparer entre la patte de Mahi Binebine et celle de Hassan Darsi, l'une imbriquée dans l'autre. Tout simplement car ils ont construit grâce à Indivision un troisième artiste, « nous étions émerveillés devant ce troisième artiste qui n'était ni lui ni moi, mais qui était meilleur que nous deux », raconte Mahi Binebine. Prochaine étape pour l'exposition, Bordeaux, Paris t Berlin entre autres. Une exposition qui a eu beaucoup de succès lors de ce vernissage et qui pousse déjà le tandem à se remettre au travail. Quant à Artspace les perspectives d'avenir se veulent optimistes et en bonne voie pour respecter la ligne tracée par le trio : « juste après cette exposition on aura une exposition étrangère. Nous avons déterminé par rapport à la galerie d'avoir un pôle marocain soit une exposition marocaine puis une exposition étrangère. (…) La prochaine exposition accueillera 15 photographes issus de plusieurs pays. Un seul endroit les rassemblera, Artspace », conclut fièrement Nawal Amharech.