Toujours bloqué à Marseille, l'Aquarius se retrouve une fois de plus au cœur d'une polémique. En effet, la justice italienne demande son placement sous séquestre pour une affaire de traitement illégal de déchets dits « dangereux ». L'ONG Médecins sans frontières a annoncé ce mardi 20 novembre que la justice italienne avait formulé cette demande. Selon les médias italiens, des investigations sous fond de soupçons pointent le navire humanitaire pour avoir fait passer 24 tonnes de déchets susceptibles d'être toxiques pour des déchets classiques. Les comptes bancaires de MSF en Italie ont été de fait placés sous séquestre. L'enquête coordonnée par le parquet de Catane porte sur le traitement des déchets : vêtements des migrants, restes alimentaires et déchets sanitaires dans les ports italiens où l'Aquarius et le Vos Prudence (autre navire affrété par MSF en 2017) ont débarqué des migrants. Ce à quoi l'ONG riposte et répond rapidement. En effet, elle a réagi immédiatement à cette mise en cause : « Toutes nos opérations au port, y compris la gestion des déchets, ont toujours suivi des procédures standards. Les autorités compétentes n'ont pas contesté ces procédures ni identifié de risque pour la santé publique depuis que nous avons lancé nos activités en mer », dénonce-t-elle dans un communiqué. Et d'ajouter : « Il s'agit d'une attaque grotesque des autorités italiennes contre l'Aquarius destinée à liquider les opérations vitales de sauvetage en mer Méditerranée. » L'ONG prête à collaborer « Après deux ans de diffamation et d'attaques sans fondement nous accusant de complicité avec des trafiquants d'êtres humains, d'enquêtes judiciaires et d'obstacles administratifs de toutes sortes pour entraver notre mission humanitaire, nous sommes désormais accusés de crime organisé qui viserait au trafic illicite de déchets ! Cette dernière tentative en date des autorités italiennes pour mettre un terme définitif à la capacité des organisations humanitaires de mener des opérations vitales de secours en mer est abjecte », détaille Karline Kleijer, responsable des urgences chez MSF. Cependant, l'entité française tend la main en se disant prête à coopérer pleinement avec les autorités italiennes. « Nous sommes plus que disposés à clarifier les faits et à rendre compte des procédures opérationnelles que nous avons suivies, et nous voulons réaffirmer avec force la légitimité et la légalité de notre travail humanitaire », explique Gabriele Eminente, directeur général de MSF en Italie dans un communiqué. D'après les données communiquées par MSF, ce sont plus de 2.000 personnes qui ont péri en Méditerranée cette année : « De nombreuses personnes continuent de tenter la traversée, alors qu'il n'y a plus de navire de sauvetage en mer et celles qui survivent sont ramenées dans un système de détention inhumain et arbitraire en Libye, en violation complète avec le droit international maritime et humanitaire », insiste MSF. Au total depuis 5 ans, MSF a sauvé plus de 80 000 personnes. L'Aquarius, qui a perdu son pavillon du Panama en septembre pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales », est pour l'heure immobilisé à Marseille. Affrété depuis 2016 par SOS Méditerranée et MSF, l'Aquarius a pour mission première de secourir les migrants au large de la Libye.