La tragédie de Sidi Boulaâlam a choqué les Marocains et leur a montré toute l'horreur de la misère. L'affaire qui a été relayée par la presse nationale et internationale nous a laissé perplexe. Comment une opération caritative émanant de bonnes intentions a pu tourner ainsi au drame ? Pourquoi le bilan de cette tragédie a été si lourd ? Sidi Boulalam, lieu du drame, est une commune rurale située à 70 kilomètres au nord de la province d'Essaouira. Avec ses 8000 habitants, elle est considérée comme est l'une des plus pauvres régions au Maroc. Dans le site où les aides devaient être distribuées, quelques vêtements et chaussures des victimes sont encore disséminés çà et là. Des barrières métalliques par terre et des grillages qui ont cédé sous le poids de la pression témoignent de la force des bousculades. Le lieu du drame resté en état pour les besoins de l'enquête. Un mécène, 10 mille lots ... Derrière cette opération, un mécène. Il s'agit du prédicateur Abdelkbir Hadidi. Selon lui, les préparatifs de l'opération ont commencé il y a près d'un mois, eu égard à son envergure. Après obtention des autorisations, il fallait organiser la distribution de 10 mille sacs de produits alimentaires, 2 fois plus que l'année dernière pour que tout le monde soit servi. Chaque sac contenait : 20 kilos de farines, 5 kilos de riz, 5 kilos de sucre, 2 litres d'huile, et 500 grammes de thé. Il fallait arriver à temps pour bénéficier des aides La distribution des denrées alimentaires a attiré les habitants de la région et des régions avoisinantes, d'où le nombre très important des personnes, pour la plus part des femmes, qui ont fait le voyage pour bénéficier des aides. Selon les témoignages des familles des victimes, les femmes ont voyagé de nuit pour pouvoir être sur place très tôt le matin. Selon les témoins, l'opération a commencé à partir de 7h30. Les gendarmes et les forces auxiliaires étaient présents pour veiller au bon déroulement de l'opération. Le déroulement de l'opération ... "Les gens ont passé la nuit sur place; ils ont conquis cette place et ont empêché les autorités d'accéder au site", informe Abdelkbir Hadidi. Et de poursuivre : "nous nous sommes débrouillés pour faire rentrer les agents de l'autorité qui ont laissé un passage à travers lequel les gens entraient. Ils atteignaient le point de contrôle où il y avait des filles qui s'occupaient de mettre de l'encre sur les doigts des bénéficiaires pour qu'elles ne reviennent pas reprendre l'aide une seconde fois". Pour le mécène, il n y a pas de doute, " la responsabilité revient aux gens qui ne se sont pas organisés". Autre son de cloche ... Ce n'est pas le même son de cloche du côté des membres des familles des victimes et les femmes qui ont survécu au drame. Pour certains, quand le drame s'est produit et quand les appels à l'aide ont commencé aucune assistance n'a été apportée. Pour d'autres, les aides devaient être distribuées dans plusieurs localités au lieu de rassembler une marée humaine. Pour l'heure, l'affaire est en cours d'instruction. Deux enquêtes, une administrative et une autre judiciaire ont été ouvertes.