Elle est passée de 5.904 à 12.833 milliards de dirhams. La richesse globale du Maroc a vu sa valeur plus que doubler entre 1999 et 2013. Un redressement qui devrait être conforté en puisant dans le capital humain, recommande le CESE. De concert avec Bank Al-Maghrib, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), a publié son rapport sur la richesse globale du pays. Ce très attendu document, élaboré suite aux orientations de SM le roi Mohammed VI dans son discours prononcé le 30 juillet 2014, à l'occasion de la Fête du Trône, mesure la valeur et l'évolution de la richesse du Royaume entre 1999 et fin 2013 et la part du capital immatériel dans celle-ci. Selon l'institution dirigée par Nizar Baraka, il s'agit d'accélérer la dynamique de création de richesses et d'en assurer une répartition équitable au profit de l'ensemble des citoyens et des régions. Le conseil y formule ainsi des recommandations en mesure d'intégrer le capital immatériel dans l'élaboration des politiques publiques. Dans son évaluation, le CESE commence par identifier les composantes de cette richesse, constituée d'une part du capital immatériel à savoir humain, social et institutionnel avec une part moyenne de 73% entre 1999 et 2013, et d'autre part de composantes immatérielles. La croissance annuelle moyenne de la richesse globale s'élevait au cours de la période susmentionnée à 4%. Une crue attribuée essentiellement au capital immatériel (60%), suivi du capital produit (30%) et du capital naturel (10%). En revanche, la contribution des avoirs extérieurs nets demeure négative (-0,1%). L'amélioration du capital immatériel refléterait les progrès réalisés, en particulier en matière de scolarisation et d'éducation, d'accès aux services sociaux, de réformes institutionnelles et de gouvernance, explique le rapport. La richesse naturelle, constituée des terres de cultures et pastorales, des forêts, des ressources halieutiques, des ressources minières et énergétiques, ainsi que des aires protégées, a vu également sa part grimper, passant de 6% à 8,4%, durant la période 1999-2013, en raison de l'appréciation des ressources en phosphates, de 19,2% en moyenne annuelle, sous l'effet de la hausse importante des prix observée, notamment en 2008. La part du capital produit, passée de 20,1% à 27,3%, reflète une progression annuelle moyenne de 6,3% du stock de ce capital. Son évolution est le fruit des investissements importants dans les infrastructures économiques et sociales, ainsi que du développement des secteurs du tourisme et de l'immobilier. Pour ce qui est des avoirs extérieurs, la position extérieure nette du Maroc est négative, avec un passif qui augmente, passant de -3,8% à -4,1%, entre 1999 et 2013, mais dont le poids dans la richesse globale est resté stable sur cette période. Tributaire de la croissance économique, la création de richesse au Maroc ne pourrait, selon le CESE être obtenue qu'à l'aide de politiques publiques mobilisant les potentialités matérielles et immatérielles du pays. Tous les efforts devront ainsi se concentrer sur le capital immatériel, gisement important de création de richesses et d'opportunités. Il est à cet effet recommandé d'agir sur les trois piliers principaux du capital immatériel, notamment le capital humain dont les compétences doivent être renforcées et les valeurs consolidées. Ensuite, les institutions et politiques publiques devront être plus efficientes. Enfin, le capital social doit être conforté en assurant l'effectivité des droits pour tous les citoyens et en renforçant la cohésion sociale. Le développement de ce capital immatériel favorisera, selon le rapport, l'accélération de la transformation structurelle de l'économie dans le cadre d'un modèle national de développement durable et permettra de consolider le rayonnement du Royaume.Il est également préconisé de prendre appui sur sept leviers essentiels dont le renforcement des compétences du capital humain et la consolidation du capital institutionnel. Pour rappel, le discours royal avait enclenché un débat national autour de la richesse immatérielle du pays à plusieurs échelles institutionnelle et privée. La Banque Mondiale s'est également penchée sur la question à travers plusieurs études et rapports. L'institution avait publié en début d'année un nouveau Mémorandum sur le Maroc intitulé "le Maroc à l'horizon 2040 : investir dans le capital immatériel pour accélérer l'émergence économique". Ce rapport livre une analyse exhaustive des performances économiques récentes du pays ainsi que des perspectives de croissance pour les vingt prochaines années. Il expose, également, les réformes de la gouvernance économique susceptibles de faciliter la mise en œuvre d'un scénario "ambitieux" mais "réaliste", capable d'accélérer la croissance économique de manière durable et de réaliser un développement social et humain plus inclusif.