L'Espagne, valeur sûre des touristes chaque été, montre des signes de saturation. Accueillant plus de 36 millions de visiteurs rien qu'au premier semestre de cette année, le voisin ibérique peine à concilier accueil touristique et qualité de vie des locaux. Dopé par l'afflux des visiteurs internationnaux, le tourisme, premier secteur de l'économie espagnole est aujourd'hui rejeté de la part des citoyens. Un ras-le-bol généralisé justifié par la flambée des prix des loyers, la pollution et les incivilités dans les quartiers. “Touriste, rentre chez-toi”. Les graffitis de ce genre se multiplient en Espagne. Des actions contre les vacanciers ont même été organisées par des groupes d'activistes, à l'instar de l'appel lancé à Bilbao au Pays Basque, invitant les locaux à investir les rues de Guernica le 17 août dans une grande marche “contre le tourisme invasif”. L'Espagne, qui devrait dépasser les 80 millions avant la fin de l'année, est aujourd'hui tiraillée entre la "tourismophobie" qui s'intensifie au sein de sa population et la reprise d'un secteur qui représente 11,2 % du produit intérieur brut (PIB) et qui fait vivre plus de deux millions de personnes. La mobilisation des habitants contre le tourisme de masse ne concerne pas seulement l'Espagne. D'autres cités européennes à savoir Lisbonne, Majorque, Dubrovnik ou Venise, ont connu des manifestations dénonçant les dégâts provoqués par le tourisme, dont l'intensification des croisières polluant l'eau de mer et la multiplication des locations à court terme.