Comment le Maroc a-t-il pu développer un cas du variant Omicron local et non importé ? C'est une question à la fois "simple et difficile", fait savoir le Pr. Mustapha El Fahim, directeur de la plateforme génomique fonctionnelle du Centre national de recherche scientifique. En guise de réponse, voici les différentes hypothèses scientifiques qui peuvent expliquer la résurgence du variant "made in Morocco". Selon les premières données révélées par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, la patiente atteinte du variant Omicron, âgée de 30 ans, a un mode de vie sédentaire et n'a pas été en voyage à l'étranger. La piste du variant "local" a donc été privilégiée, et une enquête génomique a été ouverte pour déterminer l'origine exacte de ce cas du variant. Le Delta n'est pas le parent d'Omicron Tout d'abord, il est nécessaire de souligner que le variant Delta, notamment le sous-variant AY.33 dominant au Maroc, n'est pas "le parent" du variant Omicron, explique le Pr. El Fahim. "Dans le cadre de la veille génomique, lors de l'apparition d'un nouveau variant, nous essayons toujours d'établir selon la phylogénétique un arbre généalogique du virus, pour voir s'il est issu de la mutation d'un variant précédent", explique le Pr. El Fahim, "sauf que ce n'est pas le cas pour Omicron". Toujours selon les données de la veille génomique et les activités de séquençage, le Delta et ses sous variants ont été les variants dominants depuis plus de 7 mois. "Il est scientifiquement que le Delta mute une fois par mois en moyenne. Au Maroc, la veille génomique a conclu que le Delta a muté 5 à 6 fois en 6 mois". Etant donné que le variant Omicron présente 30 mutations au total, et plus de 20 mutations de plus que le Delta, l'hypothèse la plus plausible est que ce variant, sur le plan mondial, a été en circulation depuis au moins 10 mois et n'a pas été repéré auprès de cas asymptomatiques ou faute de séquençage. Comment un variant peut-il se développer localement ? Il existe deux hypothèses pour qu'un variant se développe localement, explique le Pr. El Fahim. La première est que le virus reste porté chez une personne immuno-déprimée assez de temps pour se multiplier et muter. Avec un virus comme la covid-19, cette hypothèse n'est pas plausible puisqu'aucune personne immuno-déprimée ne portera le virus sans y succomber assez de temps pour permettre cette mutation. La deuxième hypothèse est que le virus est resté en circulation confinée chez une population et est passé inaperçu au séquençage. Sur une base purement scientifique,il s'agirait donc d'une importation non-mise en évidence que la plateforme génomique fonctionnelle du Centre national de recherche scientifique essaie actuellement de mettre en lumière, fait savoir le Pr. El Fahim