La flambée des prix des tests PCR dans les laboratoires privés suscitent mécontentement et contrariété de la part des citoyens qui ne trouvent que cet espace libre des réseaux sociaux pour dénoncer la cherté du test allant jusqu'à le qualifier de rente au profit des laboratoires de biologie. Ce constat pour le moins alarmant soulève des interrogations : Qui fixe les prix des tests PCR au Maroc ? Ces prix sont-ils même régulés à la base ? Un simple benchmark suffit pour remarquer que les prix des tests PCR dans les laboratoires privés sont disproportionnés. Ceux-ci oscillent entre 450 DHS et plus de 1.000 DHS pour une prestation à domicile, ont précisé différents laboratoires contactés par 2M.ma. Comment le prix du test PCR est-il fixé ? Depuis le début de la pandémie, de nombreux efforts ont été déployés par les différents acteurs de la Santé pour encourager les citoyens à aller se faire tester au cas où ils présentent des symptômes d'infection à la covid-19. Certes, le prix du test ne devait pas être un handicap au dépistage. Les prix des actes biologiques au Maroc sont régulés par le comité national de nomenclature, qui agit sous l'égide du ministère de la Santé, explique Adnane Rhazali, Président de la Chambre syndicale des Biologistes. Dès l'apparition du virus, ce comité s'est réuni afin de fixer le prix des tests PCR. C'est ainsi qu'il a décidé que ces tests soient effectués au prix de 1.000 DHS, à l'instar du test PCR du virus de l'hépatite B, qui utilise une technique similaire. Cependant, pour rendre le dépistage plus accessible, le ministère de la Santé est intervenu pour baisser ce tarif à 700 DHS, détaille M. Rhazali. Ainsi, « tout laboratoire qui facture plus de 700 DHS pour un test PCR est dans l'irrégularité la plus absolue », affirme-t-il. Le test PCR coûte aux laboratoires près de 450 DHS, confie à 2M.ma une autre source syndicale sous couvert de l'anonymat. « Les laboratoires qui facturent le test PCR à 450-500 DHS adhèrent vraiment à un effort de citoyenneté considérable, parce qu'ils le facturent au prix coûtant », fait savoir la même source. Le tarif référentiel de l'AMO et le RAMED n'est pas pratiqué dans les laboratoires L'ANAM et la CNSS ont signé des conventions avec les syndicats des biologistes afin d'unifier et baisser les prix de la covid-19. Contactée par 2M.ma, l'ANAM fait savoir qu'une grille de tarifs référentiels a été établie dès novembre 2020 afin de réglementer tout le protocole thérapeutique Covid-19 pour les adhérents à l'AMO et au RAMED. Ainsi, il a été convenu, en principe, la facturation suivante : dans les laboratoires privés, le test PCR à 450 DHS au lieu de 700 DHS. Dans les hôpitaux et les laboratoires publics : 300 DHS au lieu de 500 DHS, et dans les CHU : 360 DHS au lieu de 500 DHS. Près de 20 laboratoires contactés installés à Casablanca et à Rabat nous ont fait savoir que les prix restent identiques même lorsque l'on dispose d'une couverture AMO ou RAMED. Et pour cause, les biologistes et les assurances maladies ne jouent pas sur la même corde, sachant que le prix d'un test PCR pour un laboratoire est de 450 DHS. La tarification référentielle de l'ANAM supprime ainsi toute marge de bénéfice sur la prestation. Mais qui se charge du contrôle des prix ? Les clauses tarifaires font partie intégrante des conventions nationales relatives aux prestations médicales et biologiques. Selon l'article 30 du Décret n° 2-05-733 pris pour l'application de la loi n° 65-00 portant code de la couverture médicale de base, « Le non-respect ou la violation des termes de la convention nationale est porté par l'organisme gestionnaire à la connaissance de l'Agence nationale de l'assurance maladie qui en informe l'ordre professionnel concerné ». L'article le mentionne expressément. L'ANAM est bel et bien l'organisme chargé de contrôler le respect des conventions nationales auprès des signataires, et qui a les prérogatives d'infliger des sanctions en cas de non-respect. "L'Agence peut, après avoir invité le praticien à fournir ses explications écrites à la commission spécialisée citée à l'alinéa ci-après, sur les griefs qui lui sont reprochés, le mettre hors convention pour une durée qui ne peut excéder un an. A l'expiration de cette durée, le praticien réintègre d'office la convention nationale.(...). En cas de récidive, la mise hors convention est prononcée d'office dans les mêmes formes", selon le même article. De ce fait, l'ANAM assume la responsabilité de veiller à l'application de la réglementation mise en place. Force est de constater que faute de contrôle rigoureux, le marché de la santé s'apparente à un lieu de surenchère, où les patients sont ceux qui en paient les conséquences.