Les tests RT-PCR de dépistage de la Covid-19 coûtent-ils trop cher à la collectivité ? Sur la seule semaine du 2 septembre, près de 40 000 tests ont été effectués au Maroc. Si beaucoup de pays prônent la gratuité des tests PCR ou, dans certains cas, ne remboursent que les patients symptomatiques et, dans la meilleure des configurations, les cas contacts, au Maroc les citoyens doivent donc y mettre de leur poche. Les laboratoires de biologie et les fabricants, en ligne de mire, entretiennent le mystère sur leurs politiques tarifaires et le coût de revient réel des tests. Les tests de détection de la Covid-19 sont facturés à hauteur de 700 dirhams, «une insulte» estime Younes Maamar, ancien cadre de la Banque mondiale et ancien patron de l'opérateur électrique national (ONE). Les files d'attente s'allongent devant les laboratoires à mesure que l'épidémie regagne du terrain. Pour les particuliers, les tests PCR de détection du SARS-CoV-2 restent pris en charge à 100 % par eux-mêmes, ce qui fait le bonheur des laboratoires d'analyses médicales. «Cas-contact, je pars ce matin au laboratoire faire un test. 700dh. Cash. Pas de TPE. Pas de chèque. Au suivant!» fulmine M. Maamar. «Petit calcul rapide. L'appareil de test coûte au maximum 1 million de dirhams. Le consommable 150 dirhams. C'est à dire que mon cher laborantin aura 550 dirhams pour amortir son investissement et bien évidemment son bénéfice. Or à ce prix, sa machine est amortie au bout de 1 800 tests. Soyons larges: 2 000 tests. Il se fait au minimum 40 000 tests par jour au Maroc. Pour disons 100 laboratoires. Donc chaque laboratoire fait une moyenne de 400 tests par jour. En cinq jours la machine et amortie» a-t-il détaillé. Les vacances ont engendré une ruée vers les tests PCR, exigés par certains pays comme droit d'entrée, ou tout simplement parce que certains préfèrent se faire tester. La pagaille sur les prix règne, au détriment des plus démunis et et de la lutte contre la pandémie, selon M. Maamar. «Rappelez vous: cash. C'est à dire au nez du marocain et à la barbe de l'administration fiscale. Mon laborantin et ses acolytes, doivent croiser les doigts que cette pandémie persiste. Ce n'est plus une rente. C'est une insulte. A ce prix, quel est le % de la population de notre pays qui peut se permettre de mener des tests préventifs pour se préserver et préserver les siens ? Voilà ce que serait une mesure cohérente avec les efforts importants que l'Etat mène. Chaque marocain (et résidant) dispose d'une allocation de cinq tests gratuits par mois. Au delà les tests sont payants à un prix de raison. Le dispositif informatique extraordinaire déployé pour la campagne de vaccination peut très facilement être utilisé pour cette mesure préventive et ô combien critique à la veille d'entrer dans une nième (et sans doute guère la dernière) phase de pic pandémique. Dans une bataille le pire ennemi n'est pas celui en face de vous mais celui à vos côtés censé être des vôtres. Les laborantins rejoignent la cohorte des rentiers de la Covid-19» a-t-il mentionné. L'enjeu sanitaire actuel est considérable. Quand les tarifs sont élevés, certains peuvent renoncer à se faire tester, voire se tourner vers les circuits parallèles de faux tests négatifs. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait reconnu que les tests PCR nécessitent des ressources et infrastructures considérables.