En 2009, Caroline Dalimier a lancé, avec son mari, l'ambitieux projet Livremoi.ma, une librairie en ligne dont les étagères virtuelles grouillaient de références en tout genre. Aujourd'hui, et huit ans après le lancement de cette librairie virtuelle, elle fait le point sur les habitudes de ses clients, ses perspectives de développement et la quasi-absence des jeunes de la liste de ses habitués. Que vous apporte votre présence au Salon international du livre ? Cela fait quatre ou cinq ans que nous participons au Salon du livre. C'est essentiellement une opération de communication. Cela nous permet de nous faire connaître auprès d'une clientèle plus large, et de faire découvrir nos nouveautés à nos clients habitués. Vous vous êtes lancés d'abord sur le web, avant d'ouvrir un magasinen physique. Être uniquement sur Internet n'a-t-il pas réduit votre clientèle dans un premier temps ? Pas vraiment. Au moment où nous sommes arrivés, il y avait très peu de sites de vente en ligne. Le public n'était pas habitué à payer avec sa carte bancaire sur Internet. Le marché était à peine à son démarrage. Pendant cette période, beaucoup de clients passaient nous voir dans nos bureaux. Certains préféraient payer en espèces, d'autres préféraient récupérer leurs livres directement plutôt que de se faire livrer. Certains clients avaient également besoin d'assistance pour pouvoir effectuer leurs commandes. Nous recevions beaucoup de monde dans des locaux qui n'étaient pas aménagés à cet effet. C'est pour cela que nous avons pensé à ouvrir notre première librairie physique. Cela nous a aussi permis de diversifier l'expérience que l'on offrait à notre clientèle. Sur Internet, nos clients cherchent une référence en particulier, ils savent ce qu'ils veulent. Alors que dans la librairie, c'est différent. Les clients viennent pour flâner et découvrir les ouvrages qui sont exposés. Ces deux expériences sont complémentaires. Après huit ans d'activité, à quoi ressemble le client de Livremoi.ma ? Quand je regarde les commandes en ligne, la majeure partie de nos clients sur Internet a plus de 50 ans. Et en librairie, ce sont essentiellement des clients de plus de 40 ans et des parents qui achètent pour les enfants. Il y a une tranche d'âge que je vois très peu, c'est les 18-30 ans. Et ce n'est pas une question de budget. En librairie, nous avons des livres à 20 dirhams, et les McDo sont pleins. Au Maroc, on peut lire tous les classiques à moins de 35 dirhams. Il y a beaucoup de prix spéciaux pour le Maroc. Les jeunes sont beaucoup sur leurs smartphones et moins sur le livre. C'est des habitudes qu'ils n'ont pas prises. C'est aussi l'éducation qui se fait à l'école. Lorsqu'un enfant voit ses parents lire, il va être dans cet univers là. Si dans les écoles publiques, il y avait de vraies bibliothèques, ça leur donnerait envie de lire. Et c'est essentiel. Quelles sont les perspectives de développement de votre librairie ? Nous pensons justement à ouvrir un autre point de vente. Parce que nous réalisons que beaucoup de clients apprécient le fait de pouvoir se rendre en librairie. Nous travaillons également sur la diversification de nos produits. Dans un premier temps, nous allons proposer des formules d'abonnement de magazines spécialisés pour enfants et adultes, qui ne sont pas disponibles en kiosques. Nous mettons également en place une offre de jeux pédagogiques et matériel d'apprentissage des langues pour les petits.