* 80% des financements des projets dans le renouvelable sont assurés par des banques ou des institutions financières. * Le succès de la biomasse est lié à l'existence d'un approvisionnement continu des matières premières et de la taille des projets. * Explications de Saïd Mouline, Directeur général de l'Agence nationale de développement des énergies renouvelables. - Finances News Hebdo : Les bailleurs de fonds privés ont-ils un rôle en matière de financement des énergies renouvelables ? - Said Mouline : Bien sûr, les projets sont financés essentiellement par le privé. Le rôle du secteur financier national est très important : il y a une rencontre à ce sujet avec une grande banque de la place qui a identifié le potentiel parce que ce sont de gros financements. Dans le secteur de l'énergie, il y a une part d'équité, ou de fonds propres, et une grande part de financement. 80% de ces projets sont financés par les institutions financières. Déjà, dans les parcs éoliens qui ont été développés dans notre pays, les banques marocaines ont joué un rôle important. Je peux vous assurer que ces projets ne sont pas des clés en main, ils ont besoin d'un montage financier innovant et c'est là qu'il y a des prêts concessionnaires qui sont prévus par le fonds mis en place par la Banque mondiale ou les institutions de développement, pour avoir une partie des prêts à des taux intéressants. - F.N.H. : Quels sont les éléments qui peuvent encourager l'autoproduction ? - S.M. : Il faut voir l'intérêt du consommateur. Il faut voir des deux côtés au niveau des industriels ou de la consommation domestique. Pour un industriel, il faut voir ce qu'il paye à l'ONE et vérifier s'il va produire lui-même. Il va faire un calcul et va voir le coût de son investissement, le rendement et va comparer par la suite, surtout que cela va lui donner de la visibilité sur 20 ans. Aujourd'hui, il y a de gros consommateurs qui vont créer des parcs éoliens comme les cimenteries, car le coût de l'électricité devient compétitif. C'est le même prix pour le réseau. C'est très intéressant pour eux de développer le créneau. Aujourd'hui, les industriels optent pour l'éolien, demain ce sera au tour du solaire de se développer. - F.N.H. : On accorde beaucoup d'importance pour l'éolien ou le solaire, mais qu'en est-il de la biomasse ? - S.M. : Il y a des projets dans ce sens. Mais leur nombre reste limité et il faut une taille critique pour faire des économies d'échelle. Lesieur a initié un projet pour la récupération du fuel des chaudières. Avec le plan Vert, l'idée est d'opter pour la réutilisation des tonnes d'huile d'olive qui se perdent. Il est question de valoriser ces déchets avant de les transformer en ressources énergétiques. Cosumar est également concernée puisqu'il y a beaucoup de déchets verts qui servent d'énergie sucrière. Le problème qui se pose pour la biomasse c'est de garantir la matière première. C'est un investissement lourd, il faut garantir que ces chaudières puissent fonctionner toute l'année.