Actif Invest, filiale de BMCE Capital, vient de lancer un fonds dinvestissement immobilier. Le métier dun fonds immobilier nest pourtant pas sans risques. En plus du risque fiscal, il y a ceux de lexploitation et de lexécution du business plan. Détails avec Mehdi Tahiri, responsable du «fonds de conseil investissement» au sein de BMCE Capital. Finances News Hebdo : Quels sont les risques que lon court quand on exercice le métier dun fonds immobilier ? Mehdi Tahiri : Si on vise une rentabilité des fonds propres de 15 à 20% (nets de frais), cest bien parce quon prend des risques. Pour répondre à votre question, je peux dire quil y a deux types de risques : le premier est celui du marché, alors que le second est lié à la bonne ou la mauvaise exécution du «Business Plan». Le risque de marché comprend deux volets. Dabord, quand on achète un actif immobilier, on prend un risque commercial. En effet, cest la mise en location qui génère les cash-flows récurrents (les revenus locatifs) nécessaires à la financiarisation de lactif. Cela revient à dire que si lon ne trouve pas un locataire, toute lopération sera vouée à léchec; et cest là le premier volet du risque de marché. Le second volet est directement lié à la probabilité de retournement du marché (crise du foncier qui peut induire une dévalorisation). Celle-ci peut contrecarrer les benchmarks et les comparaisons par rapport à lactif immobilier concerné. Il y a aussi le risque dexécution du Business Plan. En effet, ce dernier est fondé sur les hypothèses que lon se forge pour évaluer lactif concerné et lacheter au bon prix. Or, ces hypothèses sont avant tout formulées par linvestisseur; ce qui revient à dire que le marché peut très bien les confirmer ou les infirmer. F. N. H. : Avec quelle prime de risque comptez-vous céder un actif financiarisé ? M. T. : Précisons tout dabord quune prime de risque est comparée à un actif sans risque comme cest le cas dun bon du Trésor sur 5, 6 ou 10 ans dont le rendement est sans risque. La prime est donc un complément de rémunération que vous donnez à votre acheteur par rapport à ces actifs. Cet acheteur, lorsquil acquiert lactif immobilier, prend également des risques. Lactif immobilier financiarisé dégage certes des rendements, mais ceci ne change rien au fait quil est moins liquide quun actif financier, un bon du Trésor ou une action... De même, il se peut que le locataire que nous apportons dans lactif financiarisé ne soit plus, un jour ou lautre, solvable, ou paye en retard... induisant ainsi un coût. Bref, tous ces facteurs de risques ou dilliquidités doivent être rémunérés par une prime de risque. Quant à la valeur de cette prime, il nexiste pas de réponse directe à ce propos, car tout dépend de la qualité de lactif vendu. Concernant un actif dont le risque est moindre, dès lors que le locataire est une grande entreprise marocaine ou une multinationale (dune solide solvabilité), on doit sattendre à ce que cette prime soit moindre. Mais, au cas où le locataire serait dune très bonne qualité sans pour autant être une grande entreprise ou une grande multinationale, ou si lactif lui-même est moins «prime» par comparaison à lactif déjà cité, alors on doit sattendre à ce que la prime de risque soit un petit peu plus élevée que celle du premier cas. Dune manière générale, la prime de risque se situe à quelques centaines de points de base par rapport à un rendement sans risque. F. N. H. : Avez-vous prévu une indexation de la prime de risque ? M. T. : Cest à lacheteur de faire ses calculs et ses diligences pour savoir à quelle prime de risque il est prêt à accepter un actif financiarisé; ce qui revient à dire que ce nest pas au vendeur de lactif en question de lindexer sur quoi que ce soit. Si lachat dune action ou dune obligation est précédé par une analyse de lenvironnement global, et notamment des différents facteurs qui sont directement liés à lun de ces actifs, au moment de la négociation dun actif immobilier financiarisé, lacheteur procèdera à une analyse de même nature, mais en tenant compte cette fois-ci des perspectives dévolution du marché, des taux dintérêt sans risque... avant de proposer le taux de capitalisation à inclure dans la prime de risque. F. N. H. : Bien entendu, le risque commercial et celui du Business Plan ne peuvent être couverts ? M. T. : Sans aucun doute. Un risque de marché ou de Business Plan nest pas à couvrir, mais à maîtriser. Il sagit donc de risque à prendre ou à ne pas prendre. Cest ce choix qui justifie une rentabilité ciblée des fonds propres. Pour augmenter les chances de réussite de lopération, il faut savoir évaluer le risque commercial, savoir acheter le bon actif, le payer au bon prix, bien connaître la demande du marché, ne pas surestimer le prix de location ni celui de la vente dans deux ans par exemple... Bref, cest de cette manière que nous maîtrisons nos risques afin de bien les intégrer. F. N. H. : Est-ce que le risque fiscal sera répercuté sur lutilisateur (acheteur ou locataire) de lactif financiarisé ? M. T. : Tout ce quune entreprise sait, et elle a raison, cest quelle va payer un prix du marché. Donc, le poids fiscal, représenté par les droits denregistrement, la taxe urbaine, la patente..., est un paramètre intégré dans notre coût dinvestissement et qui fera normalement partie de la valeur locative ou du prix de cession que nous proposerons à cette entreprise.