* Les travaux de construction de ces ouvrages devraient sachever en 2014. * La question des inondations du Gharb demeure structurelle et liée à la nature argileuse du sol et à labondance des eaux quil faut transférer vers les régions les moins loties. Pour la deuxième année consécutive, le Gharb a été soumis à de fortes inondations. Plusieurs habitants de la région sont contraints dabandonner temporairement leurs exploitations en attendant des jours meilleurs. A linstar de lannée précédente, le gouvernement a annoncé une série de mesures pour venir en aide aux sinistrés, notamment un vaste programme de reconversion en cultures printanières pour combler le manque à gagner des agriculteurs. Pour les éleveurs, lEtat a prévu dautres mesures, en particulier lapprovisionnement adéquat en aliment de bétail et de fourrages. Malgré ces dispositions, une solution pour le long terme simpose : lédification de nouveaux grands barrages sur les principaux affluents de la région : loued Sebou et loued Beht. «Le bassin hydraulique du Gharb dispose du plus fort débit des eaux de surface. Malgré leur grande capacité de stockage, les barrages de cette région sont saturés. Il est temps de programmer de nouveaux ouvrages pour lutter contre les inondations et dutiliser ces ressources hydriques abondantes, qui sont déversées en mer, pour des usages plus pertinents, notamment lirrigation, leau potable, la production délectricité ou bien les détourner vers les régions plus arides», a souligné un responsable dune association locale de développement humain à Sidi Slimane. Les inondations de la région du Gharb ne datent pas daujourdhui. Lédification du barrage Al Wahda sur loued Ouergha, lun des plus grands affluents de loued Sebou, avait fait croire que ces sinistres allaient cesser une fois pour toute. Cet ouvrage, qui est le plus grand du Royaume avec une capacité de stockage de plus de 3 milliards de m3, a permis de maîtriser le débit de loued Sebou mais la succession de deux saisons humides conjuguées à la nature des sols de la région, qui est moins absorbante, a entraîné une forte abondance des ressources hydriques. Daprès plusieurs spécialistes contactés à ce sujet, la construction de nouveaux barrages permettra aux Maroc de combler le déficit à deux niveaux. Le transfert de lexcédent hydrique vers les régions les moins loties ou à forte consommation comme lOriental ou la Chaouia-Ouardigha. Sur un autre volet, le fort débit des affluents du Gharb est recommandé pour la production de lénergie électrique. En effet, le Maroc dans le cadre du programme de lefficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables, veut porter la part de lénergie hydraulique à 20%. La question du coût ne devrait pas se poser puisque ce sont des investissements rentables sur le long terme. Ce sont des milliards de m3 deau qui sont perdus dans la nature ou dans la mer. Des études avancent le chiffre de 1,5 milliard de m3 perdus par an en moyenne, soit 10% du potentiel hydrique national mobilisable. Ces crues causent de forts dégâts et érodent le sol. La création de nouveaux ouvrages savère une nécessité. «Les études sont réalisées et dautres sont en cours pour lédification de nouveaux ouvrages. Dailleurs, de grands projet sont lancés dans la région», souligne-t-on à lAgence du bassin du Sebou. En effet, sous leffet des inondations dans le Gharb, la Loi de Finances 2010 a avancé le lancement de deux nouvelles infrastructures hydrauliques avec une enveloppe budgétaire de 2,15 Mds de DH. Il sagit du complexe Mdez et Ain Timedrine sur le Haut Sebou, dans la province de Sefrou constitué de deux grands barrages, dont le plus grand a une capacité de stockage de 600 millions de m3. Ce complexe devrait nécessiter un investissement de 1,2 Md de DH. Il permettra la protection des zones situées en aval contre les inondations, la production moyenne annuelle de lénergie électrique à hauteur de 332 Gwh et lamélioration du volume régularisé au niveau du Haut Sebou pour le développement de lirrigation dans le bassin. Lachèvement des travaux de ce complexe est prévu pour lannée 2014. Le deuxième ouvrage concerne le barrage Ouljet Es Soltane sur loued Beht, dans la Province de Khémisset. Il permettra dassurer une réserve de 250 millions de m3. Dun coût évalué à 950 MDH, cet ouvrage hydraulique permettra de régulariser, au moyen dun volume supplémentaire de 47 millions de m3, les apports de loued Beht en vue dirriguer le périmètre de Sidi Slimane et dalimenter en eau potable les villes de Khémisset et de Tiflet. La réalisation de ce barrage est programmée pour lannée 2013. «La question des inondations dans le Gharb est structurelle. Les ouvrages hydrauliques ne peuvent que limiter les dégâts. On ne peut pas vider totalement les barrages de la région en été, et on ne peut pas prévoir lévolution pluviométrique de la saison qui suivra. Car le rôle dun barrage nest pas uniquement limité à la lutte contre les crues, il a aussi un rôle en matière de mobilisation de leau dirrigation, de leau potable ou de la production de lénergie électrique», souligne notre interlocuteur de lAgence du bassin du Sebou, précisant quil «faut des endiguements le long de loued Sebou car, avant 1980, le débit du fleuve était de 1.600 m3/s ; à présent, il est descendu à 800 m3/s». Il a précisé que «la lutte contre linondation est un travail densemble qui ne concerne pas uniquement les autorités chargées de lhydraulique, cest aussi un programme qui a trait à laménagement du territoire et à dautres domaines.