* Le Gharb est la locomotive du Plan vert. Il doit réoccuper sa place dans le paysage socio-économique national. * La reconversion des cultures est conditionnée par lapprovisionnement en semences, lentretien des équipements de drainage et la résolution du problème de la trésorerie des petits agriculteurs. * Le point avec Ahmed Ouayach, président de la Comader. - Finances News Hebdo : En quoi consiste le programme de reconversion des cultures dans la région du Gharb ? - Ahmed Ouayach : Il sagit de remplacer les cultures endommagées par les inondations qui sont des cultures dautomne, comme les céréales, les légumineuses, la betterave sucrière, par des cultures de substitution qui sont des cultures printanières pour les régions bour. Ces dernières sont généralement semées fin février-début mars comme le tournesol, le pois chiche et le maïs densilage. Leur récolte commence juste avant le démarrage de la saison suivante. Mais les travaux ne peuvent pas commencer car la terre est encore engorgée deau. Il faut des jours sinon des semaines, car le sol du Gharb absorbe leau lentement. Le drainage est encore difficile. - F. N. H. : Mais quest-ce qui doit être traité en priorité ? - A.O. : Il faut attaquer en priorité les canalisations dirrigation afin de commencer le redémarrage des cultures dans de bonnes conditions. Les équipements de drainage sont dans un état de défectuosité avancé. Il faut aussi assurer des semences en quantité suffisante et parfaitement adaptées à la région. Le stock actuel des semences de printemps sera-t-il suffisant pour répondre à la demande ? Le troisième problème quil faut aussi gérer, cest la question de la trésorerie et de lendettement des agricultures, surtout les petits exploitants. Ils nont pas dargent pour payer quoi que ce soit. Il faut, à cet égard, subventionner les semences. - F. N. H. : Les mesures annoncées actuellement par le gouvernement sont-elles suffisantes et peuvent-elles améliorer la situation ? - A.O. : Jai entendu 1,3 Md de DH comme enveloppe allouée à laide à la région du Gharb. Mais ce budget concerne plusieurs départements, comme lIntérieur, lHabitat, lEquipement et, bien sûr, lagriculture. A ce dernier niveau, il faut dire que la réactivité du ministère et les mesures annoncées sont les bienvenues. Les actions concernent la période de la crise et aussi laprès-crise, là où il faut mener une course contre la montre pour sauver la situation. Il y a des cultures très sensibles comme les agrumes quil faut irriguer en juin-juillet, sinon les récoltes sont compromises. LORMVA du Gharb doit utiliser les ressources en urgence pour entretenir les équipements. - F. N. H. : A quel niveau la catastrophe du Gharb peut-elle impacter la campagne agricole en général ? - A.O. : Il ne sagit pas dune approche globale mais dun problème social. Lannée va certainement être bonne, voire excellente. A part le Gharb, la quasi-totalité des autres régions présente un état végétatif très favorable comme le Saïss, la Chaouia, le Tadla ou le Haouz. Mais il faut privilégier lapproche sociale au détriment de lapproche économique à travers la solidarité nationale. Il faut éviter de dire que, globalement, cest bon. Il y a un problème social quil faut résoudre en urgence. Le Gharb est la locomotive du Plan vert. Cest pour cela quil doit réoccuper sa position dans le paysage socio-économique national. - F. N. H. : Avec des années de sécheresse qui succèdent aux périodes dinondations, que faut-il faire ? - A.O. : Ce sont les effets du changement climatique qui causent une dégradation de lenvironnement. Le meilleur remède cest la construction de davantage de barrages ce qui reste le meilleur moyen pour lutter contre les sécheresses et les inondations. La politique des barrages menée par le Maroc, après lindépendance, a montré sa pertinence. Il faut reconnaître que sans les barrages construits dans la région du Gharb, les dégâts auraient pu dépasser limaginable. - F. N. H. : Pour le reste de la campagne agricole, quelles sont les perspectives ? - A.O. : Plusieurs filières ont déjà profité des bonnes conditions climatiques. La céréaliculture, qui est le baromètre de la campagne présente des signes très favorables. Jespère de bons rendements dans certaines régions pour compenser le manque à gagner dans dautres. La pluie a aussi empêché plusieurs exploitants demblaver leur terre, notamment pour les cultures fourragères ou vivrières. Mais quand il y a de leau, il ny a pas de problème, tout peut sarranger. Dans les périmètres irrigués, il y avait moins de recours à leau, ce qui a permis daméliorer les réserves pour les années à venir. Pour cette année, il ny aura pas de rationalisation de lirrigation. Il faut souligner aussi que lamélioration des pâturages devrait entretenir considérablement létat du cheptel et tirer vers le bas les prix de lalimentation de détail.