La doyenne de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales dAïn Sebaâ côtoie le milieu universitaire depuis trois décennies. Dabord comme étudiante, ensuite, dans le cadre de son service civil en tant quadministratif, enseignante et enfin doyenne. Une carrière riche à laquelle Jamila a su donner une touche personnelle : la méthode participative. Tout le monde met la main à la pâte pour gagner le pari de linnovation et de louverture de cette jeune Faculté dAin Sebaâ. Le fait dexercer à Hay Mohammedi peut sembler une vraie colle. Mais il nen est rien pour Jamila Houfaidi Settar qui a postulé volontairement à ce poste dans ce quartier pour lequel elle a la plus grande affection. En effet, au lendemain de lindépendance, cest là que Jamila verra le jour. Elle est laînée, ce qui va vite la responsabiliser. « Jai eu ce privilège de pouvoir aller à lécole grâce à mes parents qui avaient conscience de limportance de léducation dans ce Maroc qui venait de recouvrer son indépendance. Et moi, jai saisi cette chance parce que javais conscience des obstacles quils avaient rencontrés, eux, dans leur vie, de labsence de cette éducation. Nous avons appris à gérer mutuellement cette nouvelle existence quest la scolarité ». Quand la première école du quartier ouvre, au début des années 60, Jamila la fréquente avec dautres enfants dâges différents et, au fur et à mesure que les années passaient, certaines de ses camarades commençaient à y amener également leur progéniture ! Chose qui lavait profondément marquée. « Je savais que je voulais faire quelque chose de différent ». Très sage, très studieuse, Jamila prend très au sérieux son rôle daînée et un malin plaisir à faire toutes les démarches administratives et à remplir les formulaires pour son père. Elle simplique également dans la scolarité de ses frères, surs, voisins et voisines. «Tout ce que je voulais à lépoque cétait faire des études». Peu importait le domaine ou la branche, le plus important pour Jamila était de poursuivre cette quête du savoir. « On ne choisissait pas à lépoque quelle branche suivre parce que linformation et lorientation nexistaient pas ». Alors, elle intègre la Faculté de Droit de Casablanca. Et cest ainsi que démarrera une longue et passionnante histoire entre Jamila et la Faculté. Pour une personne curieuse de la chose publique comme Jamila, Sciences Po étaient tout indiquées. Jamila Houfaidi Settar est en effet licenciée en sciences po, docteur dEtat en droit à lUniversité de Nancy, professeur titulaire de la Chaire Jean Monnet de lUnion européenne et diplômée du Collège des études fédéralistes dAoste. Présidente du Centre détudes euro-méditerranéennes (CEEMED), Jamila occupe divers postes denseignement et de recherche. Elle a été professeur-visiteur dans de nombreuses universités européennes (Belgique, France, Italie, Pologne,... Coordonnatrice nationale du pôle de compétence euro-méditerranéen, elle est membre du Comité scientifique de lannuaire de la Méditerranée et du Conseil dadministration du GERM. Membre du réseau pour la promotion des études euro-méditerranéennes, Jamila encadre des thèses de doctorat, mémoire de 3ème cycle et de licence. Elle collabore avec la revue Confluences méditerranéennes et publie plusieurs articles dans dautres revues internationales. « Je garde de bons souvenirs de la période de mes études où jai eu le plaisir davoir dexcellents instituteurs et de grands profs ». Et cest à son tour de rendre la pareille en simpliquant dans la vie de ses étudiants quelle encadre dans leurs études. Et elle y met toute la volonté et leffort quil faut et cela donne naissance à des projets très réussis comme le Diplôme dEtudes Spécialisées euro-méditerranéennes et, dans ce cadre, des bourses ont été octroyées aux étudiants qui ont également pu faire des stages dans des institutions européennes. Jamila a eu lidée des Master itinérants. Elle a également compris très tôt limportance de jeter des passerelles entre lUniversité et lentreprise et, aujourdhui, elle peut compter sur des partenaires de renom. Si Jamila a mené à bien sa tâche cest quelle a pu également compter sur lapport familial. En effet, dhabitude boule de nerfs et dynamique, elle est rapidement tempérée par son mari qui est, au contraire, très calme et posé. Si Jamila se dit être un peu la mère de ses 2.000 étudiants, dans la vraie vie, elle est la mère dun journaliste et dun sociologue ! «Jai toujours considéré lenfant comme un adulte quil faut écouter et respecter». La réussite de ses enfants autant que celle de ses étudiants est, pour elle, la meilleure façon de la remercier ! Dans la cour de la Faculté, les étudiants viennent vers elle de manière spontanée pour lui poser des questions sur les inscriptions, le parrainage dun écolier ou sur les divers ateliers culturels mis en place. Et quand ce nest pas eux qui viennent vers elle, cest elle qui va à leur rencontre pour senquérir de létat davancement de tel ou tel projet. Le plus remarquable est quelle les appelle par leur prénom ! Ce nest pas tout doyen qui peut se targuer de le faire ! Jamila a également tablé sur ses amitiés pour créer un vrai réseau à même de servir lintérêt de la Fac et de ses étudiants. «Jai plein damis profs, des collègues qui viennent ici en tant que conférenciers ou qui peuvent apporter une aide aux étudiants. Cela crée une vraie synergie !». Persévérante jusquà lentêtement, il nen demeure pas moins que Jamila préconise la méthode participative et responsabilise les étudiants dans la gestion de la vie à la Faculté. Chose inédite, lun des vice-doyens, dit-elle, nest autre quun collège détudiants. Et elle est plus que jamais déterminée à mener à bien sa mission dans les meilleures conditions tout en comptant vivement sur la collaboration de ses étudiants. Avec comme devise, « Ensemble, le meilleur est possible ».