* Les professionnels des paiements en ligne sont en train de faire beaucoup defforts pour offrir plus doptions de paiement en utilisant les cartes bancaires marocaines. * Le haut débit et le taux de pénétration que connaît le Maroc pourraient certainement bouleverser les habitudes dachat et de vente. * Point de vue de Abdellatif Mazouz, vice-président dEducasphere. - Finances News Hebdo : Dans quel cadre sinscrit lorganisation de ce colloque sur le e-commerce et les paiements pour votre institution ? - Abdellatif Mazouz : La Conférence Internationale sur le e-Commerce et les e-Paiements, qui a eu lieu à Marrakech le week-end dernier, répond à un besoin réel aussi bien pour le chercheur universitaire que pour le professionnel. Etant une institution denseignement supérieur privé, SIST la branche délocalisée de University of Sunderland au Maroc a, conjointement avec Educasphere, initié cette initiative. Elle a regroupé toute une panoplie de chercheurs venus de plusieurs pays dEurope, dAsie, dAfrique et dAmérique. Le commerce et les paiements électroniques sont dactualité et le Maroc doit être au diapason des avancées académiques et professionnelles dans ces domaines. - F.N.H. : Quelles sont les opportunités quoffre le commerce et les paiements électroniques pour un pays comme le Maroc ? - A. M. : Le Maroc a énormément à y gagner. Tout dabord, le commerce électronique veut tout simplement dire, entre autres, que les barrières géographiques peuvent ne plus être un handicap ni au niveau de la vente ni à celui de lachat. Ensuite, le vendeur peut bénéficier des avantages de la technologie pour réduire les coûts. Il est clair que le commerce électronique fait aussi appel à dautres services traditionnels de la vente que sont le paiement, la livraison, la communication, la logistique, etc. Tous ces services se trouvent touchés par lavènement du commerce. En ce qui concerne le paiement électronique, cest un service rendu au consommateur pour améliorer les prestations rendues à la clientèle. Un voyageur qui achète un billet à tarif réduit ou qui paie sa facture deau et délectricité, a beaucoup davantages à gagner dun service de paiement en ligne. Avantage en temps, en argent mais aussi en efforts. Le fournisseur de services, à la longue, verrait ses charges de plus en plus réduites si ses utilisateurs adhèrent à sa solution. Les professionnels des paiements en ligne sont en train de faire beaucoup defforts pour offrir plus doptions de paiement en utilisant les cartes bancaires marocaines. - F.N.H. : Est-ce que lon peut avoir une idée sur le chiffre daffaires généré actuellement par les transactions en ligne ? - A. M. : Les professionnels prévoient un chiffre daffaires qui tourne autour de 80 millions de dirhams dici la fin de 2009. Bien quil paraisse important, il est encore en deçà des capacités dun pays comme le Maroc. Le panier moyen par consommateur est denviron 1.500 DH. Il faut souligner aussi que lévolution du e-commerce, au Maroc ou ailleurs, est liée au degré de démocratisation de lInternet. Le haut débit et le taux de pénétration que connaît le Maroc vont certainement bouleverser nos habitudes dachat et de vente. - F.N.H. : Est-ce quon peut comprendre que le prix dun produit via le e-commerce est moins cher que celui dun produit via le commerce classique ? - A. M. : Le commerce électronique par essence suppose moins de charges au départ et donc, en principe, doit également présenter une meilleure offre à lachat. Lexemple du low cost est frappant. La réduction au niveau de la billetterie est dictée par des charges réduites au niveau des charges du fournisseur de services ; moins de personnel, moins déquipement, moins dagences etc. Cette question de prix aura son mot à dire quant aux changements de nos habitudes dachat. Le Marocain est habitué à voir et à toucher le produit avant de décider de lacheter. Si le prix est suffisamment à sa portée, la décision dacheter prend vite son chemin dans lesprit de lacheteur. Le consommateur achète sans trop hésiter un billet Casablanca-Paris-Casablanca quand cest équivalent à 1.500 DH par exemple. - F.N.H. : En matière de réglementation, où en sommes-nous ? - A. M. : La réglementation est relativement bien avancée au Maroc. Le Royaume est en train de mettre en place tout un dispositif juridique et toute une batterie de lois qui réglementent la signature numérique, la protection du consommateur, la sécurité des échanges électroniques, la protection de la vie privée, la cybercriminalité, etc. - F.N.H. : Quels sont les défis à relever ? - A. M. : Personnellement, je crois que les banques sont très en retard par rapport aux opportunités qui leur sont offertes par ces moyens de transaction. Les assurances doivent également agir et vite. La caution exigée par le CMI aux marchands en ligne et toutes les mesures de prévention contre les fraudes, même si celles-ci sont extrêmement minimes apparemment, font que plusieurs fournisseurs potentiels sont en attente de meilleures conditions. Le Maroc connaîtrait certainement un boom des services de vente en ligne si certains handicaps de ce genre sont levés. Par rapport au consommateur, encore plus dInternet dans les domiciles, plus de bande passante, plus de PC et surtout plus de bancarisation des Marocains doivent permettre de suivre le rythme.