* Le code marocain des marchés publics est appelé à être revisité pour adapter les critères environnementaux aux différentes phases de la procédure. * Consécutivement à lentrée en vigueur de la loi 10/95 relative à leau, plusieurs mesures ont été adoptées pour concrétiser le principe du «pollueur-payeur» . * Lintroduction de la variable Environnement dans la passation des marchés publics serait le prélude dune fiscalité verte. A loccasion de la fête du trône, le Souverain a mis laccent sur la nécessité dintégrer la variable environnement en tant que composante essentielle lors de la passation des marchés publics. Cette décision royale arrive à point nommé dans un contexte marqué par la dégradation de lenvironnement. Il est temps, pour un pays comme le nôtre, de prendre conscience que lenvironnement joue un rôle très important dans le développement des projets économiques. Sous dautres cieux, les pouvoirs publics ont pris à bras le corps cette problématique et se targuent aujourdhui de résultats probants. Au Maroc, les efforts déployés sont insuffisants. Certes, il existe des fonds de financement au profit des entreprises polluantes. On peut citer, à titre dexemple, le Fodep qui consiste à financer les projets de dépollution pour les entreprises industrielles et artisanales au moyen de dons et de crédits. Ajoutons à cela des fonds financés par lUnion européenne. Des actions qui paraissent a priori intéressantes, mais qui demeurent insuffisantes à cause de labsence de mesures fiscales incitatives. Sur le plan fiscal, lenvironnement est relégué aux rangs inférieurs pour ne pas dire quil y est quasiment absent. Aujourdhui, lappel lancé par le Souverain à loccasion de son dixième anniversaire de règne est un signal fort que la prise en considération de lécologie ne peut être quefficace aussi bien sur le plan économique quenvironnemental. «La décision royale vise à intégrer la notion de développement durable dans la commande publique. Il sagit dun mode de développement qui répond aux besoins du présent sans hypothéquer lavenir des générations futures», explique H. Houssifi, expert-comptable. Il repose sur plusieurs principes : la précaution, la prévention, léconomie et la bonne gestion, la responsabilité de tous, la solidarité et la subsidiarité. Intégrer la donne environnementale dans lachat public est dicté par le fait que ce dernier représente une part importante du PIB. La commande publique constituera donc un puissant levier pour favoriser la prise en compte du développement durable par les entreprises. «Dans cet ordre didées, le code marocain des marchés publics est appelé à être revisité pour adapter les critères environnementaux aux différentes phases de la procédure», ajoute notre expert. Il en découlera un remaniement du cahier des charges qui devrait renfermer des clauses ou critères relatifs au développement durable. Lacheteur public est appelé à rationaliser ses exigences éthiques en fonction de ce que les entreprises peuvent fournir sur le marché. Fiscalité incitative VS dissuasive Si la fiscalité est complexe dans ses différentes composantes, elle lest encore plus dans celle de lenvironnement. Au Maroc, en dehors dune redevance que les pollueurs sont appelés à payer à lAgence des bassins hydrauliques, le législateur ne stipule aucune mesure. «Notre système fiscal reste muet sur la question de lenvironnement», commente un fiscaliste. Il continue dobéir à cette logique quil faut augmenter les recettes pour faire face aux dépenses en dehors de toute lutte pour le bien-être social et même contre les nuisances. Une entreprise qui sacharne à investir dans des projets liés à la protection de lenvironnement ne peut jouir de cette possibilité de déduire ses dépenses de lassiette imposable. Même son de cloche chez Saïd Mouline, président de lAssociation marocaine des industries solaires et éoliennes (AMISOLE) : «Une fiscalité écologique proprement dite nexiste pas, mais on la trouve quelque part». Il cite, à titre dexemple, la révision récente de la taxe relative à lutilisation des chauffe-eau solaires de 20 à 14%. Aussi, selon notre expert, il importe de signaler que consécutivement à lentrée en vigueur de la loi 10/95 relative à leau, plusieurs mesures ont été adoptées pour concrétiser le principe du «pollueur-payeur». La question qui se pose est : dans le cas de lenvironnement, faut-il opter pour une fiscalité incitative ou dissuasive ? «Par sa nature, la protection de lenvironnement fait appel à des mesures aussi bien incitatives que dissuasives. Seulement, il importe de signaler que linstrument fiscal écologique est sujet à plusieurs limites. On cite à cet égard : le niveau de protection environnementale induit par une taxe ne se mesure quà posteriori. Il dépend de la sensibilité des agents aux prix», conclut notre expert. Une chose est cependant sûre : la décision royale dinclure la variable Environnement dans le climat des affaires se traduirait certainement par lintroduction de nouvelles mesures fiscales.