Une anthologie retraçant lhistoire et le legs culturel des femmes nord-africaines vient de paraître. Fatima Sadiqi, professeur de linguistique et Directrice générale du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde, qui a codirigé cet ouvrage, nous livre ses impressions sur ce qui a nécessité 12 années de recherche. - Finances News Hebdo : On aimerait tout d'abord savoir quels sont les concepts-clés qui vous ont permis d'orienter votre ouvrage? - Fatima Sadiqi : D'abord, le manque flagrant de voix féminines dans l'écriture de l'histoire de l'Afrique du Nord. Cette absence n'est pas juste vu que les femmes de toutes souches ont toujours été présentes dans la construction de l'Afrique du Nord. L'Afrique du Nord a connu des reines, des princesses et des femmes proches de la décision politique. Elle a aussi connu des écrivaines, des juristes, des artistes, des poètesses, etc. - F.N.H. : Le passé de l'Afrique du Nord porte une importante empreinte religieuse. Quelles sont vos grandes conclusions sur l' «identité» religieuse de cette entité géopolitique? - F. S. : Les femmes nord-africaines ont laissé des uvres de grande qualité dans le domaine du soufisme. Les moins éduquées ont propagé l'Islam à travers des poèmes didactiques qui jusqu'à nos jours se sont transmis de mère en fille. Mais avant l'arrivée de l'Islam, il y avait des déesses et des prêtresses. Tout ce legs religieux est conservé dans la mémoire collective et dans l'inconscient collectif des peuples nord-africains. - F.N.H. : Enfin, ce genre d'ouvrage affronte souvent le problème méthodologique délicat des sources historiques. Qu'avez-vous à nous dire sur cet aspect? - F. S. : Nous avons fait appel à des historiens et archéologues qui nous ont fourni la matière première. Cette matière est exposée dans l'anthologie sous forme de textes inédits.