* Des faiblesses existent. Elles sont bien connues. Elles appellent à la poursuite de leffort de réforme dans plusieurs secteurs et à lamélioration de la productivité. * Le Maroc doit poursuivre, comme la plupart des pays du monde, louverture de son économie sans que lEtat démissionne pour autant de ses responsabilités darbitre et, dans plusieurs secteurs, de moteur du développement. * Le point avec Driss Alaoui Mdaghri, professeur universitaire et ancien ministre. * Finances News Hebdo : Sous leffet de la crise financière internationale, tous les experts prédisent une année 2009 difficile pour léconomie mondiale. Pour le Maroc, le FMI, la Banque mondiale et le CMC ont revu à la baisse les perspectives de croissance alors que le gouvernement maintient toujours ses objectifs. Quelle est votre analyse ? * Driss Alaoui Mdaghri : Le gouvernement est dans son rôle lequel est de rassurer aussi bien sur le plan interne que sur le plan externe. De plus, léconomie, cest bien connu, est une question de confiance, surtout quand la crise est là. Le gouvernement a raison de chercher à renforcer la confiance des citoyens, des partenaires et des investisseurs dans la capacité du Maroc à tirer son épingle du jeu. La perte dun point de croissance dans le court terme, voire dun point et demi à deux points dans le moyen terme, si on sen tient à lanalyse du CMC, est problématique mais pas dramatique. Et puis, le pire nest jamais sûr. Du reste, tous ces organismes estiment à plus long terme que les potentialités de croissance de léconomie marocaine sont réelles au vu des atouts dont le Maroc dispose et des progrès réalisés ces dernières années en matière de réformes structurelles et de réalisation dinfrastructures, lesquels progrès constituent la condition sine qua non au décollage économique. Ceci étant, des faiblesses existent. Elles sont bien connues. Elles appellent à la poursuite de leffort de réforme dans plusieurs secteurs et à lamélioration de la productivité. * F. N. H. : À votre avis, comment le Maroc peut-il tirer profit de cette crise mondiale ? Saura-t-il attirer davantage dinvestisseurs ? * D.A.M. : En multipliant les partenariats économiques et les joint ventures, notamment avec les pays émergents. LOCP est sûrement un des outils majeurs dont le Maroc dispose, à cet égard. Ensuite, en profitant de la baisse des prix du pétrole et probablement de ceux de certains biens déquipement et en continuant son effort déquipement et dinvestissement. Enfin, en travaillant à fond à lamélioration de la gouvernance de son administration et de ses entreprises. * F. N. H. : La crise mondiale a remis en cause le libéralisme à outrance ; le Maroc a fait de grands pas pour louverture de son économie. Faut-il revoir ce modèle économique? * D.A.M. : Le libéralisme outrancier na jamais été un modèle à suivre. Lexcès de libéralisme tue le libéralisme. Par contre, le modèle libéral débarrassé de ses scories et des effets pervers de ses errements, demeure le seul modèle qui fonctionne véritablement. Le Maroc doit poursuivre, comme la plupart des pays du monde, louverture de son économie sans pour autant que lEtat démissionne de ses responsabilités darbitre et, dans plusieurs secteurs, de moteur du développement. * F. N. H. : Le Maroc a adhéré dernièrement à lUnion pour la Méditerranée. Et il a également signé plusieurs accords de libre-échange alors que lespace maghrébin est quasi stagnant. LUMA serait-elle une utopie ? * D.A.M. : LUMA nest pas une utopie. Cest une nécessité. Il viendra un temps où cette nécessité simposera à tous. Elle simposera soit parce que les différents protagonistes, touchés par la grâce divine, sauront être intelligents et mettront de côté leurs différends, soit parce quils en découdront jusquà lépuisement et finiront, après avoir perdu beaucoup de temps, gaspillé beaucoup de ressources et subi bien des blessures, par revenir à la raison. La raison, jen suis convaincu, cest la construction du Maghreb. * F. N. H. : Lenseignement est une priorité nationale qui exige beaucoup de ressources alors que les résultats sont largement en deçà des objectifs. Il a fait lobjet de plusieurs réformes qui se sont soldées par un échec. Peut-on conclure que sa restructuration est une mission impossible ? * D.A.M. : Vous avez raison de poser une telle question plus que jamais, dans le contexte actuel. Cest làdessus que se jouera à moyen et long termes le sort du Maroc. La réforme nest pas impossible, même si les carences sont criantes à tous les niveaux. Il y a des mesures courageuses quil faudra prendre en matière de décentralisation, de financement, dencadrement, de contenu et de langue denseignement. En attendant, la multiplication des ilots dexcellence et des expériences hors du système public doit être encouragée par tous les moyens afin davancer dans la bonne direction.