* Lindice du coût de la vie (ICV) a enregistré une baisse de 1% par rapport à lannée précédente, même si lindice des produits alimentaires sest apprécié de +0,8%. * La flambé des prix na concerné que les produits alimentaires et ce sont les couches sociales les moins favorisées qui en souffrent le plus. Au moment où la majorité des citoyens marocains déplore la hausse des prix, les établissements publics (HCP, BAM ) affirment que lindice du coût de la vie (ICV) a enregistré une baisse de 1% par rapport à lannée précédente, pour sinstaller à 2,2%. Cela a poussé le simple citoyen à considérer que ces statistiques ne représentent pas la réalité économique. Cette baisse de lICV restera incompréhensible sans une analyse des éléments le constituant. En effet, touchant directement les couches sociales les moins favorisées, lindice des produits alimentaires a enregistré pendant les cinq derniers mois une hausse de +0,8%, avoisinant le niveau de 3,5%, mais limpact de cette augmentation na pas été remarquable sur lICV général à cause de la chute libre enregistrée, dès le début de lannée, de lindice des produits non alimentaires (-1,6%). Les analystes du ministère des Finances et de la Privatisation expliquent cette baisse par «la décélération des prix des transports et communications dont le rythme daccroissement est devenu négatif (-2,2% à fin septembre 2007), après une hausse remarquable de 10,2% à fin septembre 2006». Hausse du prix des produits alimentaires Parmi les principales causes de laugmentation des prix des produits alimentaires, la hausse des cours des céréales à léchelle internationale pendant une année où la production nationale était largement déficitaire. En effet, la production de céréales a enregistré lannée 2006/2007 une baisse draconienne pour se situer à 21 millions de quintaux, soit un déficit de production, par rapport à lannée précédente, de 80%. Cette forte fluctuation a toujours caractérisé la production de céréales, dautant plus que la majeure partie de la production est assurée par une agriculture-bour. Par conséquent, le faible niveau de pluviométrie affecte directement la production et ce sont les marchés internationaux auxquels le Maroc a recours pour combler le déficit. Selon léconomiste Driss Benali, «lanalyse du choix de sapprovisionner sur les marchés internationaux fait intervenir plusieurs éléments. Par exemple, si le Maroc décide de consacrer une partie de lagriculture à la production des céréales, il ne faut pas nier le fait que notre pays soit soumis à des cycles irréguliers de sécheresse. Cela rend cet objectif de première nécessité difficile à atteindre, surtout avec laccroissement des changements climatiques». En contrepartie, ajoute-t-il, «le Maroc a décidé dabandonner la culture des céréales en considérant que cette agriculture nest pas rentable et quon peut sapprovisionner sur les marchés internationaux. Ce choix a été pris à un moment où les prix de cette matière se situaient à des niveaux relativement rationnels. Cependant, lintervention des nouveaux pays émergents tels que la Chine et lInde sur les marchés internationaux a eu comme conséquence laugmentation des prix. Il ne faut pas oublier le fait quune partie de plus en plus importante des céréales est consacrée aujourdhui à des besoins énergétiques». «Tout cela a accéléré laugmentation des prix des céréales au niveau international, ce qui constitue un handicap notamment pour un pays comme le Maroc où une partie importante de la demande est assurée par les marchés internationaux», conclut-il. Production locale vs recours à létranger Le choix dassurer lalimentation du marché national par une production locale de céréales reste un objectif difficile à atteindre. À titre dexemple «le Royaume a décidé dès les années 70 dassurer lalimentation du marché national en matière de sucre par une production nationale. Cependant, plusieurs analystes critiquent, actuellement, ce choix à cause du coût élevé de production», explique Driss Benali. En revanche, il constate que «le Maroc a limité sa dépendance vis-à-vis des marchés internationaux tout en achevant un niveau élevé de savoir-faire dans ce domaine». Le fait dadopter une politique totalement libérale par lapprovisionnement sur les marchés internationaux risque de soumettre la sécurité alimentaire aux aléas des marchés internationaux. La meilleure preuve de ce constat est la secousse des cours des céréales au niveau international qui a été suivie dun climat dinstabilité des prix pendant plus de deux mois sur le marché national. Cette hausse des prix, accompagnée dune flambée générale des denrées de première nécessité (huile, lait ), a engendré une crise sociale qui est arrivée à son paroxysme notamment chez les couches sociales les moins favorisées. Normalement, «laugmentation de lICV se répercute sous forme dune baisse générale du pouvoir dachat. Mais comme la hausse na concerné que les produits de première nécessité, ce sont les couches sociales les moins favorisées qui vont en souffrir le plus, puisque la majeure partie du budget des ménages de cette couche sociale est consacrée à des biens de subsistance», stipule Driss Benali.