* «La Kahina» est le dernier ouvrage de l'écrivaine tunisienne Gisèle Halimi, connue à la fois pour sa lutte pour l'indépendance des peuples et son militantisme féministe. * Gisèle Halimi sera au Maroc le 8 février courant pour présenter son ouvrage. Gisèle Halimi a préféré remonter très loin dans l'histoire politique de l'Afrique du Nord. Et plus précisément au VIIème siècle, au temps où une reine surnommée «Al Kahina» (La Prêtresse) avait réussi à refaire l'unité politique de son pays pour faire face aux incursions étrangères. La récupération de ce symbole, qui a été malgré tout travaillé par la propagande romaine de l'époque, montre une nouvelle approche adoptée par Gisèle Halimi, toujours fidèle à la cause féministe. La recherche d'un travail d'analyse historique est très claire dans ce roman où seule Gisèle Halimi semble avoir décelé les causes réelles qui l'ont amenée à étudier ce personnage historique peu connu. Toujours est-il que le choix de l'écrivaine est facilement explicable dans le climat actuel des relations internationales. D'ailleurs, ce n'est pas la Kahina qui est ressuscitée dans l'histoire de l'Afrique du Nord, une série d'uvres parues en 2006 semble avoir choisi cette «mode» des figures mythiques de l'Afrique du Nord au moment où la conquête arabo-musulmane voulait arracher ces terres aux Romains et à leurs vassaux qui régnaient en Afrique. L'inconvénient de cette démarche est que la fiction empiète sur les réalités historiques. Alors que ce sont deux genres littéraires qu'il faut absolument se garder d'amalgamer. Dans ce registre, parler de La Kahina en tant que femme qui a tenu tête à toutes les velléités étrangères (essentiellement la conquête arabo-musulmane) aurait été intéressant si Gisèle Halimi n'avait pas trop insisté sur certaines spécificités qui nourrissent des suspicions dans l'imaginaire des lecteurs maghrébins. Il faut souligner d'un autre côté que Gisèle Halimi a été engagée dans plusieurs causes. Après avoir milité pour l'indépendance de l'Afrique, elle avait farouchement dénoncé les tortures pratiquées par l'armée française. Elle est aussi connue pour avoir défendu les militants du Mouvement National Algérien qui étaient poursuivis par la Justice française. Gisèle Halimi fait partie des fondateurs du mouvement altermondialiste «ATTAC».