* L'intégration de la dimension d'égalité entre les sexes ou «dimension genre» dans le processus de planification et de programmation budgétaire au Maroc s'inscrit dans un environnement national favorable au changement. * La Budgétisation sensible au genre se matérialise par l'évaluation de l'impact des dépenses publiques tant sur les hommes que sur les femmes et les enfants. Le programme Budgétisation sensible au genre (BSG), mis en uvre au Maroc par le ministère des Finances et de la Privatisation depuis 2002, en est aujourd'hui à sa deuxième phase. A cet égard, le ministère des Finances et de la Privatisation et le Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) ont organisé lundi dernier une rencontre internationale d'évaluation du Programme de budgétisation sensible au genre. Cette rencontre a été présidée par le ministre des Finances et de la Privatisation qui, dans son allocution, a tenu à rappeler les objectifs dudit programme. Selon le ministre des Finances, la Budgétisation sensible au genre a pour objectif de tenir compte des préoccupations et des intérêts différenciés des femmes, des hommes, des filles et des garçons lors de la formulation, l'exécution et l'évaluation des politiques publiques. «Ce processus de réformes est un choix politique majeur qui traduit la volonté du Maroc de maîtriser sa transition démocratique, de réussir sa modernisation et de garantir les conditions d'un développement durable en phase avec la globalisation et les exigences de bonne gouvernance qu'elle interpelle», souligne F. Oualalou. L'élaboration annuelle du rapport genre est aujourd'hui une réalité qui accompagne la Loi de Finances depuis 2005. Elle s'inscrit par ailleurs dans le cadre de la réforme budgétaire en cours à travers la mise en uvre de la gestion budgétaire axée sur les résultats. Le but d'une telle démarche est d'instaurer une véritable culture d'évaluation qui se propose d'appréhender les impacts des ressources budgétaires allouées sur les populations ciblées. Elle contribue également à la mise en place d'une nouvelle culture de la dépense basée sur la recherche de la performance et l'évaluation des résultats au regard d'objectifs de développement préalablement définis. Ce séminaire d'évaluation constitue un espace privilégié de réflexions autour de l'identification des actions clés et des ajustements à mi-parcours à mettre en uvre par les pays partenaires afin de parvenir aux résultats attendus du programme. Cette rencontre a été aussi un moment de rencontre entre les pays partenaires du Programme de budgétisation sensible au genre en Équateur, au Maroc, au Mozambique et au Sénégal. A rappeler que la BSG cible les cycles budgétaires pour les années 2006-2009 dans les quatre pays. Elle s'inscrit dans la continuité d'un précédent programme de l'UNIFEM (2001-2004) qui a initié la BSG dans plus de 30 pays en Asie, en Afrique et en Amérique Latine. Intervenant au cours de cette rencontre, Mohamed Chafiki, Directeur des Études et des Prévisions Financières, a tenu à rappeler le contexte dans lequel est née l'introduction de la BSG dans notre pays. Ce programme s'inscrit dans le cadre du renforcement du processus démocratique (code des libertés publiques, code de la famille, code de la nationalité ). Le contexte est aussi marqué par la modernisation des secteurs publics et le renforcement de la gouvernance. Et sur le plan international, la conjoncture est aussi marquée par la ratification de la convention qui vise à éliminer la discrimination à l'égard des femmes. Elle se caractérise aussi par l'engagement du Maroc à la mise en uvre de l'initiative 20-20 ( 20% des dépenses budgétaires de l'Etat et 20% de l'aide extérieure au financement des services sociaux de base). Premières retombées de la BSG Mohamed Chafiki a mis en exergue l'effort soutenu au profit des secteurs sociaux. A cet effet, il rappelle que 55% du Budget général de l'Etat est alloué aux secteurs sociaux contre 41% en 1992. A noter également une amélioration des infrastructures rurales : l'accès à l'eau potable a atteint 73,5% des ménages ruraux en juin 2006 contre 14% en 1994 ; 84% de la population rurale raccordée à fin juin 2006 contre 17% en 1996. Pour la première fois, le Budget national marocain pour l'année 2006 comprend une annexe spéciale sur la manière d'aborder les priorités en matière d'équité de genre. Rendue possible grâce au soutien financier du gouvernement belge et de la Commission européenne, l'initiative marocaine de Budgétisation sensible au genre doit et continue de s'instaurer au ministère des Finances ainsi que dans les autres ministères aux niveaux national et local. Le ministère des Finances et de la Privatisation poursuivra l'élaboration du Rapport Genre qui accompagne les documents de présentation de la Loi de Finances avec, en 2008 : la poursuite de l'organisation d'ateliers techniques visant la formation et la sensibilisation des personnes clés chargées de l'élaboration des budgets et l'intégration de nouveaux départements partenaires. Parmi les facteurs clés du succès de la BSG, nous pouvons citer : le renforcement de l'engagement politique et l'adhésion des différents intervenants pour la Budgétisation sensible au genre ; la consolidation des capacités institutionnelles des différents ministères pour le développement d'indicateurs de performance sensibles au genre ; l'affinement de l'appareil statistique dans le sens d'une gendérisation des données et indicateurs et d'un ciblage géographique de la pauvreté-inégalités à travers notamment la gendérisation de la carte de la pauvreté et le développement d'une communication institutionnelle en la matière.