Dans un contexte où Casablanca s'inscrit dans le projet d'une ville inclusive et durable, Lydec a développé plusieurs projets combinant l'approche intelligente à celle de la préservation des ressources. Détails avec Saad Azzaoui, directeur du Patrimoine à Lydec. Finances News Hebdo : La ville de Casablanca organise son premier Smart City du 17 au 20 mai. Comment Lydec compte-t-elle y contri-buer ? Saad Azzaoui : A quelques mois de la COP22, qui sera pour le Maroc l'opportunité de présenter sa vision et son expérience en matière de développement durable, Casablanca abrite jusqu'au 20 mai, le Smart City Africa (Smart City Expo et Smart City Connect). Un événement qui a pour objectif de fournir des solutions aux défis majeurs auxquels sont confrontées les villes aujourd'hui et de réfléchir à un modèle de ville durable. En tant qu'opérateur structurant des services de distri-bution d'eau potable et d'électricité, d'assainissement liquide et d'éclairage public, Lydec est consciente de sa contribution concrète au développement durable de la ville de Casablanca. Cet enjeu majeur représente, en effet, pour l'entreprise un axe structurant de son Plan d'actions développement durable 2020 (PADD 2020) qui s'articule autour de 4 engagements et 20 objectifs. Dans notre engagement 3, nous nous fixons comme défi «d'innover dans nos métiers pour contribuer à la performance économique et environnementale du Grand Casablanca». Parmi nos objectifs aussi, celui de proposer des solutions optimisées et adaptées aux enjeux de la ville de demain. F.N.H. : Casablanca s'inscrit dans le projet d'une ville intelligente. Quel rôle sont appelés à jouer les délégataires en tant que prestataires de services de base pour soutenir une telle ambition ? S. A. : Les villes et métropoles des pays émergents sont particulièrement concernées par les enjeux de la croissance démographique, l'urbanisation galopante, la rareté des ressources et le changement climatique. Casablanca, qui vient d'être sélectionnée par l'Institut américain du génie électrique et électronique (IEEE) pour intégrer le projet «Villes intelligentes», devra réflé-chir à un nouveau modèle de ville durable pour demain et au rôle que doivent jouer ses différents acteurs dans sa mise en oeuvre. La ville de Casablanca est véritablement le poumon économique et le coeur démographique du Maroc, avec ses 4,2 millions d'habitants représentant 12,6% de la population nationale (dont 30% ont moins de 15 ans) et 55% des unités de production nationales basées sur son territoire produisant l'équivalent de 30% du PIB national. Il est ainsi prévu que la ville atteigne 5,1 millions d'habitants en 2030 et que son rythme d'urbanisation augmente de 300 à 600 ha par an. Cet étalement urbain provoque ainsi de fortes pressions sur les ressources naturelles. On estime aujourd'hui que Casablanca représente 25% de la consommation nationale d'électricité. Face à ces évolutions, le rôle des opérateurs évolue pour passer de celui de gestionnaire de réseaux à celui de chargé de la gestion intelligente et durable des res-sources. Pleinement consciente de cette révolution en marche, Lydec souhaite faire évoluer ses métiers, son savoir-faire et son expertise dans ce sens. La révolu-tion de la ressource et la révolution digitale sont pour nous de véritables opportunités pour accompagner et construire la ville durable de demain. F.N.H. : Sur le plan stratégique, comment Lydec se prépare-t-elle pour cette migration de Casablanca vers une ville inclusive ? S. A. : Lydec a développé plusieurs projets combinant l'approche intelligente à celle de la préservation des ressources, et ce, dans ses différents métiers contri-buant ainsi à la construction de la ville durable de demain. Ainsi, et afin de mieux gérer l'éclairage public de la métropole, Lydec a mis en place deux nouvelles technologies : La modulation de l'éclairage public à travers la mise en place d'une vingtaine de stabilisateurs-réducteurs de tension permettant de réduire de 30% l'énergie consommée (à partir de minuit). La gestion à distance du réseau d'éclairage public par points lumineux (envoi d'alertes SMS en cas de défail-lances). Ainsi, des foyers lumineux situés sur le bou-levard Roosevelt et sur un boulevard de la commune d'Aïn Harrouda sont déjà équipés de cette technologie innovante. Ce qui permet de programmer à distance les profils du niveau d'éclairement par chaque point lumineux. Cette technologie permet aussi de surveiller à distance le bon fonctionnement du foyer lumineux et de réguler ainsi la consommation de l'énergie. Par ailleurs, et au regard de leur performance au niveau de sites pilotes, les technologies LED que Lydec teste depuis quelques années déjà sont de plus en plus déployées dans le réseau, notamment dans les villes nouvelles. Dans le domaine de l'électricité, le processus de sec-torisation est un autre exemple de gestion intelligente des réseaux. Ainsi, les réseaux ont été divisés en tron-çons homogènes sur lesquels les flux sont mesurés, enregistrés et analysés. F.N.H. : Et pour le service de distribution de l'eau potable ? S. A. : C'est le secteur où les applications «smart» ont évolué le plus rapidement. Dans ce sens, nous avons développé une panoplie d'outils «Smart Water» qui contribuent concrètement à la gestion durable de la ressource en eau, car permettant de lutter contre les fuites d'eau. Grâce à ces techniques innovantes, ce sont plus de 38 millions de m3 d'eau potable qui ont été économisées en 2015 par rapport à 1997, soit l'équivalent de la consommation annuelle en eau d'une ville de plus d'un million d'habitants. «Aquadvanced» et «ENF Géo» sont deux nouveaux outils SI de monitoring développés respectivement par Suez et Lydec dans le but de permettre un suivi précis et une prise de décision rapide. Parallèlement et afin d'assurer une surveillance en permanence de la performance du réseau (augmen-tions des pertes, manque de pression, casses...), Lydec a déployé différents capteurs pour la récupéra-tion des données quotidiennes (pression, débit, bruits de fuites). Ces technologies permettent notamment de détecter le déclenchement d'une fuite sur canalisation ou branchement dans un délai inférieur à une semaine. Des détecteurs acoustiques ont également été installés sur l'ensemble du réseau. En 2014, Lydec a «écouté» près de 3.500 km de réseaux lors d'opérations d'ins-pections nocturnes. Plus de 850 fuites sur conduite ont été détectées et réparées, ainsi que près de 18.600 fuites sur branchements et postes de comptage. La structuration intelligente du réseau d'eau potable de Casablanca permet aujourd'hui une réduction des débits de fuite (environ -450 l/s), une réduction des fréquences des casses (-20%) et aussi un meilleur signalement des fuites. En deux jours seulement, nous avons pu détecter et réparer des fuites invisibles de 30 l/s. F.N.H. : Quels sont les outils smart que vous mettez à disposition des habitants casablancais ? S. A. : Nous déployons l'approche «smart» à tous les niveaux, notamment auprès de nos clients. Depuis fin 2011, Lydec met à leur disposition une application mobile leur permettant de régler leurs factures en ligne sans avoir à se déplacer en agence, ce qui contribue à la limitation des émissions de gaz à effet de serre issues des déplacements. L'application permet aux utilisateurs de suivre aussi leurs consommations men-suelles, de formuler une demande d'informations ou une réclamation ou de signaler un incident avec la possibilité de joindre des photos. Les clients peuvent également demander à être alertés par SMS en cas de hausse inhabituelle de leur consommation.