* En moins de cinq ans, le prix du kilo de lescargot est passé du simple à plus du triple, lexport aidant. * Chez les grossistes, lhygiène fait défaut et le contrôle sanitaire semble inexistant. * Très convoité, lescargot ne fait pas lobjet dune héliciculture proprement dite au Maroc. Maître escargot sur une tombe perché, suis-je tentée de dire ! Eh oui, il paraît que les escargots ramassés dans les cimetières sont meilleurs (sic !), apparemment en raison dune végétation favorable. La collecte se fait notamment en milieu rural où les ramasseurs connaissent bien les endroits et les caches hivernales où se réfugient les escargots. À larrivée de la saison froide, cest lengouement et lenthousiasme que suscite ce mollusque gastéropode auprès de toutes les catégories sociales. Depuis longtemps apprécié pour ses qualités gustatives, puisque comme tous les mollusques, l'escargot est un phytophage qui se nourrit d'aliments verts. Mais ce nest là que la face évidente de cette activité qui commence par le ramassage et passe par des enchères avant datterrir dans des bols à 5 DH. Pour se rendre compte de lampleur du commerce auquel donne lieu cette bestiole appartenant à lordre des stylommatophores, un tour au marché Jmiaâ à Casablanca suffit. Ce marché, qui englobe dautres commerces, réunit une dizaine de grossistes descargots dispersés et qui achètent les collectes auprès dagriculteurs, ramasseurs, enfants, femmes bref, la main-duvre quemploie cette activité est hétéroclite. Peu importe pour le ramasseur, les escargots sont classés par taille. Évidemment, les plus gros sont les plus chers. Lhygiène semble terriblement faire défaut et si lon se réfère à un vendeur croisé sur place, aucun contrôle sanitaire nest prévu si ce nest en cas dintoxication pour lescargot. Et bien évidemment, il y a le contrôle avant lexportation de ce mollusque gris. Son prix varie selon les saisons et les lieux de provenance, mais la moyenne générale se situe autour de 30 DH, soit une évolution de 200 % en cinq ans seulement. Cette situation a été provoquée par une arrivée de cinq opérateurs sur le marché qui sont beaucoup plus orientés vers lexport. Comme en témoignent les exportations marocaines de ce produit, à fin octobre 2005, elles ont totalisé 24,5 MDH, soit une stabilisation par rapport à 2004 (25,9 MDH) daprès les chiffres du département des statistiques de lOffice des changes. Par pays destinataires, 78 % des exportations vont vers lEspagne. Le reste est orienté sur lItalie, le Portugal, le Canada et les Etats-Unis. Mais les potentialités de cette petite bestiole ne sont pas totalement exploitées, bien au contraire. Un marché à promouvoir On ne peut pas prétendre que le Maroc dispose dune héliciculture proprement dite. En effet, malgré de rares expériences, il nexiste pas de fermes délevage descargots. La collecte se fait de manière artisanale ne contribuant pas ainsi à promouvoir davantage les exportations ni la consommation domestique. De même quà lheure où un voisin comme la Tunisie déploie dimportantes mesures pour encourager la structuration de lactivité en secteur proprement dit, tablant sur le fait que les pays grands consommateurs d'escargot comme la France et l'Italie sont voisins et liés à la Tunisie par plusieurs accords commerciaux. Au Maroc, la chose semble beaucoup plus artisanale. Et puis si le ramassage est interdit en Tunisie pendant les mois de mars, avril, mai (période de reproduction-croissance) pour protéger les espèces descargots existantes, au Maroc il nen est rien. Même sur le plan culinaire, la majorité des Marocains ne connaissent lescargot que sous sa forme «Ralala» avec son bouillon «Lbloul». De même que les exportations ne concernent que lescargot vivant, alors que les demandes exprimées convergent vers des produits surgelés ou traités.