Une semaine après la publication des comptes d'Alliances, avec une perte astronomique de près de 2 Mds de dirhams, les opérateurs se demandent s'il faut encore faire confiance à la portée du plan de restructuration du groupe. Une situation qui provoque une grande volatilité du cours. Entre impossible de se projeter ou même de parier sur l'issue de cette affaire pour certains, et impossible de faire pire pour d'autres, les investisseurs en Bourse sont tiraillés. Explications. Alliances est une entreprise systémique et les risques systémiques, par construction, peuvent avoir des conséquences sur toute la nation. D'ailleurs, pendant plusieurs années, les dirigeants du groupe ont beaucoup joué sur cette logique pour continuer à recevoir des financements, malgré la dégradation de la situation financière. Ajoutez à cela ce que Ahmed Ammor, DG du Groupe, a décrit comme «une erreur» (une ouverture sur des activités qui ne sont pas la spécialité du groupe, avec notamment l'achat des entreprises EMT qui opèrent plus dans le BTP que dans l'immobilier) et vous tombez sur la situation que l'on connaît aujourd'hui, où même les fournisseurs ne souhaitent plus traiter avec le promoteur. Comment s'en sortir ? Renégocier les dettes, augmenter le capital, se défaire des activités à risque, se détacher complètement du BTP et d'EMT et promettre une meilleure gestion de l'exploitation. La majorité de ces points-ci ont été annoncés et détaillés par le management l'été dernier (www.financenews.press.ma). Seuls quelques éléments nouveaux ou supplémentaires ont été apportés la semaine dernière, notamment avec la publication des comptes. Ce que révèlent les comptes d'Alliances L'actif immobilisé a baissé de 500 MDH en 2015, alors que le total actif a baissé de 3 Mds de dirhams d'une année à l'autre. Une situation en lien avec la cession de certains actifs pour libérer du cash ou du New money, comme aiment à l'appeler les dirigeants d'Alliances. Ahmed Ammor a expliqué que les cessions ont été réalisées au prix du marché et que le groupe n'a pas bradé ses biens. Pourtant, le résultat non courant montre qu'il y a tout de même eu des compromis quelque part. En face, les capitaux propres affichent un solde de 1,4 Md de dirhams en 2015, soit un montant inférieur aux pertes estimées à 1,824 Md de dirhams. Cela dit, les capitaux propres consolidés demeurent positifs avec un solde de 1,88 Md de dirhams, contre plus de 3,9 Mds un an auparavant. Concernant la formation du RNPG, Alliances a dégagé un chiffre d'affaires de 944 MDH, contre 2,9 Mds de dirhams en 2014. Ses charges d'exploitation ont baissé pour atteindre 2,1 Mds de dirhams, contre 4 Mds de dirhams en 2014. Les comptes sociaux révèlent, par ailleurs, que le pôle logement social, porté par Alliances Darna, était quasiment à l'arrêt, avec une baisse importante des charges d'exploitation. Le groupe s'est contenté de gérer l'existant. Cela dit, la baisse des charges d'exploitation (en consolidé) n'a pas permis de réduire les pertes d'exploitation. Bien au contraire, le promoteur affiche un résultat d'exploitation négatif de 1,2 Md contre -496 MDH en 2014. Le résultat financier demeure stable entre 2014 et 2015, ce qui est déjà une bonne chose, alors que le résultat non courant affiche une perte de 71 MDH, contre 52 MDH en 2014. Au final, c'est le résultat d'exploitation qui a provoqué la baisse du RNPG. Ce dernier s'établit donc à - 1,82 Md de dirhams, contre - 966 MDH en 2014. Des résultats positifs en 2016 ? C'est la question qui divise les opérateurs. D'aucuns estiment que la restructuration peut encore provoquer des charges non courantes si la cession annoncée du parc Sindibad et l'éventuelle cession de la station Lixus (qui fait partie des options qu'étudie le management) ne se font pas avec des plus-values. D'autres pensent qu'il sera très difficile de battre le record de pertes de 2015. Cette différence de perception a provoqué une grande volatilité du cours après la publication des comptes. Le Directeur général du groupe, lui, est confiant et annonce avec fermeté une situation bénéficiaire en 2016. Ammor explique par ailleurs qu'un plan stratégique est en cours de réalisations: «Alliances 2020». Il promet ainsi un chiffre d'affaires de 3,9 Mds en 2016, contre 944 MDH en 2015. Un chiffre d'affaires qui grimpera ensuite à 4 Mds de dirhams en 2017, puis à 4,5 Mds de dirhams en 2018. L'endettement net sera ramené à 3,6 Mds en 2016, contre 7,29 Mds de dirhams en 2015, puis 3,2 Mds en 2017 et 2,7 Mds en 2018. Désormais, les résultats semestriels de 2016 seront un excellent indicateur sur la pertinence de cette restructuration. Mais une chose est sûre, il y a beaucoup de travail à faire !