Réunion du groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers Marrakech (15 et 16 décembre 2014) Devant la prolifération des actes de terrorisme qui touchent plusieurs régions du monde notamment la Syrie, l'Irak, la Somalie, le Yémen, le Sahel, le Nigéria et le Maghreb, la communauté internationale s'en inquiète beaucoup, surtout après les derniers actes de barbarie qui ont consisté dans la décapitation de personnes civiles innocentes. C'est ainsi que lors d'une réunion ministérielle à New York le 22 septembre 2011 a été créé le Forum global de lutte contre le terrorisme. Formé de 29 pays des différents continents dont le Maroc, ce Forum est une plateforme de coordination et de coopération entre les Etats membres dans la lutte contre le terrorisme international. Il réunit régulièrement des décideurs et des praticiens à côté des experts des Nations unies et d'autres organisations multilatérales. Plus précisément, il vise à renforcer l'architecture internationale de lutte contre le terrorisme, et la mise en oeuvre d'une démarche stratégique à long terme pour faire face à cette menace. Pour cela, le Forum identifie les besoins urgents, met au point des solutions, et mobilise les ressources nécessaires. Le Forum global de lutte contre le terrorisme se compose d'un Comité de coordination coprésidé par les Etats-Unis et la Turquie, et de 5 groupes de travail sur la justice pénale, la lutte contre l'extrémisme violent, la région du Sahel, la région de la Corne de l'Afrique, la détection et la réinsertion. A ces groupes de travail, il faut ajouter l'initiative lancée par le Maroc et les Pays-Bas en Septembre 2013 sur la thématique des combattants terroristes étrangers. Le financement de ce Forum est assuré par les Etats membres dont les Etats-Unis qui ont déjà versé 230 millions de dollars. Le Comité de coordination a tenu plusieurs réunions dont la cinquième a eu lieu à Rabat les 2 et 3 avril 2014. Le choix du Maroc pour la tenue de cette réunion témoigne de la reconnaissance de sa stratégie de lutte contre le terrorisme, et sa volonté de privilégier l'approche de coopération globale pour faire face à ce fléau. Les 15 et 16 décembre 2014 à Marrakech s'est ouvert la réunion plénière inaugurale du groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers. Cette réunion a eu notamment pour objet la mise en oeuvre du Mémorandum de la Haye-Marrakech sur les bonnes pratiques pour répondre plus efficacement au phénomène des combattants terroristes étrangers. En effet, suite au lancement de l'initiative par le Maroc et les Pays-Bas de la thématique des combattants terroristes étrangers en septembre 2013, trois réunions d'experts ont eu lieu au cours de l'année 2014 respectivement à la Haye, Marrakech et Abu Dhabi. Ces réunions ont abouti à l'élaboration d'un Mémorandum sur les bonnes pratiques pour lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers, qui a été adopté par le 5ème réunion ministérielle du Forum tenue à New York le 23 septembre 2014, et qui a hissé l'initiative au rang de groupe de travail co-présidé par le Maroc et les Pays-Bas. Il faut noter que le Conseil de Sécurité de l'ONU qui s'est réuni à New York le 24 septembre 2014 sous la présidence de Barack Obama a pris note du Mémorandum de la Haye-Marrakech, et a adopté la résolution 2178 portant sur les combattants terroristes étrangers. Cette résolution définit le combattant terroriste étranger comme un «individu qui se rend dans un Etat autre que l'Etat de résidence ou de nationalité, afin de commettre, organiser ou préparer des actes de terrorisme». Le Conseil a estimé le nombre de combattants terroristes étrangers à 15.000, provenant de 80 pays qui sont allés rejoindre plusieurs organisations terroristes telles que Daesh, Front Al Nosra, Boko Haram et Chebab. Le Conseil s'est inspiré du Mémorandum de la Haye-Marrakech qui contient une série de 19 recommandations portant sur la détection de l'extrémisme violent, le recrutement et la facilitation des combattants terroristes étrangers, la détection des activités de voyage et de combat, la problématique du retour au pays d'origine, ainsi que les interventions et les solutions à y apporter. En conclusion, on ne peut que saluer l'action pertinente du Maroc et de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme qui est l'une des principales menaces contre la paix et la sécurité dans le monde. Ceci alors que cette menace s'élargit et s'intensifie, touchant un nombre croissant d'Etats dans la plupart des régions du monde, et affectant leur stabilité politique, leur cohésion nationale, et même les fondements de leur existence. Pour apporter une solution efficace à ce grave fléau, il faut étudier les causes de ce phénomène qui sont à rechercher sur les plans politique, économique, religieux, social, et culturel. D'où la nécessité de solutions multidimensionnelles ne privilégiant pas uniquement le volet répressif. Jawad Kerdoudi Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)