Au Maroc, l'assurance vie commence à prendre de l'envol, même si elle est loin d'avoir atteint sa vitesse de croisière. Les résultats positifs affichés par certaines compagnies augurent-ils enfin d'une période plus prospère ? Les résultats publiés jusqu'à présent par quelques compagnies d'assurances cotées augurent d'une évolution de la branche vie pour l'année 2014. Lentement mais sûrement, cette couverture commence à imprégner les habitudes d'une frange de Marocains. Rappelons que cette branche regroupe deux grandes familles de produits. Il existe d'abord les produits classiques d'assurance sur la vie, appartenant à ce que les professionnels du secteur appellent communément «la grande branche»; et on retrouve, par ailleurs, les produits de capitalisation, dits «produits d'épargne». Les premiers correspondent à tout ce qui est garanti en cas de décès ou au cours de la vie de l'assuré. Les seconds sont ceux qui permettent à l'assuré de constituer une épargne par le biais de versements réguliers. Il y a une décennie, ce type de produits n'était pas la tasse de thé d'un bon nombre de Marocains, et ce pour différentes raisons (pouvoir d'achat, religion...). Entre les coûts prohibitifs et les interdits de l'Islam, il est difficile de convaincre les Marocains d'acheter un produit dont ils ne vont bénéficier qu'en cas de décès. Au meilleur des cas, Ils préfèrent s'abstenir. Il serait hasardeux de dire que la donne a complètement changé. Mais, il faut reconnaître qu'un engouement de la population pour ces produits se manifeste d'ores et déjà. Toujours est-il qu'il ne faut pas perdre de vue le fait que certains produits sont obligatoires en guise de garanties pour pouvoir bénéficier des crédits bancaires. Ce qui permet de rehausser les primes émises y afférentes. Les chiffres, tels que publiés par la Fédération marocaine des sociétés d'assurance, font montre qu'au cours des trois dernières années, la branche vie a affiché une évolution de 15,9% au cours de l'exercice 2010/2011. A fin 2012, elle a enregistré une hausse de 14,5%, mais au terme de 2013, elle rompt avec la performance, puisque la variation était négative de l'ordre de 2,7%. Une baisse qui, selon les dires des professionnels, trouve son origine dans le tassement du marché financier et les effets de la crise financière qui pèsent de tout leur poids sur le volume de l'épargne, en général, et sur celle individuelle, en particulier. «En période de crise, nombreux sont les épargnants qui préfèrent mettre un terme à leurs contrats en procédant au rachat, et ce malgré le poids fiscal», explique un assureur. 2014 : la hausse serait-elle de retour ? Après une évolution en dents de scie, les hausses constatées au premier semestre de l'année en cours peuvent-elles être considérées comme le prélude à une période plus prospère ? Au terme du 1er semestre 2014, Wafa Assurance réalise un chiffre d'affaires de 3.217 MDH, en hausse de 7%. Le résultat est essentiellement tiré par la branche Vie qui croît de 14,1% par rapport au premier semestre 2013 à 1.435 MDH. «Cette hausse est tirée principalement par l'activité Epargne qui enregistre un chiffre d'affaires de 1.034 MDH, en hausse de 18,3%», explique Driss Bencheik, Président Directeur général de Wafa Assurance à l'occasion de la conférence dédiée à la publication des résultats relatifs au premier semestre 2014. Cette activité qui représente 70% des revenus de la branche vie, sa progression, Wafa Assurance la doit au réseau bancaire d'Attijariwafa bank. L'effet bancassurance ayant joué de manière proéminente. Selon le management de Wafa Assurance, la baisse des tensions sur les liquidités pendant ce semestre a permis aux commerciaux du réseau d'orienter leurs ventes vers des produits d'épargne, chose qui était plus difficile lorsque la banque engageait une bataille frontale pour récolter des dépôts bancaires plus classiques. Ainsi, c'est un peu plus de 1,78 Md de dirhams qui a été réalisé sur cette activité pendant ce semestre. «Cette ascension de la branche vie n'est pas propre à Wafa Assurance, mais elle reflète la tendance de l'ensemble du secteur», confirme son PDG. Autre compagnie ayant bénéficié de l'effet de la bancassurance, il s'agit d'Atlanta. Le chiffre d'affaires Vie a enregistré une hausse de 12,1% au premier semestre 2014, contre 7,9% au S1 2013. Cette dernière commercialise ses produits essentiellement à travers le réseau de CIH Bank. Un effet levier qui va se renforcer davantage avec l'entrée du CIH dans le tour de table. A priori, il est difficile d'affirmer que la branche Vie entame sa vitesse de croisière en se basant seulement sur les prouesses enregistrées par quelques compagnies de la place. Certes, les variations sont palpables, mais rien n'est encore sûr. Toujours est-il que sur le plan global, la reprise du marché financier qui se dessine à l'horizon pourrait booster la branche vie. De même, l'imbroglio autour de la réforme de la retraite qui commence à tarauder sérieusement l'esprit des ménages, pourrait être considéré comme un alibi de taille pour inciter ces derniers à souscrire à une retraite complémentaire afin de sécuriser leurs vieux jours ou même à épargner pour assurer l'avenir de leur progéniture. Il est temps que l'assurance vie s'impose comme un outil incontournable de placement sur un marché où ces instruments sont jugés insuffisants. L'idée de proposer de nouveaux produits plus dynamiques, avec des supports de placement plus intéressants, en termes de performances à long terme, serait très louable, mais à condition que le marché financier performe à son tour.