Lors des 20 prochaines années, le Maroc, qui compte six grands pôles portuaires, devra consacrer près de 20 Mds de DH dans l'activité portuaire et maritime dans l'optique de s'ériger durablement comme une plateforme logistique majeure du pourtour méditerranéen. L'activité portuaire a progressé de 9% l'année dernière, avec un volume global de 100 millions de tonnes. Cette belle performance contraste radicalement avec la situation chaotique que traverse le pavillon maritime marocain. A en croire le ministère de l'Equipement et du Transport, la flotte nationale risque tout simplement de disparaître. Jusqu'à l'année dernière, elle ne comptait que 15 navires. L'existence de deux façades maritimes conférant au Maroc un littoral de 3.500 km et une position géographique à la croisée des chemins entre l'Europe et l'Afrique font que l'activité portuaire et maritime demeure éminemment névralgique pour le pays. A cela, il faudrait ajouter la forte empreinte de celle-ci sur l'économie nationale, en raison de son caractère crucial pour les échanges commerciaux entre le Maroc et le reste du monde. Cela dit, le bilan de 2013, récemment publié par le ministère dirigé par Abdelaziz Rabbah portant les secteurs de l'équipement, du transport et de la logistique, renseigne de façon édifiante sur la dynamique de l'activité portuaire et maritime durant l'année dernière. Rappelons d'emblée que depuis la réalisation du port de Tanger-Med, le pays peut légitiment prétendre au statut privilégié de plateforme logistique au sein du pourtour méditerranéen. Toutefois, le Maroc qui compte pour l'heure près de six grands pôles portuaires devra consentir pas moins de 20 Mds de DH au cours des 20 années à venir. Ce qui d'ailleurs risque de se concrétiser dans un contexte particulièrement ardu, compte tenu de la prévalence de la situation de raréfaction des ressources qui prévaut au niveau des finances publiques. Du reste, le dernier bilan publié par le ministère de tutelle révèle plutôt une bonne tenue du trafic portuaire au titre de l'année 2013. Des résultats exaltants ! A noter que le secteur aérien avait le vent en poupe en 2013 puisqu'il avait connu une amélioration substantielle au niveau des composantes du trafic de voyageurs (+9,2%) et de fret (+2,1). Cela étant rappelé, le récent document ficelé par le département du Transport, montre que l'activité portuaire a aussi fini sur le même son de cloche que celui de l'aérien à la même période. C'est ainsi qu'au titre de l'année 2013, il avait enregistré un volume global de plus de 100 millions de tonnes, ce qui représente une progression de 9%. Ce chiffre traduit certes une diminution des importations, mais il est aussi le reflet d'une augmentation du volume des exportations de l'ordre de 2%. Dans la même foulée, il y a lieu de souligner que l'activité du transbordement s'est considérablement raffermie au point de voir son taux de progression grimper de l'ordre de 63% par rapport à 2012. L'autre bonne nouvelle relayée par l'analyse du ministère de tutelle concerne la progression du transport maritime de voyageurs. A rappeler que ce segment, essentiellement porté par le transport des Marocains résidents à l'étranger (MRE) a connu une croissance de 14% en août 2013, en comparaison à une année auparavant avec plus de 3 millions de voyageurs. A l'aune de ces données factuelles, il est sans conteste que l'activité portuaire a été caractérisée par sa vitalité. Pour autant, ce dynamisme a tout même été contrebalancé par la méforme des compagnies marocaines de transport maritime. Une sonnette d'alarme qui interpelle Du côté du ministère de l'Equipement et du Transport, il est clairement établi une relation entre la compétitivité du pays au niveau mondial et la capacité de sa flotte à couvrir l'étendue de son commerce extérieur (marchés traditionnels, nouveaux marchés). Et pourtant, toujours à en croire le ministère, l'existence même de la flotte marocaine serait en jeu. La cause de la décadence est entre autres la crise financière aiguë que traversent les compagnies maritimes nationales. L'autre élément qui corrobore cette chute libre est que la flotte nationale a vu, lors des dernières décennies, le nombre de ses navires se réduire considérablement. Il est passé de 66 dans les années 70-80 à 15 en 2013. Pour sa part, l'étude sur la stratégie du secteur du transport maritime et le développement du pavillon national pointe du doigt certains dysfonctionnements notamment le cadre fiscal, réglementaire, commercial voire opérationnel dans lesquels la flotte nationale a évolué depuis des années. L'inexorable descente en enfer des compagnies maritimes nationales a sans doute précipité le ministère de tutelle à diligenter une réflexion portant sur le secteur du transport maritime et le soutien de la flotte nationale. Celle-ci aura pour mission d'établir le diagnostic de la situation du trafic maritime de fret et de passagers; de déceler les défis et les enjeux pour redynamiser le secteur et enfin de décliner une stratégie pour l'essor du pavillon maritime national, et ce dans l'optique d'éviter son naufrage.