Pour Omar Tazi, président du laboratoire pharmaceutique Sothema, le soutien du gouvernement sénégalais est capital pour, d'une part, sauver son investissement et, d'autre part, faire émerger l'industrie pharmaceutique du pays. Finances News Hebdo : Vous recevez incessamment dans vos bureaux la ministre de la Santé de la République sénégalaise, quelle est la finalité de cette visite ? Omar Tazi : L'objet de la visite du Professeur Awa Marie Coll-Sek, ministre de la Santé et de l'Action sociale de la République sénégalaise, est de renforcer nos relations et affermir notre stratégie de développement dans son pays. Je rappelle que dans le cadre de notre politique d'internationalisation, nous avons monté une usine de production de médicaments de grande importance au Sénégal (West Afric Pharma), inaugurée par SM le Roi en mars 2013. Le problème qui nous est posé aujourd'hui est que cette usine n'arrive pas à tourner comme nous le souhaitons à cause d'une forte concurrence des produits indiens qui envahissent le marché appliquant des prix très bas que nous n'arrivons pas à suivre. C'est pour cela que nous avons sollicité le gouvernement sénégalais pour nous soutenir dans la concrétisation et la pérennisation de notre investissement. Nous avons demandé à ce qu'un quota des besoins de l'Etat en médicaments puisse être réservé à notre filiale West Afric Pharma. Cet engagement va permettre au gouvernement sénégalais d'assurer non seulement une automonie en médicaments de fabrication locale mais aussi d'économiser des devises. De notre côté, en tant qu'investisseur, nous pourrons faire tourner notre usine dans des proportions optimum et lancer la deuxième tranche du projet. Je pense que le gouvernement sénégalais est tenu de protéger cette usine pour faire émerger l'industrie pharmaceutique de son pays étant donné qu'il ne dispose que de deux usines très anciennes. F. N. H. : Vous faites face aujourd'hui à une rude concurrence qui menace votre investissement. N'avez-vous pas mesuré à sa juste valeur cette concurrence lors des études de marché ? O. T. : Oui, nous étions, dès le début, conscients de l'existence de ce marché parallèle. Cependant, ce qui nous a motivé à investir, c'est le soutien que les autorités sénégalaises nous ont promis pour mener à bien ce projet. C'était donc une condition sine qua non pour nous installer au Sénégal. Or depuis, aucune action efficace n'a été prise. C'est la raison pour laquelle nous avons signé aujourd'hui ce protocole. F. N. H. : Pouvez-vous nous rappeler le coût de cet investissement ? O. T. : Le projet a été scindé en deux parties. La première qui concerne la réalisation de l'usine West Afric Pharma a nécessité un investissement de 6,5 millions d'Euros. Quant à la seconde, nous avons prévu un investissement de 4 millions d'euros. Or, nous ne pouvons lancer cette phase que lorsque la première usine serce opérationnelle à 100% de sa capacité.