En marge de la caravane de la sécurité routière, Benaceur Boulaajoul, secrétaire permanent du Comité national de la prévention des accidents de la circulation (CNPAC), revient sur les grands axes de son plan d'action pour 2014. Au menu : investissement en matériels, campagne de communication à grande échelle, proximité et implication de tous les acteurs du secteur. Finances News Hebdo : La 2ème caravane de la sécurité routière s'est achevée après un long périple à travers les routes du centre du Royaume. Quel bilan en faites-vous ? Benaceur Boulaajoul : Pour cette deuxième édition, nous avons essayé de nous ouvrir sur d'autres compétences, notamment les acteurs et les artistes, en plus des journalistes qui nous ont accompagnés durant cette caravane. Ce fut l'occasion de dresser un bilan sur un certain nombre de projets d'infrastructures qui ont un impact sur la sécurité routière, de présenter nos activités aux médias et de réaliser des actions à caractère éducatif à destination des enfants et de la société civile. Je pense que c'est une expérience réussie, et qu'il y a de quoi être fier du travail accompli, vu l'adhésion et la réactivité du public cible. Cela témoigne de l'importance des actions de proximité qui apportent une valeur ajoutée considérable à la lutte contre l'insécurité routière et qu'il faut développer davantage. F.N.H. : On a beaucoup parlé durant cette caravane de sensibilisation et de prévention. Qu'en est-il du volet répressif, sachant que celui-ci a déjà fait ses preuves lors des premiers mois ayant suivi l'adoption du nouveau Code de la route en 2010. Pourquoi cela n'a pas continué ? Y a-t-il eu un relâchement ? B. B. : Après l'entrée en vigueur du Code de la route le 1er octobre 2010, on a effectivement enregistré une baisse significative du nombre d'accidents et de victimes durant les trois premiers mois. Malheureusement, la tendance haussière du nombre d'accidents de la circulation a assez vite repris, principalement à cause du fait que les équipements de contrôle dont nous disposions à l'époque (les radars notamment) n'assuraient pas la traçabilité de l'infraction. Ce qui nous a amené à nous équiper de radars qui répondent aux normes et aux exigences du nouveau Code de la route pour assurer cette traçabilité. Ce n'était donc pas une question de relâchement, mais plus un problème d'équipement et de moyens. Aujourd'hui, grâce à la mise à disposition d'outils efficaces aux gendarmes et aux policiers, on a renoué avec une tendance baissière du nombre d'accidents et de morts. Mais cette baisse n'est pas le fait d'un seul facteur, les contrôles en l'occurrence. Elle est le résultat de l'adhésion de l'ensemble des acteurs concernés, qu'ils soient institutionnels, professionnels ou issus de la société civile. À ce titre, le CNPAC est un acteur parmi d'autres qui s'appuie sur le volet communication et sensibilisation, et qui tente de fédérer autour de son action l'ensemble des composantes de la société. Nous espérons que cette tendance baissière puisse s'inscrire dans la durée et pour relever ce défi, nous comptons étoffer l'alliance contre l'insécurité routière dans notre pays. F.N.H. : Une série de réformes dans le secteur du transport est actuellement en cours de discussion. Pouvez-vous nous en dire un mot ? Et quels sont les projets du CNPAC pour l'année 2014 ? B. B. : Les réformes avancent d'une façon satisfaisante et concernent toutes les composantes du secteur comme le transport de voyageurs ou celui de marchandises (initié par la loi 16-99 portant sur la libéralisation du transport de marchandises). À propos de la révision du Code de la route, une proposition de réforme est en phase de discussion avec les acteurs institutionnels concernés. D'autres changements sont prévus également au niveau des équipements de sécurité routière notamment les radars automatisés. Tous ces projets sont élaborés par le ministère de l'Equipement, des Transports et de la Logistique. Concernant le plan d'action du CNPAC pour 2014, nous avons eu l'occasion de le présenter récemment lors d'une conférence de presse à Rabat. Pour rappel, il s'agit du lancement d'une série de programmes TV et radio de sensibilisation à la sécurité routière, et aussi un certain nombre d'actions de proximité dont la caravane est une des composantes essentielles. Nous allons émettre, par ailleurs, très prochainement un produit intitulé «week-end salama» qui consiste à être présent sur le terrain de manière effective chaque fin de semaine dans deux villes du Royaume. Ce qui nous permettra d'atteindre une centaine de villes cette année. Nous prévoyons en outre une action au sujet du respect des passages piétons, ainsi qu'une grande opération de sensibilisation durant l'été. Cette opération d'envergure visera à impacter le comportement des automobilistes durant les grandes vacances où le gros des accidents se produit. Des projets d'investissements importants sont également au programme comme le projet «safe school» qui aura pour objectif d'offrir plus de sécurité aux enfants grâce à de nouveaux équipements qui seront aménagés aux abords des écoles. Je finirai par un projet qui nous tient particulièrement à cœur «génération sécurité routière» qui cible tous les écoliers à tous les niveaux scolaires et que nous présenterons prochainement. F.N.H. : Vous avez beaucoup communiqué lors de cette caravane sur le chiffre «300+». Quels sont les objectifs chiffrés pour la suite ? B. B. : Nous travaillons avec des objectifs quantitatifs, et 300+ signifie que pour l'année 2013, nous avons sauvé plus de 300 vies humaines (350 exactement). On espère arriver à 500 en 2014, et nous chercherons à consolider cet acquis. Bien entendu, ce n'est pas encore suffisant et la marge de manœuvre est très importante. Nous disposons des moyens de le faire, et croyons que nos efforts finiront par payer et s'inscrire dans la durée. Aussi, je rappelle à tous les citoyens notre slogan «grâce à vous, le changement est possible».