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Entreprenariat : Ces Marocains qui appréhendent leur pays !
Publié dans Finances news le 19 - 12 - 2013

Le Salon international «LeWeb 2013» qui s'est tenu à Paris du 10 au 12 décembre dernier est le rendez-vous incontournable des startups et des entrepreneurs dans le monde du web et des nouvelles technologies. Nous avons été à la rencontre de nos futurs «Steve Jobs» nationaux, présents eux aussi pendant l'événement, afin de connaître leurs avis à propos de l'entrepreneuriat made in Morocco.
Le mardi 10 décembre dernier a été lancé en grande pompe, tel un show américain, le salon LeWeb 2013 au Docks de Paris. Loic Le Meur, co-fondateur de l'événement, a proposé au public pour cette 10ème édition un saut dans le futur à travers une thématique audacieuse portant sur «The Next Ten Years».
Pendant trois jours, les géants du web du monde entier, et en particulier de la Silicon Valley, ont défilé sur scène pour raconter leurs sucess stories et donner leur vision de l'avenir du numérique dans les 10 prochaines années. Rassemblant les plus brillants innovateurs et visionnaires technologiques d'aujourd'hui, plusieurs segments du secteur de l'innovation et des nouvelles technologies ont été explorés afin de cerner leur évolution potentielle. De Phil Libin, CEO de l'application star Evernote à David Marcus, Président de Paypal, en passant par l'évangéliste d'Apple, Guy Kawazaki, tous ont exposé leur vision du futur à propos des réseaux sociaux, des objets connectés, des mobiles, de la télévision ou encore du Cloud. Au fil des différentes conférences et interventions, les 3.500 participants venus de 80 pays différents ont pu découvrir les dernières innovations technologiques actuelles et constater, en parallèle, la vitesse à laquelle évoluent les comportements des consommateurs et leurs usages. Les speakers sont unanimes : nous serons de plus en plus connectés parce que l'avenir appartient indéniablement au numérique... mais aussi aux startups.
Car LeWeb, depuis 10 ans, a été témoin de l'expansion de startups multiples et qui connaissent aujourd'hui une création de valeur record. Une compétition leur est d'ailleurs réservée à chacune des éditions et qui permet aux détenteurs de projets d'approcher des investisseurs en vue d'une éventuelle levée de fonds. Les vainqueurs se voient financés automatiquement. Participer au salon est aussi une occasion en or pour étendre son réseau et se faire connaître par des clients potentiels des quatre coins du monde.
Qu'en est-il alors de nos entrepreneurs marocains présents au salon ? Direction tout d'abord le Pavillon des startups du monde arabe, grande nouveauté de cette 10ème édition de LeWeb, pour mettre la main sur les porteurs de projet marocains parmi nos voisins arabes.
Les Startups d'Afrique du Nord, grandes absentes du Pavillon monde arabe
Au milieu du traditionnel Startup Village, s'élève un large stand aux couleurs sobres et élégantes où s'activent par ci par là de jeunes gens de la team, essayant de répondre aux requêtes des visiteurs et journalistes déjà nombreux en ce début de matinée.
Pour la première fois depuis les dix années d'existence de LeWeb, un pavillon spécialement dédié aux entrepreneurs du monde arabe est érigé. Une initiative menée par le MIT Enterprise Forum (MITEF) Pan Arab, en partenariat avec Adbul Latif Jameel Community Initiatives qui a pour mission d'évangéliser l'innovation et l'entrepreneuriat dans les pays du monde arabe. Depuis plus de six années consécutives, le programme organise un concours de startups pour l'ensemble de la région MENA, le MIT Enterprise Forum Arab Startup Competition, afin de propulser les plus innovantes d'entre elles et ayant un fort potentiel de croissance pour attirer des financements. Et ce sont plus de 5.000 applications que le programme reçoit pour ne garder que trois finalistes. Une compétition qui aura permis de détecter et mettre sur orbite, par exemple, la startup Instabeat. Sa fondatrice, la jeune libanaise Hind Hobeika, a mis au point les «Google glasses de la natation», véritable innovation pour les nageurs professionnels afin de leur permettre de visualiser en temps réel leurs indicateurs de performance.
Par cette présence à LeWeb, Hala Fadel, présidente du MITEF, nous explique qu'elle espère voir se braquer les projecteurs sur le monde arabe et sur le dynamisme et l'innovation de ses startups. Et cette participation porte ses fruits puisque le stand ne se désemplit pas de participants venus s'informer et découvrir les opportunités d'affaires qui se profilent. Plus fort encore, au terme des trois jours au salon, une des startups du pavillon a réussi à conclure un partenariat avec Google.
Liban, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Egypte... curieusement, sur la liste des startups présentes au stand, nous ne trouvons aucune trace de participants du Maroc, encore moins de nos voisins maghrébins. Pourquoi cette absence, l'Afrique du Nord faisant pourtant partie de la région que promeut le MIT ? «Plusieurs startups marocaines font partie du programme, mais je n'ai pour le moment pas de chiffres à communiquer pour vous éclairer sur leur nombre exact. Et si elles ne sont pas présentes aujourd'hui, c'est uniquement parce que notre jury de sélection a choisi de mettre en avant les projets les plus innovants en adéquation avec le public du salon afin de séduire une cible de clients bien définie», nous assure Joelle Yazbek, responsable développement de la compétition. Devrait-on comprendre par-là que nos entrepreneurs n'innovent pas suffisamment par rapport à la moyenne à l'échelle de la région arabe ? «Pas forcément», nous répond Joelle Yazbek, «mais c'est au jury du MIT que revient la sélection finale sans pour autant prendre compte d'un critère de représentativité de l'ensemble des pays de la région».
Faute d'avoir retrouvé nos entrepreneurs marocains dans ce pavillon, nous décidons de les rechercher à travers la plateforme de Networking mise à la disposition des participants du salon. Nous partons alors à la rencontre de profils différents aux avis mitigés, mais qui partagent tous une volonté d'entreprendre infaillible.
Entreprendre, oui, mais pas au Maroc !
Du haut de ses 21 ans, Mohamed Elalj est né avec la fibre de l'entrepreneur et il n'aura pas attendu l'obtention d'un diplôme pour se lancer dans l'aventure. Né à Casablanca, il s'envole pour la France après l'obtention de son baccalauréat et intègre l'Institut national des sciences appliquées de Lyon où il est actuellement en 4ème année. Mohamed a déjà à son actif plusieurs startups qu'il crée à partir de l'âge de 13 ans, un âge pendant lequel ses camardes de collège se contentent de jouer aux aventuriers sur une console. «Mon père m'a encouragé depuis mon plus jeune âge à entreprendre», nous raconte-t-il. «Pour l'anecdote, c'est lui qui a été mon premier business angel en m'avançant 100 DH qui m'ont permis d'acheter des crayons de Derb Ghallef et les revendre au double de leur prix à mes camarades de classe!», s'exclame-t-il avec fierté. Sa nature curieuse et ambitieuse le pousse à fonder en 2007 RefurbMe, une plateforme web qui offre un service complet pour recevoir une notification à chaque fois qu'un des produits reconditionnés en promotion sur l'AppleStore est disponible. Et la formule marche ! Le site web est aujourd'hui accessible depuis 21 pays et se décline en sept langues, générant à cette date plus de 110.000 $ selon Mohamed. Celui-ci décide début 2013 de domicilier sa startup à ... Hong Kong. Et pourquoi pas au Maroc ? «Je vise en priorité le marché chinois qui compte pour 13% du chiffre d'affaires d'Apple, je préfère être géolocalisé au plus près de mes clients potentiels», nous explique Mohamed, avant d'ajouter qu'il n'est pas fermé à l'idée de tenter l'aventure au Maroc, mais peut-être dans un futur lointain, préférant pour l'instant explorer d'autres horizons. Prochaine destination : San Francisco pour son stage de fin d'année cet été. «Les opportunités qui me sont offertes à l'étranger sont tellement plus alléchantes que ce à quoi je pourrais prétendre au Maroc, en termes d'apprentissage mais aussi de financement», nous confie-t-il avant de repartir se mêler aux participants du salon et reprendre sa recherche de nouveaux contacts.
Parmi les seize startups finalistes de la compétition organisée par LeWeb, nous retrouvons une Marocaine à la tête de l'une d'entre elles : Afrimarket. Rania Belkahia, 23 ans, a choisi de partir à la conquête du marché de transfert d'argent dans le continent africain depuis son bureau parisien. «Afrimarket est un service web de transfert cash to goods depuis l'étranger vers l'Afrique, permettant à la diaspora africaine d'effectuer un règlement direct de dépenses, de santé ou d'alimentation par exemple, au profit de ses proches sur le continent», nous explique Rania. Avec ses deux associés, ils démarrent sur fonds propres avant de lever 500 000 euros. Et si le Maroc compte parmi les pays où Afrimarket souhaite rendre disponible son service, Rania n'envisage pas pour le moment son pays natal comme terrain pour entreprendre.
Entreprendre au Maroc tête baissée
Cette fois-ci, c'est une entrepreneur ayant déjà fait avec succès ses preuves dans le domaine de l'e-commerce au Maroc que nous rencontrons : Mounia Rkha, co-fondatrice de mydeal.ma. Présente à LeWeb pour sonder les nouvelles innovations technologiques, elle répond avec entrain à nos interrogations concernant l'avenir de l'entrepreneuriat au Maroc. Elle revient tout d'abord sur son retour en 2010 au Maroc. «Ma première motivation pour rentrer était personnelle, celle de me rapprocher de ma famille. Une fois cette décision prise, j'ai tout de suite envisagé de fonder une boîte au lieu de chercher un travail «classique» car j'avais conscience que le web marocain était en pleine ébullition et que c'était une superbe occasion pour moi d'innover dans mon pays», nous raconte-t-elle. En introduisant le concept d'achat groupé au Maroc, mydeal.ma connaît très vite un succès auquel Mounia elle-même ne s'attendait pas. Avec le recul nécessaire, la jeune Marocaine ne trouve pas l'aventure entrepreneuriale au Maroc plus périlleuse qu'elle pourrait l'être ailleurs. «J'ai été, au contraire, très agréablement surprise des rencontres que j'ai faites. Il y a certes des avantages et inconvénients propres au Maroc, mais il est vraiment très gratifiant d'innover dans son pays plutôt que de calquer un énième projet dans un marché étranger généralement saturé». Réinstallée depuis quelques temps en France «parce qu'il n'y a pas que le travail dans la vie», nous lance-t-elle avec un clin d'œil, Mounia ne s'éloigne pas du monde de l'entrepreneuriat, car elle est aujourd'hui Investment Manager chez Schibsted où elle investit dans des startups Internet et Mobiles. A notre question de savoir si elle retenterait un jour l'expérience d'entreprendre au Maroc, Mounia nous répond sans hésitation : «J'ai vécu une superbe expérience entrepreneuriale au Maroc, si l'occasion venait à se présenter de nouveau, je foncerai tête baissée !».
Et c'est ce même enthousiasme qui anime Othmane Zrikem quand il aborde l'avenir de l'entrepreneuriat au Maroc. Co-fondateur de la startup marocaine JumpStartAfrica, première platefrome de Crowd Funding en Afrique, Othmane a travaillé par le passé pour le compte de l'incubateur de startups allemand «Rocket Internet» en qualité de Category Manager Afrique pour JUMIA, fonction qui lui a permis de sonder sur le terrain le potentiel d'affaires des pays émergents en Afrique, et en particulier le Maroc. «Les conditions pour entreprendre au Maroc se sont beaucoup améliorées par rapport aux années précédentes, mais il s'agit maintenant d'impliquer la société civile pour lui faire prendre conscience de la valeur ajoutée à gagner grâce à l'innovation».
Une dynamique d'innovation à booster
Autre point sur lequel il insiste : la conversion des capacités techniques de nos diplômés en capacités créatrices, car c'est grâce à cela que le pays pourra innover, d'autant plus que le Maroc accuse un retard affligeant dans le domaine par rapport à nos voisins africains comme la Tunisie ou encore le Ghana. «Je ne suis pas optimiste, mais plutôt volontaire quant à l'avenir entrepreneurial dans le Royaume, le Maroc a toutes les conditions réunies pour accompagner ses startups; reste à encourager les grandes compagnies nationales à financer les porteurs de projets», conclut Othmane.
La dynamique d'innovation au niveau national reste hésitante alors qu'elle représente une réelle opportunité de croissance économique pour notre pays. A l'heure où les règles de compétition au niveau international sont remises à plat, le Maroc se doit de saisir l'occasion d'accompagner ses talents locaux afin de faire émerger un écosystème adéquat pour la concrétisation des projets entrepreneuriaux. Aujourd'hui, le Royaume est fort de ses grandes écoles d'ingénieurs reconnues à l'échelle internationale pour la qualité de leur enseignement. Néanmoins, leur apport en matière de savoir-faire ne suffit plus, un monitoring de ces compétences humaines permettrait de changer la donne et faire émerger des initiatives innovantes plutôt que de reproduire des modèles ayant fait leur preuves ailleurs. Et ce sont les initiatives privées en tout premier lieu qui pourront stimuler la dynamique d'innovation dans le pays. Autre alternative et pas des moindres : doubler d'efforts afin de rapatrier la diaspora marocaine vers sa terre natale.Son expertise représenterait un enrichissement additionnel en matière de compétences humaines pour le marché local. Si celle-ci arrive difficilement à se projeter professionnellement au Maroc, il est grand temps de la séduire en mettant en avant tout le potentiel que le Royaume met à sa disposition et l'impliquer en tant qu'actrice dans le progrès. A bon entendeur ...


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