Des chercheurs marocains conçoivent un système de nettoyage photovoltaïque à film roulant d'un coût modeste    China Eastern Airlines et Royal Air Maroc concluent un accord de partage de codes pour étendre les liaisons aériennes entre la Chine et l'Afrique    El Jadida : la démolition des cabines de Deauville ou la dissolution d'une strate mémorielle    Décès du physicien chinois Chen-Ning Yang à 103 ans    Visiter la Chine devient plus facile : de nouvelles mesures facilitant l'accueil des visiteurs étrangers    L'Algérie en impasse diplomatique après le rapprochement russo-marocain : des manœuvres désespérées vers l'Ukraine révèlent une perte totale de repères    Finale du Mondial U20 – Mohamed Ouahbi : « Il n'y a pas d'équipe invincible, nous ferons le maximum pour remporter le titre »    Supercoupe de la CAF : Pyramids – RS Berkane ce samedi    DGSN: Ouverture d'une enquête pour élucider une tentative de suicide d'un fonctionnaire de police    Diplôme en droit de la FIFA : Rabat, seule ville africaine abritant un module de formation    Sahara Marocain : De Mistura et le confort du Statu quo    Finale. Mondial U20 Chili 2025 /J-1 : Les Lionceaux fin prêts    CDM (F) U17 Maroc 25 / FIFA :'' « Marhba Bik », célèbre l'hospitalité marocaine !''    Alger snobe Moscou : la brouille silencieuse entre Tebboune et le Kremlin    Driss Lachgar réélu pour un quatrième mandat à la tête de l'USFP    Biodiversité : Quand le Maroc prend les rapaces sous son aile [INTEGRAL]    Pragmatisme russe    L'Algérie boycotte un forum russe après la position de Lavrov sur le Sahara    ONU : près d'un milliard de personnes pauvres menacées par les catastrophes climatiques    Espagne : enquête sur la mort suspecte du fondateur de Mango    Ouahbi veut dépénaliser la faute médicale    Lachgar dénonce "une élite déconnectée" et plaide pour une refondation politique    Sahara marocain : Washington soumet un projet de résolution entérinant le plan d'autonomie    Cybersécurité : la société bretonne Ornisec fait du Maroc le pivot de son expansion africaine    Mondial U20: Jamal Fathi explique l'exploit de la sélection du Maroc    Pyramids et la RSB se disputent une Supercoupe d'Afrique historique au Caire    La participation de Mazraoui contre Liverpool toujours incertaine : Amorim fait le point    Marché avicole : l'association des éleveurs alerte sur les dérives des prix des poussins    Semaine dans le rouge pour la Bourse de Casablanca    La délégation de l'USFP-France dénonce les conditions du congrès national et annonce son boycott    Le Policy Center for the New South publie une étude sur la «ruse psychopolitique» qui alimente la fracture entre générations, en marge du mouvement de la Gen Z-212    Le temps qu'il fera ce samedi 18 octobre 2025    Les températures attendues ce samedi 18 octobre 2025    Trois pêcheurs marocains condamnés en Espagne à six mois de prison pour la capture illégale d'un thon rouge dans le détroit    "Yallah' Afrika", une exposition collective à Rabat célébrant la CAN Maroc 2025    Mondial U17 féminin : Le Maroc s'incline face au Brésil    Flottille vers Gaza : L'incarcération en Israël de deux Marocains s'invite à l'ONU    Después del discurso real, las instituciones se movilizan para encuentros con los jóvenes    Après le discours royal, des institutions mobilisées pour des rencontres avec les jeunes    La mémoire de Hassan Ouakrim honorée lors d'une projection documentaire à Washington    John Bolton, la voix de l'Algérie à Washington, risque la taule après son inculpation    La Nuit de l'Horreur transforme les cinémas marocains en labyrinthes du frisson    L'humeur : Diane Keaton, au cinéma comme à la vie    Jalil Tijani en tournée : Un nouveau spectacle « habitus » entre rires et vérités    SM le Roi adresse un message de condoléance au Président kényan suite au décès de l'ancien Premier ministre Raila Odinga    Festival du Cinéma Méditerranéen de Tétouan : la 30e édition lève le voile sur sa sélection officielle    Le compositeur marocain Youssef Guezoum en lice pour les Grammy Awards 2025    Sous le Haut Patronage de S.M. le Roi, un opéra de la Fondation El Akademia Masterclass célèbre le cinquantenaire de la Marche Verte    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le Maroc et l'immigration : Au petit «Dakar» de Bab Marrakech, miroir migratoire et business
Publié dans Finances news le 12 - 12 - 2013

Dès notre retour à Casablanca, nous partons à la rencontre des migrants subsahariens installés ici et pour qui le voyage n'est qu'une première étape de l'aventure migratoire. Alice, Sénégalaise, et Aïcha, Ivoirienne, nous racontent leurs conditions de vie et nous font comprendre la transition par laquelle passe le Maroc actuellement sur la question migratoire.
Bab Marrakech est devenu à Casablanca ce que la rue Mohammed V est à Dakar. Un marché sénégalais a pris place et s'est imposé au fil des années au beau milieu des commerces marocains de la médina. Sur place, nous partons à la rencontre d'Alice, une figure emblématique de la communauté sénégalaise à Casablanca. Avec plus de 10 années passées au Maroc, elle connaît tout le monde et les problèmes que rencontrent les subsahariens au Maroc. Alice a un grand magasin avec un investissement important.
Elle vend des produits sénégalais pour sa communauté. Tout le monde la connait et chaque Sénégalais qui passe la salue. Pour Alice, la vie au Maroc n'est pas facile. Elle a toujours des problèmes avec les commerçants marocains. «Ils sont jaloux parce qu'on vend plus et mieux qu'eux», explique-t-elle. Aussi, le racisme est présent. Cela va des insultes aux jets de pierres par des enfants. Par la force des choses, Alice a appris toutes les insultes raciales en Darija.
Quelques mètres plus loin, nous rencontrons Aïcha, une Ivoirienne de 25 ans qui est au Maroc depuis 4 mois. Elle a traversé le Mali par différents moyens de transport avant d'arriver en Mauritanie où elle a pris place dans un camion frigorifique marocain jusqu'à Casablanca. Durant ce périple, ce sont les mœurs du conducteur marocain qui l'ont le plus marquée. «Il a essayé par tous les moyens de me toucher et, comme je refusais, il me faisait payer ses achats en cours de route», explique-t-elle. Pour Aïcha, le retour au pays est quasi certain. Elle, qui vit actuellement avec sa sœur, ne supporte plus le racisme dont elle est victime et veut retourner auprès des siens. Nous profitons de l'occasion pour parler à ses amis et comprenons que pour la majorité d'entre eux, le Maroc n'est pas perçu comme un pays de transit vers l'Europe. Cette époque semble révolue ! Mais le racisme des riverains revient souvent dans le discours.
Aujourd'hui, il est difficile de connaître les chiffres exacts de la communauté sénégalaise établie au Maroc et encore moins ceux de la communauté subsaharienne dans son ensemble. «Cela est d'autant difficile que le Maroc, qui était au départ un pays de transit pour les candidats à l'immigration vers l'Europe, est devenu par la force des choses un pays d'émigration. Les Sénégalais qui sont tentés par l'Europe y restent souvent, s'accommodant de plus en plus de petits boulots dans l'espoir d'économiser de l'argent pour se payer le voyage à destination du Vieux continent. Cela est devenu, ces dernières années, un aspect problématique aussi bien pour le Sénégal que pour le Maroc. En exerçant certains métiers comme celui de marchands ambulants sur la voie publique, nos compatriotes sénégalais enfreignent la loi marocaine», explique le responsable de la division Afrique au ministère des Affaires étrangères du Sénégal.
Ainsi, la situation, qui initialement devait être transitoire, perdure. D'où, la survenance de quelques problèmes liés à l'intégration de certains Sénégalais au Maroc. Pour autant, il faut aussi souligner que beaucoup de Sénégalais sont parfaitement bien intégrés au Maroc. Ils y occupent des postes de responsabilité ou du moins y gagnent leur vie légalement.
Selon le responsable de la division Afrique, «les relations entre les deux pays sont historiques. C'est surtout cette nouvelle forme d'immigration qui pose problème, du fait que les personnes qui partent récemment au Maroc sont dépourvues de qualifications. Par contre, entre les deux pays, l'on dénombre une palette de programmes d'échange d'étudiants. A ce titre, il est important de rappeler qu'il existe 100 bourses par an destinées aux étudiants des deux pays établis sous conditionnalité de réciprocité. D'ailleurs, une commission se réunit annuellement pour statuer sur ce dossier. A noter que certains étudiants sénégalais, qui ont fait leurs études au Maroc, trouvent parfois des difficultés d'insertion professionnelle de retour au pays. La raison est que bon nombre d'entre eux optent pour des cycles très courts ou pour des formations professionnelles (2 ans, 3 ans). Par contre, les étudiants marocains au Sénégal s'inscrivent dans des filières longues (médecine, pharmacie) qui durent entre 5 et 7 ans, ce qui est bien plus avantageux lors du retour au Maroc».
L'arroseur arrosé
Bien avant son indépendance, le Maroc a toujours été un pays fournisseur de main-d'œuvre pour l'Europe. Des Marocains se déplaçaient en masse et continuent à le faire vers l'Europe à la recherche d'une vie meilleure. Seulement voilà, le Maroc ne s'est pas rendu compte qu'il devenait petit à petit l'eldorado des pays au Sud de ses frontières et que les migrants subsahariens y viennent pour s'installer. Décidément, l'arroseur est arrosé !
Paradoxalement, la société marocaine fait preuve de racisme envers ces migrants. Cette même société qui souffre du racisme envers ses enfants installés en Europe. Certes, sur le plan institutionnel, le Maroc consent beaucoup d'efforts, mais sur le plan sociétal beaucoup reste à faire.
Le contraste est grand, flagrant même entre la volonté Royale de régulariser des dizaines de milliers de migrants en 2014 et le racisme ambiant que subissent ces mêmes personnes. Pourtant, les racines marocaines sont multiculturelles, avec un enracinement résolument africain. Peut-être nous devons réapprendre à vivre dans le pluralisme comme l'ont fait nos aïeux, car c'est à nouveau vers cela que nous nous dirigeons irrémédiablement. Lorsque nous étions au Sénégal, nous avions rencontré l'un des conseillers en communication du ministère de l'Intérieur. Il explique que de nombreux Sénégalais portent des noms de familles marocains et partagent une partie de leurs racines avec des Marocains. «Nous avons au Sénégal une très belle basketteuse qui est une icône locale de la réussite. Elle s'appelle Najat Benjelloun, originaire de la ville de Saint-Louis, ville où beaucoup de Sénégalais sont d'origine marocaine. Cette fille a la peau plus noire que la mienne», raconte-t-il avec émotion. Cela dit, tous les responsables politiques que nous avons rencontrés nous ont expliqué qu'ils constatent que les Marocains sont mieux accueillis au Sénégal que ne le sont les Sénégalais au Maroc. Vrai ou faux ? C'est du moins ce que ressentent les intéressés. Nous avons essayé de contacter le Consul général du Sénégal à Casablanca pour avoir plus d'informations officielles à ce sujet. Mais notre requête est restée lettre morte.
Finalement, notre enquête a pris fin à Bab Marrakech. Avec Alice, on se remémore avec émotion ce sacré périple et la laissons vaquer à son business dans l'espoir de voir ses compatriotes et, disons-le, les hôtes africains convenablement accueillis au Maroc. A l'heure où nous mettions sous presse, elle était partie rendre visite à sa famille au Sénégal. Par avion bien sûr...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.