Avec Caméléon, un premier album immédiatement accrocheur, ElGrande Toto gagne tout en finess, tout en groove !
Par R. K. H
Qu'on se l'avoue, avec Mikasa, Halla Halla et Mghayer, le mec nous avait mis plein la vue avec ces titres charnels qui marquèrent une évolution nette dans une discographie pourtant irréprochable. L'intro passé, disséquons immédiatement. Tout en peaufinant son art du flow et de la rupture rythmique, ElGrande Toto ouvre avec le titre A.D.H.D un terrain d'exploration d'une inquiétante beauté. Il suffit quelques secondes de blanc glissant le long des enceintes, pour qu'un kick sub-basse très martial, et la voix de Toto déchirent le silence : «Muerte fl'kissan/ barek kan négoci f'ro7i face Ibliss Yeah/ chriki To' wella comme ça/ gha 7di menno please…(la mort dans les verres/ assis, je négocie mon âme avec Lucifer yeah, mec, To est devenu comme ça/ prends garde s'il te plaît)». C'est brut, noir, prophétique. Ce titre d'ouverture de Caméléon est à l'image de l'esprit torturé de son auteur et interprète. Sensibles, envoûtants et hautement introspectifs, Ailleurs (feat. Lefa) et Obscurité (feat. Hamza) sont de ceux que l'on écoute pour oublier ce qui gronde au-delà des mélodies. Dans la lignée de Thezz (feat. Small X) et WAH (feat.3robi), #OuDiriHakka est un titre dansant lui aussi tout en sensualité. Dans ALOHA! et Santa Fe, les basses sont une nouvelle fois omniprésentes, dessinant des mélodies sensuelles sur lesquelles sa voix se pose avec légèreté. Sur Etranger (feat. Damso), ce titre d'une gracieuse justesse, ElGrande Toto fait scintiller ses espoirs et ses doutes avec un sens de l'épure qui nous emporte jusqu'au petit matin. Le temps qui passe, la fin des illusions, les apparences trompeuses et l'indépendance d'esprit. Si la mélancolie reste toujours aussi prégnante (aussi bien dans Tango; La Paille feat. Farid Bang; C.V.D.I.; Bent Nass), Caméléon fait danser avec optimisme.