* Ladhésion de la Chine à lOMC a boulversé la donne. * Les textiles techniques sont une réponse aux nombreux défis. * Le textile marocain: de petites lueurs despoir. Bien que le secteur du textile-habillement semble remonter un peu la pente, les organisations de conférences continuent à pivoter autour den tel sujet. Et pour cause : le textile-habillement est un secteur phare de léconomie marocaine. Mieux encore, le thème est particulièrement bien choisi parce quil permet au Maroc de réfléchir à son avenir et se faire une place sur la scène internationale. Une place qui sest malheureusement faite au détriment de lemploi. Le séminaire dans ledit secteur a porté cette fois sur lenvironnement et les opportunités daffaires et de partenariat au Maroc dans le secteur textile-habillement. Pour Fa Quix, directeur général de Febeltex, «la cherté des coûts de main-duvre et dénergie en Belgique na pas empêché le secteur de se développer». En Belgique, le secteur se compose de 1.800 unités de production, de 50.000 travailleurs dont 14.000 pour lhabillement. Le chiffre dégagé pour lexercice 2004 est de 8,5 milliards deuro dont 70% proviennent de lexportation. A noter que la Belgique est le premier exportateur de tapis dans le monde. Elle domine aussi dans les textiles de décoration intérieure, mais cela ne lempêche pas denregistrer un déficit de 500 millions deuros en matière de confection. Depuis la crise des années 50, lactivité textile en Belgique na pas baissé. En 30 ans, lactivité est restée plus ou moins stable. Ce qui a par contre reçu un coup dur, cest lemploi. La création dune zone de libre-échange a donné un coup de levier à la production belge dont 85% sont destinés à la zone européenne. Le secteur du textile-habillement en Belgique représente 0,7% du PNB, 3,8% de la VA industrielle, 1,1% de lemploi total et 6% de lemploi industriel. Daprès le directeur général de la Febeltex, «au niveau du textile-habillement, léconomie belge trouve sa force dans sa diversité». Toutefois, cela na pas empêché lannée 2005 dêtre médiocre. Les causes sont essentiellement des coûts de production élevés, un euro fort qui freine les exportations et des importations massives dAsie, en particulier de Chine. Le directeur général estime pour sa part que la grande bêtise a été ladhésion de la Chine à lOMC depuis le 11.12.2001. Il assimile cette situation au 11 septembre 2001, considérant quelle restera gravée dans les mémoires. Lélargissement de lUnion européenne est considéré par contre comme une opportunité daccès à de nouveaux marchés parce que les textiles belges ont des atouts spécifiques. Toutefois, les menaces persistent et sont dues à une concurrence déloyale, en particulier de la Chine et de la Turquie. Le déplacement des investissements vers lEurope de lEst est considéré comme une perte de production en Belgique. Autres défis à relever pour lEtat belge : les coûts de production qui demeurent somme toute élevés. Il savère ainsi que les charges sociales et salariales occupent la deuxième place mondiale après la Suisse. Idem pour les coûts environnementaux et énergétiques qui augmentent rapidement et sont totalement intégrés dans les prix de vente. Et concernant les charges fiscales, celles-ci augmentent chaque année. Les textiles techniques : pour une meilleure diversification Dans un contexte en parfaite mutation, lEtat belge sest ainsi fixé comme objectifs darriver à un accord au sein de lOMC pour réaliser un commerce international en textile qui soit équitable, organiser une préférence européenne et adopter une stratégie de diversification et de spécialisation. Les sociétés belges se sont par ailleurs orientées vers des produits techniques tels que lairbag et la ceinture de sécurité. Le confort du patient à lhôpital est un défi croissant. Des produits textiles techniques tels que les draps antistress, les tissus-barrières pour salles dopération, les vêtements de chirurgiens relèvent aujourdhui de la spécialisation de quelques sociétés belges. Daprès le président de la fédération du textile belge, il existe 10 catégories différentes et des milliers de produits textiles techniques (géotextiles, agrotextiles, textiles pour la protection et la sécurité ). Une chose est sûre : il sagit de produits à valeur ajoutée intelligente qui sont difficiles à imiter et qui ont des capacités techniques très difficiles. Le président de lAmith, Karim Tazi, a de son côté rappelé le contexte dans lequel a évolué le secteur au cours de ces dernières années. Un contexte marqué par un effritement des préférences suite à labolition des quotas, une émergence de concurrents à moindres coûts tels que la Roumanie, un positionnement envahissant de la Chine et de lInde et une nouvelle division internationale du travail. En vue de faire face aux différentes menaces qui pèsent sur le secteur, lAmith a adopté une stratégie de repositionnement axée sur le marché, les services et le produit. Cette stratégie sest aussi caractérisée par le passage de le sous-traitance à la co-traitance. Mieux encore, un plan Emergence est adopté aujourdhui par la profession. Ce plan permettrait aux opérateurs de bien saisir les nouvelles opportunités qui leur sont offertes à partir du 1er janvier 2006, date de lentrée en vigueur des ALE avec les Etats-Unis et la Turquie. A noter que lALE signé par le Maroc et les Etats-Unis confère une particularité régionale dans la mesure où le Maroc serait une plate-forme de production et dexportation privilégiée dans la région du bassin méditerranéen. Lexemple de lindustrie textile-habillement belge est à prendre en considération. Un contexte aussi morose que celui marocain na pourtant pas pu entraîner une baisse de la production. Les textiles techniques sont également un segment que les Marocains devraient étudier sérieusement. Pourquoi pas dautres segments à forte valeur ajoutée ? La concurrence est aujourdhui acharnée et seuls les intelligents pourront tirer leur épingle du jeu.