L'élevage laitier, selon les normes, demande des moyens lourds qu'il faut mobiliser, notamment le travail de la génétique. L'aval laitier, qui regroupe les sociétés industrielles, a besoin d'un amont agricole performant. Il faut optimiser les charges de production pour maîtriser les variantes de la filière. Les explications de Khalid Boukhari, directeur de la Fédération nationale des éleveurs producteurs laitiers (Feneprol). Finances News Hebdo : Comment pouvez-vous nous présenter la Feneprol ? Khalid Boukhari : La Feneprol représente l'amont laitier dans le cadre de la stratégie globale fixée par le ministère de l'Agriculture qui a adopté l'approche filière. Nous sommes fédérés par une interprofession qui s'appelle la Fimalait, alors que l'aval laitier est représenté par la FNIL, qui est la Fédération nationale de l'industrie laitière. Nous travaillons dans un cadre associatif et nous regroupons une vingtaine d'associations à caractère national ou régional. Nous essayons de concrétiser le programme de développement de la filière tracé dans le cadre du PMV. Il y a dans ce cadre différents axes. Nous avons donné la priorité au contrôle de performances laitières. Le département de tutelle a mis, dans le cadre d'un contrat-programme, les moyens nécessaires pour son financement en partenariat avec les différents acteurs concernés notamment les associations et les fédérations du secteur pour concrétiser les objectifs du PMV afin d'atteindre une production de lait de 5 milliards de litres à l'horizon 2020. Nous sommes dans la phase du lancement du programme, nous essayons d'outiller les associations membres avec les moyens nécessaires. Nous les accompagnons également par la formation selon leur besoin et les orienter vers les méthodes d'élevage les plus pertinentes. A cet égard, nous travaillons avec des instituts de recherche concernés et nous traitons le volet de coopération internationale avec des partenaires étrangers spécialisés de référence. Il est question aussi d'améliorer les prestations servies aux éleveurs à travers l'évaluation génétique du cheptel. F. N. H. : Comment évaluez-vous les besoins du secteur ? K. B. : Il y a un potentiel important. Le besoin est plutôt dans l'encadrement. Nous avons senti qu'il y a un manque. Nous travaillons dans un cadre participatif en concertation avec les partenaires. Nous incitons les coopératives et les éleveurs à se faire encadrer pour produire adéquatement. F. N. H. : Quelles sont les contraintes majeures de la filière ? K. B. : La faiblesse de l'encadrement reste parmi les contraintes majeures. Les associations ne sont pas encore bien outillées de personnes qualifiées pour concrétiser le programme. On cherche des formules plus adaptées. L'Etat a mis le pactole pour accompagner les professionnels à travers le déploiement des nouveaux lauréats des instituts agricoles. Nous essayons de mettre ses jeunes à niveau selon les besoins du terrain. F. N. H. : Qu'en est-il de la structure du cheptel ? K. B. : Notre principal indicateur, c'est le nombre de têtes par exploitation. Le secteur est dominé par les petits éleveurs disposant d'une moyenne de trois têtes. C'est pour cela qu'il faut travailler dans un cadre associatif. Le contrôle et le développement laitier nécessitent le regroupement autour de coopératives ou associations pour bien encadrer les éleveurs et promouvoir la production. L'élevage laitier selon les normes demande des moyens lourds qu'il faut mobiliser notamment le travail de la génétique. Le regroupement permet aussi de négocier les meilleures offres avec les provendiers et les sociétés de culture fourragère. La maîtrise du paramètre aliment de bétail est importante dans la filière. F. N. H. : Comment se présentent vos rapports avec l'aval agricole ? K. B. : L'aval agricole qui regroupe les sociétés d'industrie et de distribution du lait est bien structuré, et bien organisé mais lui aussi a besoin d'un bon amont agricole pour être bien approvisionné en quantité et qualité. La Fimalait essaie d'organiser ces rapports pour l'intérêt de tous. L'Etat pour sa part lance et finance des programmes pour améliorer toute la chaîne de production de la filière. Il faut noter qu'il y a une loi qui encadre l'interprofession, qui stipule que 0,2 DH est prélevé sur chaque litre de lait pour financier des programmes qui sont d'ordre national dans l'amont laitier. F. N. H. : Plusieurs professionnels affirment que le secteur est menacé du fait qu'il fonctionne à perte même avec l'augmentation du prix du lait, quel est votre avis ? K. B. : Le prix de revient du lait est un souci pour l'ensemble des partenaires. Il y a plusieurs variantes qui y interviennent. Il faut un savoir-faire chez l'éleveur pour qu'il maîtrise au moins ces facteurs de variation. Il y a l'alimentation qui est dépendante du marché extérieur. Les cours des matières premières sont très volatiles et chaque variation est répercutée sur les prix des aliments. L'éleveur fait ses calculs et il peut chercher un mélange entre les fourrages et l'aliment composé qui lui convient selon le prix de chaque produit. Si le lait est vendu à 3,2 DH alors que le coût de revient est de 5 DH, on ne peut aller bien loin. Automatiquement les éleveurs vont délaisser l'activité. C'est pour cela qu'il faut optimiser les charges de production pour maîtriser les variantes de la filière. F. N. H. : Les éleveurs se plaignent des coopératives de lait qui refusent de récupérer toute la production durant la période de haute lactation, quel est votre commentaire ? K. B. : Ce problème existait auparavant, mais aujourd'hui avec les usines de séchage il y a pratiquement une récupération de toute la collecte même en période haute lactation.