◆ Le démarrage de la saison agricole a accusé du retard. ◆ Les marchés du bétail et les souks hebdomadaires retrouvent leur dynamisme.
Par C. Jaidani Après une période d'attentisme et d'inquiétude, les dernières pluies redonnent de l'espoir et un vent d'optimisme souffle sur le monde rural. Ces précipitations ont concerné tout le territoire national et sont marquées par des chutes de neige importantes, qui devraient alimenter les sources d'eau et la nappe phréatique fortement impactées par les deux dernières années de sécheresse. Interrogés à ce sujet, les professionnels du secteur n'ont pas caché leur joie, mais restent toutefois prudents quant à la suite de la saison. «Au Maroc, la pluie est toujours synonyme de prospérité et de bonheur. Après deux saisons difficiles, le retour des pluies est salutaire pour tous les exploitants et les habitants du monde rural», souligne Mohamed El Fahili, ingénieur agronome. De l'avis de certains météorologues, les changements climatiques commencent à peser de plus en plus sur les cycles d'exploitation et à perturber les saisons agricoles. «Les mois d'octobre et de novembre étaient très chauds et secs par rapport à la normale. Ce phénomène a été constaté partout dans le monde. Au Maroc, la pluie a accusé un sérieux retard compris entre trois à quatre semaines selon les régions, et tout le monde craignait une troisième année successive de sécheresse, synonyme de catastrophe. Cette situation a impacté le démarrage de la campagne agricole, qui commence généralement entre le 15 octobre pour se poursuivre jusqu'au 15 décembre pour les céréales d'automne. Les fellahs ne pouvaient commencer les travaux d'emblavement ni de semis, car le sol était dur à retourner. Quelques jours après les premières précipitations, un rush a été constaté au niveau du réseau de distribution des semences et aussi pour les engins agricoles», précise Fahili. En effet, la pluie a entraîné un dynamisme notoire dans le monde rural. L'activité des souks hebdomadaires, qui tournait au ralenti, est devenue de plus en plus soutenue. «En quelques jours seulement, le marché du bétail a changé de physionomie. Le nombre des transactions s'est multiplié et les prix ont augmenté, au bonheur des éleveurs. Nous avons beaucoup souffert, maintenant nous avons de l'espoir. Dans quelques semaines, les parcours naturels seront enrichis et il y aura moins de pression sur l'aliment de bétail dont les prix commencent à se calmer», témoigne Mohamed Maskini, marchand de bétail dans la région de Benslimane. En effet, l'effet de la pluie était immédiat : les prix de l'aliment de bétail se sont stabilisés ou ont commencé à chuter. Ils ont atteint cette année des niveaux records. Pour ce qui est des perspectives, certains professionnels estiment que la saison ne vient que commencer et qu'il est encore trop tôt pour se prononcer. En tout cas, les pluies de décembre, janvier et février seront déterminantes pour assurer une campagne audessus de la moyenne.