◆ La pandémie mondiale compliquerait le traitement des phénomènes météo, climato-logiques et hydrologiques dangereux. ◆ L'OMM, via son secrétaire général, plaide pour la nécessité de circonscrire le changement climatique tout autant que le coronavirus.
Par M. Diao
Le confinement presque généralisé à l'échelle mondiale qui a entraîné l'arrêt de l'activité de plusieurs secteurs ayant une forte empreinte environnementale, a été bénéfique un tant soit peu pour la planète. Toutefois, la diminution ponctuelle des émissions de CO2 pendant la période de la crise liée au coronavirus n'est pas synonyme d'avancée majeure pour la cause environnementale, d'après l'Organisation météorologique mondiale (OMM). «La réduction temporaire des émissions de gaz à effet de serre, principaux responsables du réchauffement climatique, ne doit pas remplacer une action durable en faveur du climat», soutient l'OMM. L'entité des Nations unies a également alerté sur le fait que la pandémie mondiale compliquera le traitement des phénomènes météo, climatologiques et hydrologiques dangereux, dont le changement climatique accroît la gravité.
Gare au relâchement ! Le Secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, est formel quant à l'ampleur du péril qui guette en cas de relâchement. «La maladie du nouveau coronavirus a provoqué une grave crise sanitaire et économique dans le monde, mais si nous ne luttons pas contre le changement climatique, le bien-être humain, les écosystèmes et les économies pourraient être menacés pendant des siècles», avertit-il, tout en insistant sur la nécessité de circonscrire le changement climatique comme la pandémie. A en croire l'organisation basée à Genève, le coronavirus complique davantage l'évacuation des populations et leur mise à l'abri lors des cyclones tropicaux, à l'instar du cyclone tropical de catégorie 5, Harold, dans le Pacifique Sud. L'agence onusienne met également en exergue le risque que les systèmes de santé trop sollicités par la pandémie ne soient pas en mesure de faire face à une charge supplémentaire de patients due, par exemple, à une canicule.
La détermination doit être de mise A l'instar d'Amina Mohammed, vice-Secrétaire générale des Nations unies, l'OMM exhorte la communauté internationale à faire preuve de la même détermination et de la même unité dans la lutte contre le changement climatique que dans celle menée contre le Covid-19. Ceci dit, la situation actuelle ne rassure pas, d'autant plus que les crises économiques précédentes ont donné lieu à une reprise accompagnée d'une croissance des émissions de carbone bien plus forte. D'où la recommandation de la mise en place de plans de relance post-pandémie favorisant une croissance plus verte. Des données toujours plus alarmantes Des indicateurs sur le climat mondial sur la période 2015-2019 font état d'une accélération du changement climatique ces cinq dernières années. Une situation qui se manifeste par des records de chaleur, d'élévation du niveau de la mer ou de fonte des glaciers. Même si cette période a été la plus chaude jamais constatée, les experts s'attendent à ce que la température moyenne mondiale batte un nouveau record au cours de la prochaine période quinquennale (2020-2024). La température moyenne a augmenté de 0,86°C dans le monde en 50 ans. D'après l'OMS, le risque global de maladie ou de décès lié à la chaleur s'est accru régulièrement depuis 1980. Le tiers de la population mondiale vit désormais dans des régions climatiques sujettes à des canicules meurtrières au moins 20 jours par an. A en croire l'OMM, la planète est vouée au changement climatique, indépendamment de toute chute temporaire des émissions due à l'épidémie de coronavirus. D'ailleurs, les concentrations de CO2 n'ont pas été réduites lors de la pandémie.