Une contestation sociale est de plus en plus audible. Le taux de chômage des titulaires de diplômes supérieurs était de 17,6% en 2012. L'objectif du gouvernement est de ramener le taux de chômage des jeunes à 8% à l'horizon 2016. La marche syndicale du dimanche 31 mars 2013 dans laquelle des milliers de manifestants ont battu les pavés des rues de la capitale est, pour certains, un cinglant avertissement pour le gouvernement. Cette marche avait l'allure d'un creuset de complaintes. D'aucuns perçoivent, à travers cette action, un marqueur fort, récriminant ainsi les salaires dérisoires, les libertés syndicales malmenées, les prix en hausse vertigineuse et, enfin, le taux de chômage au niveau national. La problématique du chômage se pose de plus en plus avec acuité au Maroc. Son taux est obtenu par le rapport de l'effectif des chômeurs à celui des actifs âgés de 15 ans et plus. Il était autour de 8,9 % en 2011, avant de passer à 9 % en 2012, selon le HCP. Cependant, en décortiquant les indicateurs saillants du chômage, on relève quelques disparités notoires. Ce taux grimpe de façon exponentielle entre les 15-24 ans pour se situer à 17,1%. Il est de 12,3% pour les 25-35 ans. Les femmes sont plus touchées par le chômage en 2012 (9% contre 7,8% pour les hommes). Pour certains analystes, le pays comptait en fin 2012 près de 1.007.000 chômeurs, officiellement recensés comme tels, auxquels il conviendrait d'ajouter d'autres demandeurs d'emplois, non recensés. L'emploi des jeunes, un défi de taille Face à ces indicateurs et ces suspicions, comment le gouvernement pourrait-il inverser la courbe du chômage des jeunes avant la fin de son quinquennat ? Répondre à cette interrogation, eu égard aux agrégats macroéconomiques du pays se singularise par sa complexité. Rappelons que le gouvernement de Abbas El Fassi n'avait réussi à créer que 116.000 emplois par an quand, au départ, il s'était fixé un objectif de 250.000 emplois créés annuellement. Dire que les objectifs du gouvernement précédent n'ont pas été atteints est un pur euphémisme. Concernant le gouvernement de Benkirane, l'ambition est certes moins démesurée car son dessein est de créer 130.000 emplois par an. Mais par les temps qui courent, cet objectif aussi pondéré soit-il, est-il réaliste? D'après le HCP, entre octobre 2011 et la même période de 2012, 81.000 emplois rémunérés ont été créés. On constate très nettement l'écart entre les objectifs et les résultats obtenus par le gouvernement. Pendant cette même période, il y a eu plus de 18.000 chômeurs de plus. Le contexte actuel exacerbé par l'atonie de l'activité économique, risque de remettre en cause les promesses du gouvernement actuel d'augmenter le SMIG à 3000 DH, ainsi que son objectif d'atteindre un taux de croissance de 7%, contre 4,8% actuellement. Le taux de chômage des titulaires de diplômes supérieurs est de 17,6% en 2012, symbolisant ainsi le taux de chômage le plus élevé au niveau national. On se rappelle qu'aux prémices de la mouvance des «Printemps arabes» en 2011, le gouvernement s'était empressé de pourvoir des postes (environ 4000 hors concours) dans la fonction publique. Mais, visiblement, ces efforts n'ont pas suffi pour enrayer le fléau du chômage des jeunes. Pour diminuer le taux de chômage, le secteur privé peut jouer son rôle. Pour ce faire, il incombe au gouvernement de créer une atmosphère propice à l'essor des entreprises. Ce qui provoquera, par effet de ruissellement, une nécessité de création d'emplois. Dès lors, il s'en suit l'accès à un palier de croissance, à la fois plus soutenu et plus régulier pour le pays. Cet engagement du secteur privé dans le combat contre le chômage est pertinent à plusieurs égards, si l'on sait que l'Etat ne peut plus se permettre de faire de la générosité par l'emploi, vu la consistance des dépenses en personnel qui ne cessent d'augmenter. La configuration budgétaire actuelle, empreinte d'un déficit important, pousse certains à suggérer de «dégraisser le mammouth» En d'autres termes, il faut supprimer les postes inutiles dans la fonction publique et, concomitamment, geler les embauches dans l'administration publique. Le gouvernement actuel, qui veut réduire de manière conséquente le taux de chômage des jeunes, se lancera t-il dans cette aventure que d'aucuns jugent hasardeuse ? Et pour cause, au Maroc, l'Etat est pourvoyeur de milliers d'emplois par an, ce qui est un gage de stabilité et de paix sociale. Feuille de route Face au taux de chômage endémique des jeunes, le gouvernement, par l'entremise du rapport économique et financier de 2013, a élaboré un plan d'action en faveur de l'emploi des jeunes. A la lecture de ce rapport, on observe l'objectif gouvernemental de ramener le taux de chômage des jeunes à 8% à l'horizon 2016. L'Etat s'appuiera sur une nouvelle politique de promotion de l'emploi visant à améliorer la gouvernance du marché du travail. Cette politique favorisera la stratégie de l'auto-emploi et la création d'entreprises. En outre, certaines mesures spéciales, en faveur de l'emploi, sont aussi à noter dans ce même rapport économique et financier de 2013. Il s'agit du Contrat d'insertion amélioré (CIAM) et du Contrat d'intégration professionnelle (CIP). A cela, s'ajoute le programme «Moubadara», portant sur l'encouragement de l'emploi au sein des associations œuvrant dans le domaine social. Quant au programme «Taatir», il est destiné aux diplômés chômeurs de longue durée. Il consiste à l'octroi d'une aide mensuelle dans la limite d'une année de stage et l'encadrement de 50.000 stagiaires par an. Par ailleurs, certains économistes considèrent, du fait qu'une grande partie de la demande au Maroc est satisfaite par les importations, que cette dernière a pour conséquence une perte d'emploi indirect qu'elle crée au profit de l'extérieur. D'où l'intérêt pour le gouvernement d'impulser la dynamisation du tissu productif pour faire face à l'accroissement des importations et, surtout, de tirer profit de leur multiplicateur élevé (3 emplois indirects pour 10 emplois directs). Au final, on constate que le gouvernement dispose d'une palette de leviers pouvant constituer une panacée à la problématique du chômage des jeunes au Maroc. Il lui incombe donc de s'en servir de manière efficiente .