La qualité de l'information financière s'est dégradée après 3 années d'amélioration. Baisse de 8% des bénéfices des entreprises en 2018. Le rendement progresse dans le sillage de la baisse des cours et de l'effort de rémunération des actionnaires.
Par A.H
2018 fut une mauvaise année sur tous les plans pour les entreprises cotées. Sur le volet financier, elles ont enregistré une baisse de 8% de leurs profits après une année 2017 profitable. Même chose pour la qualité de l'information financière qui s'est dégradée après 3 années d'amélioration.
Tassées au fond du wagon C'est une méchante habitude qui s'installe chez les émetteurs : celle de publier leurs résultats dans les dernières heures du mois de mars, à quelques heures de la fin du délai légal. Cette pratique, bien que complètement légale, crée un phénomène de condensation sur les dernières journées du mois de mars. Un procédé qui permet de noyer les mauvaises publications dans la masse. A cette tendance de fond qui s'installe petit à petit, s'ajoutent, cette année, quelques publications où les émetteurs n'expliquent pas les variations importantes de résultats, sans oublier les profits warning tardifs, évoqués dans de précédents articles. Mention spéciale tout de même pour les secteurs «d'élite» comme les banques et les télécoms qui maintiennent leur standing de communication financière. Elles sont rattrapées par certaines capitalisations moyennes et même par le secteur immobilier qui est, paradoxalement, dans un contexte difficile, soigne son Story Telling pour offrir de la visibilité aux investisseurs. Sans doute que ces émetteurs ont tiré les leçons du passé, car communiquer outrageusement quand les vents sont favorables pour se cacher quand ils le sont moins, est un anachronisme du merveilleux jeu de la communication financière.
Des chiffres en baisse Outre la qualité de la communication financière, les résultats publiés sont mauvais. La recherche d'Upline estime par exemple que «la conjoncture internationale et nationale languissante» est derrière la dégradation des profits. Selon les calculs de la cellule de recherche de la filiale du Groupe BCP, les revenus agrégés des sociétés cotées accusent un ralentissement au terme de l'année 2018, avec une hausse limitée de 1,5% à 241,9 Mds de dirhams, pour une masse bénéficiaire en repli de 8,1% à 29,4 Mds de DH. Les sociétés non financières affichent une légère hausse du volume d'affaires (+0,8%), combinée à une contraction des marges qui s'est répercutée sur la masse bénéficiaire des non financières (-14,4% à 15,6 Mds de DH). En revanche, les revenus consolidés des sociétés financières enregistrent une appréciation de 3,2% à près de 79,2 Mds de dirhams, pour un RNPG en quasi-stabilité à 13,7 Mds de DH. Une situation tirée particulièrement par les banques et sociétés de financement, dont le RNPG est en hausse de 3,5% à 12,5 Mds de DH ; alors que le RNPG des assurances est en baisse de 23,2%. Pour sa part, la recherche de BMCE Capital attire l'attention sur la quantité de profit warnings publiés cette année, estimant que 2018 était une «année difficile» pour les opérateurs suite à la conjugaison de multiples facteurs défavorables. Il s'agit, là aussi, de la morosité économique ambiante, avec un taux de croissance du PIB limité à 3,1% (vs. +4,1% en 2017), l'effet négatif du boycott, principalement sur les sociétés agro-industrielles, et le repli de l'activité immobilière, fortement cannibalisée par l'auto-construction. ◆
Les dividendes résistent Selon BKR, sur les 71 sociétés ayant communiqué leurs résultats au titre de l'exercice 2018, 42 sociétés ont enregistré une baisse de leur capacité bénéficiaire. S'agissant de la masse des dividendes, celle-ci a enregistré une légère hausse de 0,5% à 21,4 Mds de DH en 2018 (retraitée principalement de BMCI qui n'a publié son résultat que ce mardi), fixant le D/Y du marché à 3,8% contre 3,5% en 2017, et reflétant l'effort de rémunération des actionnaires malgré la baisse des profits.