Canberra, 13/02/2019 (MAP) - Malgré les 17.000 km qui les séparent, le Maroc et l'Australie partagent des valeurs et des intérêts communs qui offrent d'énormes opportunités aux opérateurs des deux pays pour s'engager dans une coopération dynamique et hisser haut le partenariat économique bilatéral. Avec un commerce bilatéral qui n'a pas dépassé les 97 millions de dollars en 2018, le potentiel est bien au-delà de cette performance et il y'a tant à faire. C'est dans cette perspective qu'intervient la visite d'une importante délégation des institutionnels et des professionnels économiques marocains, conduite par le ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, M. Aziz Akhannouch, au pays-continent du 4 au 13 février.
La délégation marocaine qui a démarré sa visite à Melbourne, capital de l'Etat de Victoria, a fait cap vers Adélaïde, capital de l'Etat de l'Australie-Méridionale, Brisbane, avant de faire escale dans la capital du Queensland, puis Sydney, capital de l'Etat de la Nouvelle-Galles du Sud, avant de clôturer ce périple dans la capitale fédérale Canberra.
Entre réunions formelles, rencontres B2B et visites de terrain, le programme de la visite a impliqué des institutionnels, des professionnels et des opérateurs économiques dans le cadre d'une vision globale et multisectorielle qui a pour objectif d'initier un dynamisme pour booster la coopération économique, d'autant que les excellentes relations politiques entre Rabat et Canberra offrent un cadre des plus favorable, compte tenu de l'ouverture de l'ambassade australienne au Royaume l'année dernière.
En témoigne de ce dynamisme la mise en place, la même année, du Conseil d'affaires Maroc-Australie, qui a pour mission de booster les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays, leaders de leurs régions respectives.
L'Australie "reconnait l'importance stratégique du Maroc en tant que porte et pont entre l'Europe et l'Afrique, ainsi qu'en tant que leader au niveau du continent", selon les termes du ministre australien du Commerce, M. Simon Birmingham, qui a souligné que ce positionnement "constitue une base solide pour un engagement stratégique et une coopération active dans plusieurs domaines, notamment au niveau économique".
Des atouts également évoqués par Mme Mbarka Bouaida, Secrétaire d'Etat chargée de la pêche maritime, qui a relevé qu'outre un marché local développé, le Maroc, de par sa position stratégique entre l'Afrique et l'Europe et ses accords de libre-échange avec plusieurs pays, peut offrir plusieurs débouchés aux produits australiens.
En fait, les Marocains sont connus pour être ouverts aux produits étrangers, notamment s'ils viennent de ce pays continent, alors que le « Made in Morocco » est déjà apprécié en Australie. Plusieurs produits estampillés "made in Maroc" ont du succès auprès des consommateurs australiens.
Mme Bouaida a également indiqué qu'une coopération triangulaire Maroc-Afrique-Australie est susceptible d'être mise en place, d'autant que le Royaume a déjà établi plusieurs partenariats triangulaires sur l'Afrique.
Autant de facteurs qui augurent d'un avenir prometteur pour la coopération économique maroco-australienne, qui fait ses premiers pas certes, mais tout porte à croire qu'elle va voler de ses propres ailes très prochainement. Les secteurs de l'agriculture et de la pêche maritime peuvent constituer le premier acte d'une coopération exemplaire, d'autant que le Maroc est intéressé par la remarquable expérience australienne dans ce secteur, notamment en ce qui concerne le volet recherche et innovation, selon M. Akhannouch, qui a invité la communauté scientifique australienne à accompagner la transformation digitale du secteur agricole marocain dans les dix prochaines années.
Dans cette perspective, la délégation marocaine a effectué plusieurs visites dans des universités, des exploitations agricoles, des installations de logistique, des sociétés spécialisées dans les technologies de gestion des grands périmètres d'irrigation, et des sociétés spécialisées en technologies et systèmes d'aquaculture. Des visites suivies par une série de rencontres B2B et de networking avec des professionnels australiens.
Au cours de cette visite, il a été évident que « l'Australie offre un marché prometteur pour les opérateurs marocains dans le cadre de la stratégie du Royaume visant à diversifier ses partenaires commerciaux », a affirmé M. Omar Moro, président de la Fédération des Chambres marocaines de commerce, d'industrie et de services.
Le pays, fort d'une croissance soutenue depuis 26 ans, seul membre de l'OCDE à ne pas être entré en récession à la suite de la crise financière et affichant l'un des taux de croissance les plus élevés des pays développés, «constitue un marché à forte valeur ajoutée pour le Made in Morocco, mais nous devons améliorer la compétitivité de nos produits pour pénétrer ce marché très exigeant», a-t-il estimé.
La mission économique a été couronnée notamment par la signature d'un mémorandum d'entente entre la Chambre de commerce arabo-australienne et le Conseil d'affaires Maroc-Australie. Le but étant de raffermir les relations entre les deux entités et d'établir une communication permanente sur les opportunités économiques dans les deux pays.
Ce document s'inscrit dans le cadre de la vision du Maroc, qui «nourrit la volonté de s'ouvrir sur cette région du monde et se positionner ainsi dans l'Asie Pacifique", a soutenu M. Omar Jouahri, président du Conseil d'affaires Maroc-Australie, faisant savoir que les Australiens ont également une vision enthousiaste concernant les perspectives de leurs relations avec le Maroc.
La mission économique, qui s'est achevée mercredi par des rencontres officielles au siège du Parlement australien, a ainsi érigé un nouveau pont entre Rabat et Canberra et mis en avant les opportunités qui «ne concernent pas seulement les échanges commerciaux, mais peuvent faire de nos deux pays un vrai catalyseur pour une coopération plus poussée dans nos régions respectives», selon M. Birmingham.