Dans le cadre de la cooperation maroco-allemande, les entreprises allemandes offrent des technologies visant à améliorer l'efficacité énergétique dans le secteur industriel . Dieter Uh, conseiller technique principal à la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), nous livre plus de détails. - Finances News Hebdo : Dans quel cadre votre société contribue-t-elle à la coopération maroco-allemande ? - Dieter Uh : La coopération maroco-allemande existe depuis une cinquantaine d'années; nous avons commencé à travailler avec le Maroc en 1966 dans le secteur de l'agriculture. La GIZ (société allemande pour la coopération internationale) est l'agence de l'exécution de la coopération avec les pays en voie de développement. Nous dépendons du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, mais aussi du ministère de l'Environnement. Nous œuvrons aussi dans le cadre des projets de jumelage financés par l'Union européenne. Récemment, le ministre Douiri avait signé une convention de partenariat énergétique entre le Maroc et l'Allemagne qui va encore une fois renforcer les liens de coopération entre les deux pays, notamment pour ce qui est des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Il est clair que le Maroc a intérêt à s'équiper d'outils et de machines de hautes performances, mais surtout d'acquérir le savoir-faire. Une bonne partie de notre travail ici concerne la création et le développement des capacités, c'est principalement le rôle de la GIZ. Concrètement, le développement des capacités touche le plan institutionnel avec l'ADERRE (Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l'Efficacité Energétique). Notre but est d'aider cette agence nationale à structurer son organisation, mettre à niveau le personnel au sein de l'agence, c‘est-à-dire développer la capacité au niveau les ressources humaines dans les technologie innovantes. - F. N. H. : Quels sont les grands projets que vous accompagnez au Maroc ? - D. U. : Le Maroc a démarré avec les premiers parcs éoliens dans le Nord depuis des années et aujourd'hui c'est l'ONE qui gère le programme des éoliennes. C'est le modèle sur lequel nous travaillons, c'est-à-dire transférer le savoir-faire pour que les Marocains soient capables de le faire eux-mêmes. C'est pratiquement le même travail que nous effectuons avec MASEN. Dans ce cadre, nous réalisons des activités très concrètes comme la formation d'une semaine destinée aux professeurs universitaires marocains afin de multiplier le savoir et le transmettre via des formations spécialisées dans les master proposés dans les universités marocaines. - F. N. H. : Comment peut-on employer l'audit énergétique pour une meilleure efficacité énergétique ? - D. U. : L'efficacité énergétique est souvent liée à une modernisation de la production dans l'industrie. Par exemple, dans le cadre des grands programmes de logements lancés au Maroc, il faut introduire des indicateurs de performance énergétique afin de réduire la consommation dans les bâtiments neufs à l'avenir. Nous avons eu cette expérience en Allemagne dans les années 70 après le choc pétrolier, ce qui nous a permis de réduire la consommation énergétique par mètre carré grâce à une meilleure isolation et à l'installation d'équipements plus efficaces. De ce fait, il faut juste adapter notre expérience au modèle marocain parce que les défis ne sont pas les mêmes. Les ménages marocains n'ont pas de problèmes de chauffage étant donné le climat du Maroc mais c'est surtout sur ce qui touche à la climatisation et pour répondre à une demande croissante d'équipements électroménagers qui consomment beaucoup d'énergie, qu'il convient de se concentrer. Il faut donc sensibiliser les consommateurs et labéliser les équipements, notamment dans le résidentiel, pour que le consommateur soit conscient quand il achète, par exemple, un frigo si celui-ci est économique ou pas. En ce qui concerne l'industrie, il y a des entreprises qui consomment énormément d'énergie et par conséquent la facture coûte trop cher, mais ils en ignorent la cause. C'est évident puisque les entrepreneurs sont concentrés sur les marchés et la rentabilité de leurs investissements ... et négligent le côté énergétique. C'est dans ce sens qu'il faut offrir une aide aux industriels à travers l'accompagnement des bureaux d'ingénierie et la mise en place d'un cadre réglementaire afin de standardiser la qualité des outils.