Le secteur des équipementiers automobile offre des atouts de développement plus élargis. La vision de l'industrie automobile doit être inscrite dans le long terme. Eclairage de Hakim Abdelmoumen, président de l'Association marocaine pour l'industrie et le commerce automobile (Amica). - Finances News Hebdo : Qu'est-ce qui distingue l'édition 2012 d'Automotive Meetings Tanger_Med (AMT) ? - Hakim Abdelmoumen : Il faut noter que le secteur automobile est en train de monter en cadence. Cette industrie commence à exprimer de nouveaux besoins comme la fourniture de ses équipements. Il y a donc des besoins de rang 1, rang 2 et rang 3 que les sous-traitants peuvent combler et approvisionner les constructeurs en composants, en sous-ensembles et autres fournitures tant pour la maintenance que pour le service. Nous avons identifié beaucoup de potentialités et beaucoup d'opportunités dans ce secteur qui est actuellement ouvert à tous les autres métiers. C'est une activité transversale qui fait appel à tous les secteurs. Elle offre des atouts de développement très élargis et donne de la visibilité aux investisseurs. Sauf en période de crise importante, elle assure un potentiel d'affaires stable. - F. N. H. : Certes, le secteur est en croissance soutenue, mais il faut préciser qu'il y a des contraintes et des dysfonctionnements qui le perturbent. - H. A. : C'est un secteur technique, son accompagnement et son développement ne peuvent être orientés que vers le moyen et le long terme. On ne peut avoir une vision à courte terme. Question stratégie, l'objectif est d'aller progressivement. Il faut enclencher cette dynamique et préparer cet environnement autour du secteur tant pour les compétences que pour la formation, la sous-traitance, les métiers et les partenariats. L'objectif de l'Amica est de développer des industries à forte valeur ajoutée ancrées au Maroc, une chaîne de valeur intégrée localement afin d'être compétitif par la suite. - F. N. H. : Le soutien de l'Etat est-il suffisant et adéquat surtout face à la rude compétition avec les concurrents des professionnels marocains comme les Chinois et les Turcs ? - H.A. : Il est vrai que nous avons une concurrence à l'international, mais du moment que les organismes mettent en place les structures adaptées de management de ressources adéquates et la bonne vision stratégique à moyen et long termes, il n'y a pas de raison pour que les opérateurs marocains ne tirent pas leur épingle du jeu. - F. N. H. : Une fois que le secteur atteindra sa vitesse de croisière, pourrait-on assister à l'émergence d'un constructeur automobile national ? - H. A. : C'est pour cela que la vision de l'industrie automobile doit être inscrite dans le long terme. Aujourd'hui, nous sommes en train de développer des métiers où le Maroc dispose d'un avantage et d'atouts confirmés ; petit à petit, nous passerons à des métiers encore plus pointus. Autour de l'automobile, il y a plusieurs branches qui peuvent être développées et aussi des fonctions. A partir du moment où vous avez un secteur qui dispose des ingrédients nécessaires, la réussite suit. L'expérience du Maroc est prise comme exemple par les autres pays. Nous avons cherché des constructeurs et des investisseurs pour qu'ils viennent s'installer chez nous. Un jour, le Royaume sera convoité et d'autres firmes chercheront à créer des structures dans notre pays. - F. N. H. : Est-ce qu'il y a des équipementiers qui s'intéressent aux véhicules électriques ? - H. A. : C'est une niche en forte croissance et très soutenue par certains Etats. La voiture électrique dans le monde s'impose comme un relais de croissance. La filière de l'électronique du secteur auto présente de nombreux atouts et son développement doit se faire d'une manière globale. Cette branche d'activité bénéfice d'un intérêt particulier dans le cadre du Plan Emergence. Toutes les nouvelles fonctions de conduite intelligente de voiture, de navigation embarquée, de confort sont apportées par l'électronique. Des réflexions sont en cours au sein de l'Amica pour développer cette filière en partenariat avec des associations équivalentes en Europe. Fin octobre, l'Amica participera à une conférence en France pour entamer une réflexion dans la perspective de développer cette filière. - F. N. H. : Avec l'évolution du secteur, il serait opportun de faire passer le Tec Auto d'une période bisannuelle à une échéance annuelle ? - H. A. : Nous avons deux événements. Il y a Automotive Meetings Tanger-Med (AMT) que nous organisons cette année, les 22 et 23 novembre, et Tec Auto pour l'année prochaine. Chaque salon a ses spécificités et ses objectifs et les deux sont complémentaires. Avec le temps il est souhaitable d'avoir cette dynamique afin d'organiser les deux événements chaque année. Si le besoin s'impose, la décision sera étudiée avec tous les membres et les partenaires. - F. N. H. : Pour plus de rendement des différentes filières est-ce que la recherche et développement sera prise en compte ? Est-il opportun d'investir dans ce domaine ? - H. A. : Notre souhait est de développer des métiers avec de la valeur ajoutée dans le secteur de l'automobile. Si nous ne prenons pas en considération la recherche et le développement comme un levier de croissance, nous ne pourrons pas avoir une industrie de la sous-traitance compétitive et encore moins des métiers de l'automobile à partir du Maroc. L'innovation fait partie des programmes gouvernementaux. Au niveau de l'automobile cela fait partie des axes stratégiques de notre feuille de route. Il faut noter le développement des clusters accompagnés par l'administration et aussi des sociétés d'étude et d'ingénierie aussi bien en interne qu'en externe. Les marchés futurs se décident dans les bureaux d'ingénierie. Propos recueillis par Charaf Jaidani