Le boom des franchises au Maroc ces dernières années ne doit pas occulter les contraintes qui pèsent lourdement sur son développement. Les blocages administratifs et les contraintes de financement demeurent pointés du doigt par les franchisés. La première franchise installée au Maroc remonte à 1962 et concerne le transport touristique. Il s'agit de la société Scal qui, pour bénéficier de la notoriété américaine, s'est franchisée par le concept d'Avis, devenant ainsi Scal Avis. Un an plus tard, la franchise d'origine américaine Hertz s'est installée au Maroc dans le même secteur d'activité. Toutefois, c'est dans les années 90 que le Maroc a assisté à l'émergence d'autres franchises couvrant un éventail de secteurs de plus en plus large afin de répondre aux exigences d'un client dont les habitudes de consommation ont connu une importante évolution. C'est ainsi que la franchise a connu un changement du rythme d'évolution pour atteindre 6 créations par an. La franchise a certes connu ses lettres de noblesse dans certains secteurs, mais cela n'empêche qu'il y a eu également des échecs. Il s'agit de Nectar, Subway, Benetton, Dunkin Donuts... Ces échecs sont souvent le résultat de l'absence d'une bonne étude de marché pour adapter l'esprit du réseau au marché marocain. Par ailleurs, la réussite de la franchise dépend énormément de la rigueur dans l'application des principes de gestion et de promotion développés par le franchiseur. Les dernières statistiques dénotent que le nombre des réseaux de franchise est passé de 42 en 1997 à plus de 180 en 2004, dont 20 sont des concepts marocains. Parmi les dernières franchises au Maroc, Naf Naf figure en bonne position. «La transmission du savoir-faire qui constitue l'essence d'une franchise se concrétise chez Naf Naf dans toutes ses démarches en termes de marketing, de merchandising, y compris pour l'emplacement des produits dans le magasin», nous explique Hasnaa Kabbaj Idrissi, directrice Marketing de Naf Naf. «On bénéficie du soutien de la maison-mère dans le choix de nos produits. Ils savent ce qui est à la mode à l'étranger. Certes, Naf Naf a son designer propre, mais si par exemple les jupes gitanes sont à la mode, Naf Naf est obligée de produire des jupes gitanes mais avec une valeur ajoutée», renchérit-elle. Des écueils à éviter L'organisation, sous l'égide du ministère de l'Industrie et du Commerce, de la 4ème édition du Salon international de la franchise et du commerce en réseaux sous le thème «Vers le développement du concept marocain» confirme le choix et la volonté de ce département de promouvoir la franchise et encourager les investisseurs marocains, à développer des concepts, notamment dans les secteurs qui s'apprêtent à l'exportation. Mais, toujours est-il quen dépit du rôle que joue la franchise dans le développement économique et social, à travers notamment la modernisation du tissu commercial et sa contribution à la création demploi, elle se heurte toujours à des contraintes. Comme lexplique Hasnaa Kabbaj, «les contraintes sont essentiellement d'ordre administratif; nous ne sommes pas encouragés dans ce domaine». Par ailleurs, le financement constitue toujours une contrainte pour les franchisés. Cette réticence des banques à financer la franchise s'explique, primo, par le fait que l'intégration du droit d'entrée dans le programme d'investissement ne représente pas en soi une valeur intrinsèque et, partant, une garantie réelle. Secundo, outre le fait quil existe un lien très étroit entre l'enseigne, le matériel et les aménagements financés, le franchiseur a la possibilité de procéder à la résiliation du contrat et démunir le franchisé de son enseigne, principal garant de son fonds de commerce. A cet égard, dans la majorité des cas, il revient au franchisé le soin de rechercher et d'obtenir le financement nécessaire pour son installation tout en présentant un dossier bien ficelé et argumenté aux établissements financiers. «Il n'existe pas à ce jour de lignes de crédit spécifiques au franchising», explique Hasnaa Kabbaj. Un autre point mérite d'être cité : la grande majorité des enseignes implantées au Maroc est d'origine étrangère, alors que le Maroc est riche de concepts nationaux aptes à se développer en franchise et à s'exporter vers l'Europe. Ainsi, il serait intéressant, et à l'instar de ce qui se passe à l'étranger, notamment en Afrique du Sud qui compte aujourd'hui 650 franchises (dont 500 sont locales), de promouvoir le concept marocain et de l'appuyer dans son développement à l'échelle nationale et internationale. «La franchise augure d'un bel avenir dans un pays comme le Maroc parce qu'on ressent un changement des habitudes de consommation chez les Marocains», souligne H. Kabbaj. Mais encore faut-il que l'Administration huile la machine.