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Entretien avec son excellence Mohamed Masjid Jamee, ambassadeur d’Iran
Publié dans Finances news le 31 - 03 - 2005

• Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Iran sont limités et concernent plus particulièrement le phosphate et le pétrole. Mais, il y a une volonté commune des deux parties de renforcer ces échanges, malgré la distance qui les sépare.
• L’Iran, c’est un PIB de 478,2 milliards de dollars, un taux de croissance économique de 6,1% et un revenu annuel moyen par habitant de 7.000 dollars en 2003. • Iran / USA : « Les Américains veulent devenir «le grand observateur» non seulement pour l’Iran, mais pour n’importe quel autre pays». • Iran / Irak : « Les Irakiens sont nos voisins les plus proches. Nous avons plusieurs choses en commun : l’histoire, la culture et même l’art culinaire.
Finances News Hebdo : Comment évaluez-vous le degré de coopération économique entre le Royaume du Maroc et la République Islamique d’Iran et quels en sont les secteurs-clefs ?
Mohamed Masjid Jamee : Dans ce domaine, les deux importants facteurs sont le pétrole et le phosphate. Durant ces dernières années, nous avons acheté le phosphate et l’acide phosphorique du Maroc et lui avons vendu le pétrole. Après ma nomination, j’ai essayé d’institutionnaliser ces deux transactions pour arriver à un accord dans ce domaine. Maintenant, et selon un accord qui a été signé l’année dernière en Iran avec l’OCP, nous achètons l’acide phosphorique et le phosphate. En contrepartie, nous exportons au Maroc, et dans le cadre d’un autre accord avec la SAMIR, un million de barils de pétrole par mois.
Ces deux accords sont les plus importants éléments concernant notre relation économique. Toutefois, il existe d’autres possibilités. Par exemple, en 2004, la marine marchande iranienne a livré le phosphate et l’acide phosphorique à quelques pays dans notre région et voudrait élargir ces livraisons à d’autres pays.
Durant ces derniers mois, nous avons reçu une délégation de cette compagnie de navigation pour finaliser cette coopération.
Néanmoins, il existe bien sûr d’autres potentialités : vous avez de bonnes olives, de l’huile d’olive, un très bon artisanat et un très bon textile, (prêt-à-porter et chaussures) et je pense que le marché iranien serait intéressé par ces produits.
Par ailleurs, l’Iran a une expérience réussie dans les secteurs techniques et des services pour la construction des barrages, des routes, dans la production de l’électricité pour fabriquer des turbines électriques en utilisant le gaz et aussi la production de l’électricité hydraulique, en plus d’autres productions mécaniques comme les tracteurs, les motocycles... L’Iran est également connu pour ses fruits secs (les dattes, les pistaches les raisins secs). On peut dire la même chose des tapis industriel et artisanal.
F. N. H. : Les possibilités d’investissement au Maroc pourraient-elles intéresser les opérateurs iraniens ? Dans le même ordre d’idées, est-ce que «le produit Maroc» est bien promu en Iran ? En contrepartie, le marché iranien offre-t-il des chances sérieuses de croissance pour d’éventuels investissements marocains ?
M. M. J. : Je pense qu’il faut être réaliste. Il existe beaucoup d’avantages et autant d’inconvénients. Le fait que le Maroc soit très loin de l’Iran représente un inconvénient pour les deux parties. Il y a heureusement un système de navigation entre les deux pays mais qui ne livre pas les marchandises.
Dans ce cadre, il faut fournir davantage d’efforts pour développer les échanges commerciaux entre les deux pays.
En ce qui concerne l’investissement, plusieurs Iraniens investissent dans le Golfe persique. Actuellement, ils représentent plus de 4.650 sociétés, mais basées seulement à Dubaï, en Turquie et en Europe. C’est difficile de leur demander d’investir au Maroc à cause de la distance qui nous sépare et peut-être aussi en raison de la langue. En fait, je pense que le meilleur investissement reste celui qui est appuyé par le gouvernement, comme l’investissement dans l’accord commun des engrais que nous sommes en train de négocier avec l’OCP afin d’avoir deux différentes usines : l’une à Jorf Lasfar pour la production de l’acide phosphorique et l’autre en Iran pour la production de l’acide sulfurique et l’ammoniaque, d’un montant d’un demi-milliard de dollars.
Il y a aussi le projet de construire une compagnie pétrochimique dans le Royaume avec la SAMIR pour le marché marocain et pour l’exportation vers les pays de l’Afrique de l’Ouest et le Sud méditerranéen. Je suis persuadé que de tels investissements seront fructueux; mais, en même temps, nous sommes disposés à faciliter n’importe quel autre genre d’investissement.
F. N. H. : Nous aimerions savoir le degré d’adaptation de la législation iranienne aux exigences mondiales de l’ouverture des échanges ?
M. M. J. : C’est une question technique. Mais, brièvement, je peux vous dire que nous avons beaucoup œuvré ces dernières années en matière de législation en faveur d’un échange plus libre entre l’Iran et les autres pays. En réalité, après la Révolution, nous avons essayé d’établir une sorte d’autonomie économique en Iran et, par conséquent, notre législation était influencée par cette idée. Mais, aujourd’hui, la réalité économique nous oblige à nous adapter aux changements actuels.
F. N. H. : La place de l’économie iranienne dans les marchés asiatique et mondial reste très peu connue chez les économistes marocains. Pouvez-vous nous éclairer avec des chiffres sur les vraies potentialités de cette économie ?
M. M. J. : La place de l’Iran dans l’économie asiatique et mondiale est très liée à sa situation géographique, géopolitique, géoéconomique et aussi à ses ressources humaines (70 millions d’habitants). Par rapport à l’Asie et l’Europe, nous sommes au carrefour. À l’Est, on a le sub-continent avec plus d’un milliard et deux cents millions d’habitants. Au Nord, il y a le Caucase et les pays du centre asiatique et la mer Caspienne avec plusieurs ressources. À l’Ouest, c’est la Turquie et l’Union européenne, l’Irak et les pays arabes. Au Sud, c’est le Golfe persique et l’Océan Indien. Il est à signaler que le pétrole et le gaz sont les plus importants éléments qui déterminent le rôle de l’Iran dans le cadre international, régional et asiatique. Quant aux potentialités de l’économie iranienne, je vous donne ici quelques chiffres pour l’année 2003 : le PIB représente 478,2 milliards de dollars, le taux de croissance économique est de 6,1%, et le revenu annuel moyen par habitant est de 7.000 dollars. Les importations se chiffrent à 26 milliards de dollars et les exportations à 29,88 milliards.
F. N. H. : Sur le volet international, comment expliquer la pression de plus en plus forte exercée par les Etats-Unis sur l’Iran sous prétexte «des ambitions nucléaires» de Téhéran ? Se cache-t-il autre chose derrière cette pression ?
M. M. J. : Tout d’abord, je voudrais expliquer rapidement le mot «ambition». Le souhait de l’Iran n’est pas forcément de l’ambition. L’Iran voudrait avoir sa technologie nucléaire et, comme nous l’avons constamment répété, nous voulons une technologie nucléaire pacifique pour la production d’électricité et pour l’utiliser dans les domaines scientifique, médicale et celui de l’éducation. Selon les rapports de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, durant les années à venir, l’utilisation de l’énergie atomique est inévitable dans la production de l’électricité, surtout si on prend en considération le côté écologique.
Nous sommes membres de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique et l’Iran est signataire du Traité de Non-Prolifération Nucléaire. En cela, nous acceptons la vérification de n’importe quel site à n’importe quel moment par les experts de l’Agence et même sans préavis.
En effet, c’est un «droit» pour tous les pays et nous voudrions l’utiliser en donnant toutes les garanties à ces institutions qui en sont chargées.
Les Américains veulent devenir le patron du monde, et comme a dit George Orwell, il y a longtemps, ils veulent devenir «le grand observateur» non seulement pour l’Iran mais pour n’importe quel autre pays. C’est la vérité. De ce fait, l’Iran n’est pas le problème. Il est seulement un prétexte car les Américains n’aiment pas voir un pays indépendant qui vit selon sa manière, sa propre identité et ses principesde venir fort et indépendant.
Actuellement, l’Iran est au centre des préoccupations de l’Administration américaine. Mais, si l’Iran n’était pas dans cette situation, je suis sûr que la pression aurait été tournée vers d’autres pays qui veulent avoir une politique indépendante : la Chine, le Brésil, l’Europe et même quelques pays pro-américains en voie de développement.
F. N. H. : Qu’en est-il du rôle de l’Iran dans la résolution du conflit israélo-palestinien et celui de l’Irak ?
M. M. J. : Pour la première partie de votre question, en fin de compte, c’est un problème entre deux parties qui ils doivent le résoudre de manière bilatérale. Mais, pour résoudre un problème, il faut le faire dans le cadre de la justice. Nous sommes donc en faveur du souhait palestinien de recouvrer légalement ses droits dans le respect, afin de permettre aux réfugiés palestiniens de regagner leur pays natal et récupérer la terre qui leur a été extorquée par la force.
Quant à la deuxième partie de votre question, l’Irak est notre voisin, et durant les dernières décennies, nous avons accueilli plusieurs réfugiés en Iran et ils y vivent encore. Ils sont nos voisins les plus proches. Par conséquent, nous avons plusieurs choses en commun : l’histoire, la culture et même l’art culinaire. Nous étions conscients de leurs souffrances dans les années 60 et nous savons combien ils souffrent maintenant. Nous avons fait de notre mieux pour un Irak unifié et indépendant.
Depuis le début, nous étions contre l’occupation de l’Irak et étions pour les élections. Nous considérons que ces élections sont la première étape pour le départ du nouveau colonisateur. Dans tous les cas, nous considérons que la présence des troupes étrangères en Irak est la cause principale de l’instabilité de ce pays et donc elles doivent l’évacuer. Néanmoins, le gouvernement légal doit être au pouvoir pour gérer ce pays. Il est évident que l’Iran, comme les autres pays voisins, insiste sur l’intégrité de l’Irak et la continuation de l’identité nationale de ce pays.


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