Mustapha Bakkoury, le chef de file de la Stratégie nationale de développement durable, affiche sa confiance dans la réalisation de l'objectif de 42% en 2020 de capacités renouvelables dans le mix énergétique national. Le président du Directoire de l'Agence marocaine pour l'énergie durable fait le point sur les projets de 2018.
Le 26 janvier dernier, le Roi Mohammed VI présidait une séance de travail pour faire le point sur l'état d'avancement de la mise en oeuvre par Masen (Moroccan agency for sustainable energy) des plans de développement des énergies renouvelables du Royaume, ainsi qu'à l'évaluation de leurs différentes phases de réalisation. Quelques jours plus tard, après son grand oral devant le Souverain, Mustapha Bakkoury, le président du Directoire de Masen, et pilote de la stratégie des énergies renouvelables, tenait une séance d'échange conviviale avec la presse nationale. L'objectif était tant d'informer sur l'état d'avancement de la mise en oeuvre de l'écosystème marocain des énergies renouvelables, que de sensibiliser aux enjeux de ce sujet devenu stratégique pour le Maroc. Bakkoury a d'emblée assuré que l'objectif d'une capacité installée supérieure aux 6.000 MW escomptés en énergies renouvelables, provenant de sources éoliennes, solaires et hydrauliques, sera atteint, «voire même dépassé». Ce qui couvrira plus de 42% (34% en 2017) du mix énergétique de la production électrique.
Noor II opérationnelle en mai 2018, Noor III à l'automne
Passer de 34% en 2017 à plus de 42% en seulement trois ans semble réalisable, grâce notamment aux capacités additionnelles du plan solaire. En effet, après la station Noor I, la contribution du solaire au mix énergétique de la production électrique devra augmenter avec Noor II, dont les travaux seront achevés fin mars, avec une mise en exploitation entre avril et mai 2018. Noor II qui développe, comme Noor I, la technologie CSP (centrale solaire thermodynamique), aura une capacité de stockage de 7 à 8 heures, avec un prix du Kwh de 1,35 DH. Suivra la tour solaire Noor III, qui sera prête l'automne prochain (1,42 DH le Kwh), avec une meilleure performance en pourcentage de stockage par rapport à Noor II. Toujours à Ouarzazate, Noor IV sera développée en photovoltaïque sans capacité de stockage, mais avec un prix du Kwh défiant toute concurrence : (0,42 DH) et opérationnelle entre mai et juin 2018. En capacité installée, cela permettra au solaire de passer de 180 MW en 2017 à 827 MW en 2018. Pour les projets en cours qui contribueront à augmenter considérablement la capacité de production électrique, Bakkoury évoque Noor Midelt (capacité de 800 MW) qui en est au stade d'évaluation des offres techniques. Le responsable s'engage d'ailleurs à ce que cette évaluation s'achève d'ici fin février, afin de finaliser l'évaluation des offres financières d'ici le dernier trimestre 2018, pour un démarrage effectif des travaux d'ici la fin d'année. La centrale solaire de Tafilalet d'une capacité de 120 MW, est également dans le pipe. Sur le plan solaire toujours, Bakkoury souligne que les projets mentionnés seront renforcés par les extensions de Noor Lâayoune et Noor Boujdour, de même que par 4 autres nouveaux sites qui sont en cours de qualification. La contribution de l'éolien au mix énergétique n'est pas en reste, puisque la capacité installée passera de 870 à 1.207 MW sur la même période. Le président du Directoire de Masen a d'ailleurs annoncé la mise en exploitation, dès cette année, des projets de Midelt et de Taza. Concernant l'hydraulique enfin, la capacité installée passera de 1.769 à 1.780 MW en une année. Bakkoury a annoncé la mise en exploitation des centrales développées dans le cadre de la loi 13-09, pour des capacités avoisinant les 300 mégawatts. En 2019, Masen prévoit aussi un projet de repowering de la centrale de Koudia Al Baïda. ■
La stratégie permet des opportunités de développement économique «Nous avons à activer de nouvelles possibilités au niveau de notre économie, de notre agriculture, et du transport avec la mobilité électrique» : pour Mustapha Bakkoury, la stratégie des énergies renouvelables ne consiste pas uniquement à réaliser des objectifs, mais va bien au-delà. Le Maroc s'est inscrit en effet dans une nouvelle dynamique de développement. Ainsi, en évoquant avec lui les différentes stratégies qui versent dans ce sens, notamment la stratégie nationale de développement durable, Mustapha Bakkoury estime qu'en termes de démarches, il faut juste apporter de la cohérence, bâtir sur ce qui est réalisé et du pragmatisme. «Prenons l'exemple de Casablanca-Settat, nous avons plus de 600.000 points lumineux au niveau de la région, nous pouvons avoir une démarche pour optimiser cet éclairage et faire des investissements en énergie solaire, notamment dans les nouvelles zones à éclairer. Si nous extrapolons à tout le Maroc, nous dépassons les 1,5 million de points lumineux alimentés en énergies renouvelables. Voilà un secteur qui peut être rapidement approché pour avoir un meilleur éclairage public, créer des opportunités industrielles, et soulager la pointe électrique». C'est dire l'importance de créer des vases communicants entre les différentes stratégies pour asseoir la nouvelle politique du Maroc en matière de développement.